Le 22 mars 2025, l’artiste audois Will Barber a dévoilé son nouveau titre « I Feel Alone », fruit d’une collaboration avec le chanteur et guitariste Fred Coux. Ce morceau empreint de mélancolie, chanté en duo, s’inscrit dans la veine folk blues authentique de l’artiste, entre confession intime et voyage musical. Le clip, tourné chez lui à Gruissan, face à la mer, est à l’image de sa musique : épurée, sincère et profondément enracinée. À quelques heures du concert de Will Barber mp dans le cadre du Défi Wind de Gruissan, on a eu l'occasion de réaliser une petite interview avec Will et Fred pour faire le point sur ce single... et bien plus encore !
Comment est née la collaboration entre vous deux sur le titre « I Feel Alone » ? De manière plus générale, comment s’est passée votre première rencontre ?
Will Barber : La première rencontre avec Fred, ça date. Ça fait un bon petit moment…
Fred Coux : 2017.
WB : On travaillait ensemble tous les deux et c'était vraiment top. Après, chacun a tracé sa route, et puis un jour, on s'est rappelé. Fred m’a demandé si j’avais sous le coude une petite balade ou un morceau atypique. De mon côté, j’étais en train de composer et je lui ai dit que je devais avoir ça. Là-dessus, Fred me dit que ce serait bien d’essayer de faire quelque chose en duo, un truc à deux voix. Je lui ai donc envoyé ce morceau.
En fait, c’est toi Fred qui a initié le truc ?
FC : En fait, on parlait entre autres choses de renouveau et quand tu es un artiste, il faut toujours présenter quelque chose à quelqu’un. On s’est donc demandé ce qu'il pourrait faire pour relancer un peu la machine. À ce moment-là, moi je pensais à de vieux morceaux à la façon des ballades comme « More Than Words » d’Extreme où il y a ces deux voix dans le clip.
WB : Il m’avait envoyé ce clip, en effet.
FC : J’ai donc proposé sur le ton de la rigolade de faire la deuxième voix sur le morceau de Will mais sans trop y croire. Et je lendemain, je reçois la composition…
Et ce morceau, Will, tu l’avais dans tes tiroirs ou tu l’as remanié suite à la proposition de Fred ?
WB : Je l’avais. Et puis ça collait avec Fred et à sa vision de retour aux sources. Je me suis vite aperçu que tout était dans ce morceau-là. On s’est donc vus pour chanter ensemble sur ce titre et c’était… parfait !
FC : Oui, la première répète chez Will a été impressionnante. Moi, je suis reparti de là avec une banane pas possible…
Et quand t’as reçu le morceau, Fred, tu l’as un peu retravaillé dans ton coin ?
FC : Non, car Will avait tout composé. J’ai simplement rajouté ma propre voix avec une tierce.
WB : Avec les voix, c’est toujours compliqué parce que parfois, ça ne matche pas. En plus on n’avait jamais chanté ensemble. Et puis, finalement, ça s’est très bien passé, de manière très fluide.
FC : C’était surprenant de voir que nos deux voix allaient super bien ensemble. Souvent, il faut s’adapter, s’ajuster pour qu’un duo fonctionne. Et là, tout s’est articulé de manière naturelle.
Et l’utilisation de la guitare douze cordes, c’était un choix particulier ?
WB : C’est son choix !
FC : Ça vient effectivement de moi, mais en même temps, on avait beaucoup parlé d’harmonique avec Will. On s’est dit qu’avoir deux guitares qui font la même chose, ça n’a pas une utilité énorme. On a réfléchi à ce qu’on pourrait faire (Will avait même pensé à rajouter des violons) et puis j’ai essayé de jouer avec ma douze cordes, et ça bien fonctionné. Nos deux guitares ont matché comme nos deux voix : c’était joli ! Ce morceau est beau à la base et tout a été agrémenté.
