Festival Perche en Rock (Préaux-du-Perche) – 01.07.23

Quelques tentes dans un champ, peu de réseau, quelques vaches qui paissent tranquillement à proximité d’un corps de ferme isolé loin des grands axes … pas de doute, nous sommes bien à la campagne, plus précisément dans le Perche à proximité de Nogent-le-Rotrou, pour bien plus qu’une visite à la ferme. Ambiance fête de village, éclectisme, belles valeurs et musiques saturées sont au programme pour cette deuxième édition du festival Perche en Rock, événement convivial et familial au line-up de qualité.

En ce premier samedi de juillet, le temps semble idéal pour aller festivaler. Ici, à Préaux-du-Perche, les festivaliers peuvent profiter dès 16h de ce cadre bucolique : la grange haute accueillant la scène est décorée d’un plafond de fleurs et de plantes (œuvre de Jugoslav Spiroski, bénévole et artiste local) et s'ouvre sur les espaces extérieurs aménagés pour le confort du public avec des sièges, tables et autres braseros, au milieu d’un cercle d’échoppes éphémères. Des pizzas maison végétariennes, bentos frais, crêpes maison et bières et jus du cru sont proposés au public, qui peut également chiner sur une friperie éphémère tout en écoutant le DJ set de l’après-midi.

18h - Raphaël Reuche (théâtre)

 

Du théâtre en festival, c’est déjà une expérience particulière sur le papier, mais les premiers curieux arrivés tôt ne sont pas au bout de leurs surprises. Sans costume ni décor, Raphaël Reuche invite en effet le public à le suivre dans une déambulation à travers le site, dans le rôle d’un curieux « guide historique approximatif » du futur. La pseudo-conférence, entre absurde et surréalisme, emmène l’auditoire à travers une visite virtuelle reconstituant la vie à Préaux-du-Perche en 2023, soit 100 ans plus tôt. Avec une bonne dose d’improvisation et un humour décalé à toute épreuve, l’artiste déclenche l’hilarité parmi le petit groupe de spectateurs curieux qui en aura appris énormément sur l’anatomie, les chihuahuas, le transhumanisme, un certain ex-premier ministre, ou les attaques de bigoudènes.

19h - Pirate Machine

Seul à la guitare, le musicien qui prend place sur scène n’a de pirate que la chemise. D’abord uniquement en guitare-voix, Pirate Machine entame le set sur des tonalités folk-rock assez douces, poussant des hurlements de loup dans le refrain du morceau « Awoo ». L’artiste local va par la suite animer un peu le public pour l’instant clairsemé à l’aide d’une boîte à rythme placée sur sa guitare, sur quelques titres plus dynamiques aux fins légèrement abruptes. Il est encore un peu tôt et la plupart des visiteurs se restaurent ou déambulent sur le site, mais des applaudissements chaleureux viennent saluer la prestation du gentil pirate.

Juste après le set de Pirate Machine s'ouvre Le Radeau de la Ramasse, un stand d'animation aux allures de mini fête foraine, mêlant burlesque et épreuve de type Fort Boyard, pour le plus grand plaisir des festivaliers.

20h - Forehead

 

Avec quelques minutes de retard, voici que le combo Forehead vient réveiller sérieusement le festival avec ses compositions punk rock pleines d’énergie. Le quatuor, bien en place, a de l’entrain à revendre, et demande au public déjà bien nombreux mais un peu timide de se rapprocher. Quelques pogos se lancent, et le public se laisse emporter par le son bien énervé et les paroles bien engagées, interprétées par David, aux cris, au tambourin et également à la guitare sur certains morceaux. Les riffs de Jérôme se font incisifs, ce dernier prenant le micro pour des passages plus mélodiques. Mention spéciale pour le son du set, étonnamment bien équilibré (nous sommes dans une grange, on vous le rappelle!) et pour les lignes de basse assez irrésistibles. Même si le sympathique combo jette un regard sombre sur des problématiques sociales actuelles, c’est une atmosphère assez joyeuse qui anime Perche en Punk le temps du set des Havrais, qui a assurément marqué les esprits.

21h, l’affluence se fait clairement ressentir : le stand de pizza est déjà dévalisé, il n’y a plus de Nociolatta pour les crêpes (!), et le site grouille de monde. Un pic de fréquentation à 550 spectateurs, un record pour ce petit festival qui le mérite vraiment.

21h15 - Groove Bucket

 

Le trio qui arrive se présente en musique, en lançant un tour de chauffe sous forme d’une jam session très funky. Groove Bucket est un tout jeune groupe fondé il y a quelques mois par Antoine (guitare) et Sonia (chant / basse), tous les deux enseignants dans une école de musique toute proche, à Bellême, qui loue également sa sono à Perche en Rock. Le groove indéniable et le talent des musiciens attire la foule qui s’approche progressivement de la scène, séduite par l’atmosphère dansante du premier morceau.

