Six Months Of Sun – And Water Flows

Une guitare, une basse et une batterie : élémentaire, simple et efficace sont autant d'adjectifs qui pourraient qualifier à première vue le trio genevois Six Months Of Sun, qui vient de nous soumettre leur nouvelle galette au nom joliment antagoniste : And Water Flows, par le label indie GPS Prod. Partagé en deux parties de quatre titres chacune, ce premier opus révèle bien deux faces différentes du groupe. La première, perceptible dès la première accroche, montre un trio martelant un rock brut, chauffé à un groove diabolique, alors que la seconde révèle une musique plus en relief, plus dessinée mais avec tout autant d'effluves stoner et sans jamais s’éloigner de la référence qui flotte en arrière fond tout au long de la galette: les Karma To Burn.

Il s'ouvre tout d'abord sur un rock garage et gras, avec « Electric Bones » faisant étalage du talent des musiciens et en particulier du bassiste. Puis se fait nettement plus violent avec l'arrivée de « Bearded Thunder » où batterie et guitares se déchaînent, avant que les trois suisses ne continuent sur la même lancée, à savoir rythmes fracassants, bruts mais pensés comme une progression, si bien que le changement de la deuxième à la troisième piste ne se fait presque pas sentir. Il vaut en effet mieux envisager cet album comme une continuité de sons sombres et percutants parfois légèrement adoucis (« Coyote Paranoia ») que comme un enchaînement de tubes relevant tous d'univers totalement différents. Les trois garçons se font plaisir, cela se sent à travers leurs riffs enflammés et l'acharnement rythmique, en proposant une musique aux antipodes de certains disques commerciaux et fades. Comme sur tout bon album de stoner qui se respecte, le feeling tient une place prépondérante.

Mais à les présenter de la sorte, vous vous imaginer sûrement les Six Months Of Sun tapant sur des bidons d'essence dans un garage miteux vêtus de chemises à carreaux : détrompez-vous. En effet, si la finesse ne saute pas aux yeux dans leurs compositions, en se familiarisant peu à peu à leur atmosphère, de petits détails parviennent jusqu'à nos oreilles et apportent avec eux une certaine richesse. Ainsi, à la première écoute la face B paraît plus travaillée que les quatre premières pistes, impression qui disparaît au fur et à mesure. De petites pépites comme l'enchaînement diablement soutenu à la batterie sur « Unstoppable Wheel » (qui n'est pas sans rappeler Travis Barker), l'envolée à la guitare présente sur « El Barbathor » ou encore comme l'effet électronique sur «Desert Whispers » apporté par la basse contribuent à diversifier le tout. Si l'on prête vraiment attention aux détails, cet album n'apparaît plus comme une longue démonstration de sons bourrus et répétitifs mais comme un dégradé de rock s'étalant du stoner au garage et s'affiliant même à l'occasion au heavy métal.

Six Months Of Sun

(Bon, ils sont bel et bien dans un garage mais il n'y a point trace de chemise à carreaux !)


Bien sûr, comme à propos de tout groupe instrumental, le reproche premier pourrait être l’absence de chant, ce qui pourra s'avérer rebutant à celles et ceux qui y verraient un obstacle à l'immersion nécessaire pour ressentir cette musique comme elle se doit. Pourtant, en regardant de plus près les titres des morceaux on se rend compte qu'ils collent vraiment à la musique, (Le rythme d' « Unstoppable Wheel » donne par exemple véritablement l'idée d'une machine irrémédiablement lancée), et puis l'imagination fait le reste. N'étant moi-même pas fan de rock instrumental j'ai cependant été emballée par ce groupe qui nous épargne des paroles niaises ou insipides tout en délivrant du son lourd et saturé.

Les Six Months Of Sun signent donc un album percutant et violent, mais devant surtout s'apprécier en live car il donne une réelle envie de se déchaîner et de découvrir l'énergie que l'on devine derrière ses rythmes aiguisés prenant au cœur, qui promet de faire couler de la sueur et de remuer nombre de têtes bien loin du réputé flegme suisse ! Ils ont d'ailleurs à leur actif un grand nombre de concerts surtout dans leur pays natal, où ils ont notamment côtoyé les Napalm Death au Rock Altitude Festival du Locle.

Et voici où se procurer And Water flows

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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