WB : On a vraiment deux voix à part et elles s’adaptent super bien…
FC : Ce qui n’est pas gagné d’avance, parce que ce n’est pas des voix standard et on ne les a pas travaillées pour chanter ensemble. On n’a pas fait d’effort…

Et quel a été le retour des fans ? Le clip a été vu des milliers de fois sur YouTube…
WB : Ça marche super bien. Les gens sont super ravis de ce single car c’est un véritable retour aux sources. Je suis revenu à ce que je faisais au tout début de ma carrière. J’ai eu parfois le sentiment de m’être un peu perdu dans ma musique, notamment lorsqu’on m’a demandé notamment de travailler avec un tel ou un tel. Même si ce n’était pas ma came, j’ai essayé ici et là de proposer des choses nouvelles. Mais quand ça ne marche pas ou quand tu ne sais pas faire, c’est que tu ne dois pas le faire !
Avec ce titre-là, c’est un retour aux sources et c’est ce qui plaît au public.
Il te faut un titre. Le retour aux sources, il est là.
Au niveau du live, quand Fred te rejoint sur scène pour jouer ce morceau, c’est un moment fort du set ?
WB : C’est un moment très attendu, parce que c’est le single qui vient d’arriver, qui marche super bien et que les gens ont envie d’écouter. Il est sorti il n’y a pas si longtemps, on l’a joué seulement deux fois en live.
FC : Will est hyper occupé et moi aussi. On n’a pas toujours trop le temps de se voir comme on voudrait dans les concerts…
WB : Mais quand on arrive à se retrouver et que Fred vient sur scène, la magie opère !
Le titre évoque une forme de solitude mais aussi d’apaisement. Qu’est-ce que ça raconte ?
WB : À la base, c’est une histoire d’amour. L’idée c’était d’essayer de revivre quelque chose de bon dans un contexte qui ne l’a pas été. C’est de reprendre un peu vie. Je trouve que le titre va super bien avec cette histoire-là. D’un point de vue personnel, j’ai perdu beaucoup de choses récemment, et là, avec ce duo, ce retour du public, ce retour aux sources dans ma musique, il y a comme un renouveau...
L’enregistrement s’est fait à Studio Sud, à Montpellier. Vous y avez passé combien de temps ?
FC : Une journée.
Une journée ?!
FC : Oui. On a parlé de faire ce titre début janvier et en février on était au studio pour l’enregistrer. On a répété qu’une fois chez Will puis on est arrivé au studio avec deux guitares et deux voix…
Quand vous êtes arrivés en studio, le morceau était déjà bien ficelé ?
FC : Oui mais c’est au studio qu’il est né.
Vous vous êtes laissé une marche de manœuvre pour improviser un peu ?
WB : On a chanté, on a refait des petites choses ici et là, mais tout coulait tellement de source qu’il n’y a pas eu grand-chose à faire…
FC : Ouais, tout s’est fait très naturellement, si bien qu’on a eu pas mal de temps en studio. On a fini plus tôt que prévu ! C’était Ben, l’ingé son de Will qui s’est chargé de l’enregistrement. Il connait bien Will et sait travailler avec lui.
Est-ce que le travail de Ben correspondait à vos attentes ? Est-ce qu’il a pu vous diriger ?
WB : Non. Il connaît très bien son métier, il connait mon son, il connait nos voix. Il appuie sur « Rec » puis on écoute ce qui a été enregistré et on sait d’entrée de jeu où il faut aller.
FC : On n’a même pas masterisé le morceau car il était bien tel quel. J’ai essayé de faire un master dessus, mais c’était moins vivant. C’était certes plus radiophonique, mais ce n’était plus notre morceau.
WB : On l’a donc laissé brut.
Le clip a été tourné à Gruissan. Pourquoi ici ?
WB : Parce qu’on est natifs d’ici. Et puis il y a tout ce qu’il faut ici pour faire des clips, c’est tellement beau. Et puis ça marque aussi le retour aux sources.
