Santana – Corazon

Le retour d'une légende. Si Santana n'a jamais vraiment disparu, il s'est fait plus discret depuis les sorties de Supernatural (1999), énorme carton qui l'aura replacé sur le devant de la scène, et Shaman (2002) qui se contentait d'appliquer la même formule à la lettre ou presque, sans connaître le même succès que son prédécesseur. Ce diptyque voyait Carlos tenter (avec succès) de séduire un nouveau public en sortant des titres plus courts, plus accrocheurs, et en surfant allègrement sur la mode latino qui sévissait alors. Plus de 10 après, le voici qui sort de nouveau un album sur une major, avec gros barouf promotionnel et tout le tralala. L'idée est globalement la même : sortir des titres plus radiophoniques et emballer les jeunes. D'ores et déjà, les nostalgiques des plus grands classiques du guitariste peuvent repartir, ils ne retrouveront pas le magicien d'Abraxas et sa glorieuse période 1969 - 1976. Bien qu'ouvertement plus commercial, tâchons de ne pas brûler l'album avant même de l'avoir écouté.
 

 

Corazon souffle clairement le chaud et le froid. Dire ce genre de trucs, c'est un lieu commun, alors rentrons dans le détail. Tout commence très bien avec un beau trio de titres engageants : la guitare du maître a beau être un peu criarde sur "Saideira", le rythme enlevé, la mélodie enjouée et la pêche qui s'en dégage nous font entrer dans l'album sans problèmes. Le niveau monte encore d'un cran sur l'excellent "Mal Bicho", avec une mélodie d'enfer, toujours de la pêche, et un Sanatna qui s'éclate comme un petit fou sur sa six-cordes. L'album est encore une fois l'occasion de laisser le micro à un sacré panel d'invités, parmi lesquels Gloria Estefan, Los Fabulosos Cadillacs (qui ne sont sûrement pas étrangers à la réussite de "Mal Bicho"), mais aussi le rappeur Pitbull sur un remix sacrilège, honteux et surtout raté de "Oye Como Va". GROSSE faute de goût qui fait redescendre l'auditeur sur terre derechef.

Attention les oreilles, vous êtes prévenus !
 

Et comme si c'était pas assez, voilà Santana qui invite Ziggy Marley pour chanter à la place de son père (un certain Bob) son "Iron, Lion, Zion". Pas mauvaise en soi, la reprise n'apporte pas grand chose : la voix de Ziggy est très proche de celle de son illustre paternel, et à part quelques ajouts de gratte pas forcément transcendants, l'instru est bien trop proche de la version orginale pour justifier l'entreprise. Surtout, coller un titre aussi connu en plein milieu d'album (du moins sur la version deluxe) nous en fait sortir. N'aurait-il pas été plus judicieux de la mettre à la fin, ou en titre bonus ? 

 

Fort heureusement, le très bossa "Una Noches en Napoles" nous remet sur les bons rails avec une excellente guitare acoustique et une magnifique ambiance romantico-latino de premier ordre. Comme quoi même fatigués, les vieux lions peuvent avoir de beaux restes ! Et après le duo avec Gloria Estefan, fort agréable à l'écoute lui aussi, pourquoi ne pas placer un bon titre excessivement sucré et orienté FM ? Signe que cet album est définitivement branché sur courant alternatif, cette légère faute de goût est de nouveau suivie par une grande réussite, la ballade "Indy" étant particulièrement touchante et réussie... Et, vous commencez à comprendre le principe, est suivie par l'abominable "Feel it coming" qui aurait davantage sa place dans un bar du fin fond d'un état du sud des Etats-Unis, ou comme générique de fin d'un film bien-pensant sur le base-ball, avec embrassades familiales et grands sourires au ralenti. Heureusement que tout ça finit un peu mieux...

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Du coup, selon les attentes de chacun, le bilan peut s'avérer relativement négatif, avec quelques titres qui font sortir de lalbum, quand ils ne sont pas de pures hérésies (non mais ce remix, franchement). Personnellement, je dois avouer avoir été plutôt agréablement surpris. Si vous n'attendez plus rien du guitariste, certains titres ont largement ce qu'il faut pour vous surprendre. Non pas que Corazon fasse des miracles, renoue avec un glorieux passé ou au moins la constance de Supernatural, il n'en reste pas moins qu'il recèle de vraies réussites qu'on prendra grand plaisir à écouter... Pour peu qu'on ait une télécommande à portée de main permettant de zapper les écueils d'un disque qui reste en demi-teinte.

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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