Vendredi 7 novembre 2025. Le Café du Commerce de la ville de Foix, en Ariège, est en pleine ébullition. Il faut dire que ce soir-là, le lieu n’a rien d’un bar ordinaire. En effet, la mezzanine du bistrot a été réaménagé pour l’occasion en une petite salle de concert, prête à accueillir une quarantaine de privilégiés venus assister à un moment rare : un concert intimiste de Will Barber, avec son ami et complice de toujours : Fred Coux.
Pour l’artiste audois c’est un concert « à la maison », ou presque, puisque ce bar du centre-ville est le repaire de Fred. Autant dire que tous les ingrédients sont réunis pour une soirée exceptionnelle, avec une saveur toute particulière, à la croisée de l’amitié et de la musique, du partage et du retour aux sources, comme il l’avait annoncé récemment. En effet, il y a quelques semaines, Will Barber avait décidé de surprendre son public avec un projet inédit : faire une tournée intimiste intitulée « Alone Chez Vous » parallèlement aux grandes scènes, pour renouer avec l’essence même de sa musique : le partage, la proximité et la sincérité en bandoulière.
Le moins que l’on puisse dire c’est que le cadre du Café du Commerce – qui n’est pas une salle de concert – est le lieu idéal pour l’artiste pour renouer avec une dimension plus humaine et spontanée de sa musique. Et c’est justement ce cadre-là qui a rendu l’expérience si singulière puisque le bar a pris des airs de petit club privé : déco bien pensée, guitares dans les coins et spectateurs (res)serrés autour d’un Will Barber en pleine forme.
Avant de monter sur scène, le chanteur/guitariste prend le temps d’échanger, de rire, de trinquer avec tout le monde. Fidèle à sa réputation, l’homme n’a pas la grosse tête et ne joue pas la star, il partage.
Une fois installé sur un plancher surélevé en guise de scène, assis au milieu de ses guitares et de ses amplis, Will Barber joue ses premières notes… et la magie opère. En un instant et quelques mesures, sa voix grave et puissante vient emplir la pièce d’un blues rock brut, chargé d’émotion et de sincérité. Alternant régulièrement entre sa guitare électro-acoustique et sa Weissenborn posée sur ses genoux, l’homme passe du blues au folk avec une aisance naturelle et revisite des classiques titres avec beaucoup de personnalité (« Personal Jesus », « Another Brick In The Wall », …). Et comme on pouvait s’y attendre dans ce cadre intimiste, Will Barber n’hésite pas à sortir des sentiers battus pour improviser et adapter ses morceaux en fonction de la réaction de l’audience de ce soir et ce, sans jamais perdre en intensité.
Ainsi, malgré quelques petits couacs - des cordes qui cassent, un micro qui grésille un peu -, le set respire la liberté et la spontanéité. Rien n’est figé et tout se joue dans l’instant, à la manière d’une discussion sincère entre un artiste et ses fans. À ce titre, au lieu d’utiliser sa grosse caisse, Will Barber demande de temps en temps au public de taper dans ses mains pour lui donner le rythme à suivre. Bien entendu, le tempo varie un peu parmi les spectateurs, obligeant ainsi le musicien à s'adapter. Mais c’est ce côté intimiste, sans artifice, qui fait la beauté du moment. Loin des grandes scènes et des festivals, les spectateurs ont ainsi conscience que ce set, où l’artiste est en résonnance avec ses ouailles, prend la forme d’une véritable parenthèse enchantée.
En seconde partie de soirée, Fred Coux rejoint son ami sur scène. Guitare douze cordes à la main, harmonica dans la poche, le taulier vient partager avec Will le désormais célèbre morceau « I Feel Alone », sorti en mars dernier. Les deux voix s’accordent à merveille, dans une version dépouillée, intense, presque fragile. On sent la complicité et l’amitié sincère entre les deux musiciens, forgées au fil des années.
À la surprise générale, Fred ne sort pas de scène après « I Feel Alone » comme il le fait d'habitude en tant que guest et reste sur les planches à la demande de Will. Le duo enchaîne alors quelques titres, parfois blues, parfois folk, dans une ambiance chaleureuse et décontractée. Du côté du public, on se prend au jeu, on tape du pied, on chante et on se laisse happer. C’est vivant, vrai, sans tricherie. De fait bien qu’il y ait quelques pains ici et là et que certaines improvisations ne sont pas toujours heureuses (« Sweet Dreams »), le set reste profondément humain et ô combien généreux à l’image de la reprise de « Jump » de Kriss Kross qui se termine sur l’outro énervée de « Killing In The Name » de Rage Against The Machine !
Au final, ce concert de Will Barber au Café du Commerce n’avait rien d’un show calibré mais il y avait l’essentiel : de la musique, des émotions et une proximité rare entre un artiste et ses fans. Dans la lignée de son projet “Alone Chez Vous”, Will Barber confirme son envie de revenir à une musique simple, partagée, authentique. Qu’il joue devant des milliers de personnes ou une poignée de privilégié, il reste le même : généreux, vrai, profondément humain.
Ce vendredi 7 novembre, à Foix, il n’y avait ni star ni public : juste une salle, des guitares et un moment suspendu. Magique.
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