Ça a été fait ici, aux chalets, avec ce côté un peu sauvage. Il fallait faire le clip ici pour coller avec l’histoire qui va avec.
Au début, j’étais sceptique pour faire le clip ici. On avait initialement parlé d’une église car on voulait faire quelque chose d’intimiste. Et puis en y réfléchissant bien on a choisi Gruissan..
FC : Il y a tout qui matchait avec Gruissan. C’est le retour aux sources de Will. Moi, j’ai habité dans l’Aude à Narbonne puis en Ariège et je reviens maintenant vivre dans l’Aude. J’ai grandi ici, je venais ici en mobylette quand j’étais jeune. Tout colle !

Et au niveau de la réalisation du clip par l’équipe du Hublot, comment ça s’est passé ?
FC : Sur le vif. Le plus simplement du monde. Le Hublot c’est des gamins que je connais qui ont monté leur boîte et qui travaillent beaucoup en Ariège. Je les ai contactés pour leur parlé de l’histoire du morceau et leur faire écouter, ils sont devenus fans. Pourtant, ils ont 20/25 ans et ce n’est pas du tout leur genre de musique. Quand ils ont vu les chalets et l’environnement, ils ont fait des prises vidéo et ont été impressionnés par la beauté des images. Au final, sur ce clip, on a dû faire trois retouches à tout casser.
WB : C’était facile et simple.
FC : Le single est sorti le le 22 mars, le premier coup de téléphone pour initier la chose c’était mi-janvier. En deux mois, on a fait l’enregistrement studio et le clip.
WB : C’est rare que tout s’articule aussi bien. Les planètes étaient alignées. Il fallait que ça arrive…
Le clip est sobre et contemplatif. Qu’est-ce que vous vouliez transmettre visuellement ?
WB : Ce sont des retrouvailles. Il y a aussi un côté sauvage. L’histoire, on la joue tous les deux sur un lieu spécial aux Chalets…
FC : On ne triche pas, tout est vrai. On aurait pu mettre une fille dans le clip, faire un truc un peu bateau…
WB : On aurait pu marcher sur l’eau, aussi ! (rires) Il y avait mon chien Charlie en arrière-plan et au final on l’a laissé sur le clip.
FC : Les gamins du Hublot nous ont demandé si on voulait des prises de vues de nous en train de marcher tous les deux. Mais nous, on voulait jouer. On voulait chanter. Et il y a juste une scène où on bouge un peu lorsque Will fait son solo, mais pas plus. C’est très simple.
Et ce morceau est fidèle à vos influences respectives blues, folk, rock…
WB : On a la même culture. Sinon on ne se retrouverait pas là-dedans ! (rires)
FC : On est des bourrins à la base ! (rires) On est des metalleux. Will avait un groupe de metal, moi aussi. Puis on a fait du punk… Et puis tout a évolué avec des découvertes comme Ben Harper, notamment. La musique de Will est devenue d’une douceur hallucinante…
Est-ce que ce morceau a une résonance personnelle pour vous deux ?
WB : On a tous vécu quelque part ce que cette histoire raconte. Se sentir seul suite à la perte de l’amour d’une femme, de quelqu’un de sa famille. On essaye toujours de récupérer ce qui est cher… C’est un morceau de vie pour moi. Les gens le ressentent aussi.