L’ambiance monte d’un cran pour les titres suivants, car la setlist se révèle être un assortiment de compositions originales et d’un certain nombre de reprises à la sauce funk psychédélique de tubes de Lenny Kravitz, James Gang, Stevie Wonder, Alanis Morissette, ou encore Red Hot Chili Pepppers. On apprécie tout particulièrement "Where Did You Sleep Last Night" de Nirvana sur lequel la lourdeur des riffs fait des merveilles. Le groupe est passionné, le chant très bon, les soli et autres folies guitaristiques signées Antoine incroyables, et le public ne s’y trompe pas, chantant avec Sonia et dansant sous la grange.

22h45 - Grandma's Ashes

 

Le trio Grandma’s Ashes était très attendu, si l’on en croit la foule compacte qui se presse sous la grange désormais plongée dans l’obscurité. Il faut dire que le jeune combo de rock progressif gravit les échelons à un rythme effréné depuis 2021 et son premier EP, enchaînant les concerts cette année pour présenter son premier album This Too Shall Pass. De la scène d’un certain festival à Clisson deux semaines auparavant à celle de Perche en Rock, il n’y a qu’un pas, allègrement franchi par les trois musiciennes qui vont faire vibrer le public en délivrant un set intense et lourd. À la basse et au chant, Eva signe des lignes envoûtantes et impose un groove bien lourd que l’on retrouve dans les riffs bien sentis de Myriam qui arbore plusieurs guitares dont une flying V pour des soli bien sentis.

Les compositions sont servies par une rythmique complexe mais efficace imposée par l’impressionnante Edith, assez à l’aise derrière les fûts pour assurer de très beaux chœurs aux côtés de ses deux partenaires, sur des refrains plus aériens ou rythmés. Grandma’s Ashes embarque les festivaliers dans son univers singulier, en faisant chanter le public juste avant le climax de l’entêtant "Spring Harvest", ou en évoquant dans "Cassandra" l’avenir de la planète et ceux qui refusent d’écouter les alertes des Cassandres. Un ton engagé que l’on retrouve vers la fin du concert lorsque Eva et Myriam lèvent leurs instruments, dévoilant les inscriptions « More Women On Stage » et « No Abusers On Stage » : bravo, et merci ! Ces dernières viennent communier avec le public en jouant et dansant au beau milieu de la fosse pleine à craquer, pour le dernier titre irrésistible.

23h45 - Sophie (Danse Butoh)

 

Après le set enflammé des Grandma's Ashes, place à un intermède artistique d'une quinzaine de minutes avec la découverte du butoh, une forme de danse contemporaine japonaise intrigante, aussi appelée "danse des ténèbres", entre grâce et spasmes d'agonie. La présence étrange et fantomatique de la danseuse entièrement peinte en blanc, dont l'ombre s'élève sur le haut mur latéral de la grange, plonge le festival dans une ambiance solennelle quasi mystique.

00h15 - Liquid Bear

 

En visite à la campagne le temps d’un samedi, le quatuor parisien ne tarde pas pour débuter son set de clôture du festival. Le prog rock de Liquid Bear est groovy, lourd et teinté d’un fuzz tout psychédélique qui entraîne le public encore présent à bouger en rythme. Il y a quand même moins de monde que pour Grandma’s Ashes, mais il faut dire qu’il se fait tard et que la température a sérieusement chuté. Au chant et à la basse, Kostia se montre solide et très dynamique, tandis que l’imperturbable claviériste Gaspard vient accentuer le côté prog des compositions un peu folles par ses lignes psyché. Chaque morceau est ponctué d’impressionnants soli de guitare signés Ilya – dont certains à la fretless ("Closer to an End").

L’ensemble est terriblement efficace et entraînant, et les pas de danse se multiplient dans la fosse – les musiciennes de Grandma’s Ashes ne sont pas en reste d’ailleurs. Le groupe présente un titre joué pour la première fois ("Second Life"), et montre également que les mélanges audacieux ne lui font pas peur (le batteur Adrien mêle un toucher jazzy à de la double pédale sur "The Frog", au solo fou). L’ambiance se fait un peu plus sombre pour "Harry and Bart", tandis que le morceau bien stoner "The Bear" marque le retour de la guitare fretless pour un solo vraiment singulier.

Les couche-tard encore présents ovationnent le groupe, et voici déjà le moment des adieux. Les deux organisateurs du festival Adrien et Félix prennent la parole pour remercier le public mais surtout tous les bénévoles et artistes qui ont œuvré pour offrir aux festivaliers ces quelques heures de musique et de partage. On se donne bien sûr rendez-vous pour l’édition 2024 de Perche en Rock !

Crédit photos : Lionel Jusseret, Julie L, Zora Lajeanière. Toute reproduction interdite sans l'autorisation des photographes. 

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