FC : Pour moi, hormis les paroles, ce que je ressens c’est le lien très fort de notre amitié. Ça fait presque dix ans qu’on se connaît. C’est une belle histoire. Je suis toujours content de voir Will. On a passé du temps ensemble. On a eu des hauts et des débats dans notre relation, comme tout le monde. On n’a jamais perdu ce lien…
WB : Chaque fois que j’avais un souci, je l’appelais. Même si on ne se voyait plus parce que chacun avait pris sa route, il y avait toujours ce lien très fort entre nous. Et à chaque fois que je l’appelais ou qu’il m’appelait pour prendre des nouvelles, on parlait, on parlait, on parlait…
FC : J’ai toujours suivi ce que faisait Will. Dans ce milieu du business et de la musique, il y a beaucoup de requins. Il y a de tout et n’importe quoi. Il y a beaucoup de gens qui croient en autre chose que ce qu’ils sont. J’avais peur que Will se fasse influencer donc j’ai toujours été là pour lui. C’est vraiment un milieu assez bizarre - comme partout ailleurs - mais je dirais qu’il y a beaucoup d’imposteurs…

Vous vous entendez très bien. Vous avez sorti un morceau ultra rapidement et qui cartonne. Fred est souvent là pour les live, comme ce soir. Du coup, est-ce que ce morceau peut initier un projet commun à court, moyen ou long terme ?
FC : Je vais te dire, ce morceau, on n’y a pas pensé : il est venu comment ça. Donc pour un projet commun, on ne va pas le penser non plus. .
WB : Ça se fera ou ça se fera pas… Peut-être qu’on refera des choses mais rien n’est planifié…
FC : Quoiqu’il en soit, ça ne sera pas un manque. Si quelque chose doit se refaire à nouveau, il faut que ça se fasse comme ce morceau s’est fait. Il faut que ce soit un truc naturel.
WB : Peut-être qu’un jour, on pourra refaire un duo et faire des belles chansons ou bien chanter un album à deux. Ça peut être faisable. Il faut avoir le temps. Il faut que ça vienne naturellement.
FC : Il n’y a rien d’impossible mais on ne le prévoira pas, ça c’est sûr. En tout cas, si on reste là-dessus, moi je suis le plus heureux. Et il y a peu de chance qu’avec Will, on ne se voie plus un jour…
Qu’est-ce qu’on peut attendre de toi, Will, dans un premier temps ?
WB : Je travaille sur un troisième album. Il sera peut-être prêt pour septembre/octobre. Travailler en juillet/août sur un album, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux donc je vais peut-être y bosser dessus à fond en septembre pour une sortie en octobre.
Et toi Fred, tes actualités ?
FC : Moi, je bosse sur le festival des Voix Sonneuses Sud de France à Saverdun en Ariège. Il débutera en juillet, dans un mois. Ensuite, je gère mes artistes avec mon label 2k10, dont Will maintenant. Je cours partout et j’aime ça !
Ce soir c’est le grand soir, ici, à Gruissan. Qu’est-ce que ça appelle pour toi Will ? Est-ce qu’il va y avoir un stress particulier parce que tu joues devant ton public, ta famille ou au contraire tu es galvanisé ?
WB : Pas de stress, c’est juste un pur bonheur de revenir. Ça fait 4 ans que je n’ai pas rejoué à Gruissan. Il va se passer plein de choses, il y a tous les copains, il y a toutes les familles confondues… On va faire un beau spectacle, on va se régaler.
Tu abordes ce concert, comme un autre concert, ou y a-t-il une tonalité un peu spéciale ?
WB : C’est spécial. Je n’ai pas forcément la boule au ventre pour ce concert, mais j’ai cette petite appréhension de revoir tout le monde devant la scène. On n’a pas le temps de voir tout le monde, mais quand on va monter sur les planches et voir tous ces visages connus, la grosse émotion va arriver ! Il va se passer de bonnes choses…
Et toi Fred, tu seras comme un lion en cage en attendant de pouvoir rentrer dans l’arène… ?
FC : Moi, je me régale. J’ai la meilleure place. Je me régale, j’écoute un bon concert, je vois des amis qui s’amusent, et de temps en temps je vais les aider sur scène. Je suis juste heureux. Et puis il y a un truc particulier de jouer « I Feel Alone » en live à Gruissan ici sur la plage des Chalets.
WB : Il y a des surprises aussi, parce que tu ne vas pas faire que « I Feel Alone »…
FC : Oui, il y aura beaucoup d’autres surprises dont un morceau ce soir qui va scotcher du monde, c’est sûr. Ça va être beau…
