Entretien avec Danny Cavanagh du groupe Anathema

C'est dans une chambre d'hôtel et presque dans son plus simple appareil que Danny Cavanagh m'acceuille. Bon, histoire de ne pas faire jaser dans les chaumières, le bonhomme était simplement en pyjama, visiblement un peu fatigué en ce début d'après-midi, mais sur le point de se requinquer avec un bon café. C'est donc autour d'un petit déjeuner au lit improvisé que commence l'entretien...

Le groupe a fait des sorties d’albums de plus en plus régulières ; peut-on dire qu’il y’a un regain de vitalité ?

Oui. Ça et un bon manager. On a eu du management depuis 2010. Ça fait une grosse différence quand quelqu’un s’occupe de négocier les contrats, cela aide à rester concentré. Ça a vraiment aidé. Et puis Kscope fait un bon travail pour nous et nous les apprécions, ce qui nous aide aussi. Ça et travailler avec Steven et rencontrer Christer, ils ont tous les deux collaboré au nouvel album.

As-tu autant apprécié cette nouvelle collaboration avec Christer (producteur et claviériste live sur la précédente tournée) que les précédentes ?

Oui, je pense qu’il est très bien pour nous, je veux dire, il travaille si dur ! il est vraiment dédié à la musique et on aime cette relation. Il est très positif et efficace en tant que producteur. Toutes nos idées passent par lui, on lui en parle systématiquement, de tout, de chaque note. Il est présent dès le début de l’écriture, même s’il ne compose pas les chansons, il reste très impliqué, un peu comme Georges Martin avec les Beatles ou bien Nigel Godrich avec Radiohead. Avec Steve (ndlr : Steven wilson), c’est différent, tu fais d’abord tout le travail d’enregistrement et ensuite seulement tu lui passe les titres pour qu’il mixe à sa superbe manière ; mais en ce qui concerne la production du début à la fin, Christer est vraiment la personne idéale.

Et est-ce lui qui a suggéré les beats electro ?

Non, c’était notre idée. Ces choses viennent du groupe, de John, Vincent et moi. On s’est dit : il est temps de passer le pas. On a vraiment essayé de faire en sorte que cet enregistrement soit connecté à l’époque. Et je pense qu’on continuera dans ce sens. Moi, j’ai bien aimé… Jusque là les réactions sont positives. Il y’aura nécessairement des râleurs sur youtube, comme toujours…

Et cette direction te plaît ?

Honnêtement, ce n’est pas le meilleur moment pour me demander si j’aime ou pas. J’aimais bien il y’a deux jours, mais et d’une je n’ai pas dormi depuis 24 heures et de deux, j’ai entendu une chanson de Coldplay la nuit dernière et je pense que c’est largement mieux que tout ce qu’on a fait ! (rires) je me suis dit « merde, faut qu’on fasse un nouvel album tout de suite ! »

Et toujours à propos de Christer, part-il en tournée avec vous cette fois ?

Non. Il est trop occupé par son travail de production et sa famille.

 

J’aimerais parler de la pochette, rouge et noire. Elle très différente de Weather Systems, bleue et claire, était-ce une manière de s’en démarquer ?

Inconsciemment, peut-être. On a trouvé cette pochette si facilement. On n’avait rien à la base. Et un soir, j’ai fait une recherche sur le net en entrant le titre de l’album, Distant Satellites. Je n’ai pas eu grand-chose, alors j’ai tapé "distant light". Sur la première page se trouvait la photo. Je suis donc tombé sur le site de ce photographe new yorkais, et on a regardé son travail. Ca parlait beaucoup à John, il faut se mettre en tête que c’est lui qui a écrit la chanson "Distant Satellites", c’est lui qui a trouvé le titre. Moi et John avons donc décidé de le contacter. Quatre heures plus tard, le même soir, le type nous a répondu qu’il était intéressé par le projet ; il a demandé à écouter la musique ; et a finalement accepté qu’on utilise sa photo. Un clic et un mail, c’est tout ce qu’il a fallu.

Les deux albums ont des intros assez similaires…

Oui, le parallèle semble évident. C’était intentionnel, mais c’était aussi une bonne manière d’ouvrir l’album. Ce n’est pas nécessairement le titre le plus catchy de l’album ; et ça l’est moins qu’"untouchables"...

C’est un peu moins épique.

Oui, c’est un peu moins épique. C’est plus étrange, avec un rythme spécial, c’est aussi plus risqué. Je me suis basé aussi sur la réaction de Christer qui la trouvait même meilleure qu’"Untouchables" (je ne suis pas sûr de le rejoindre là-dessus), donc je me suit dit que c’était ok.

Je trouve "Dusk" vraiment entrainante.

Oui, je pense que la mélodie est assez forte, on pourrait la comparer à "Gathering of the clouds", mais en plus réussie. Il y’a une belle performance vocale et de très bonnes paroles. Je ne suis néanmoins pas pleinement satisfait du son, mais bon, ça n’est que moi. Mes chansons préférées sur l’album sont vraiment les pistes 4 et 5, ou peut-être 8, 9 et 10 ! (rires) Oui bon, presque tout l’album. Je pense que les fans apprécieront les trois premiers titres, mais pour ma part, je pense que l’album démarre vraiment à la 4.

En général, le ton de l’album est plus mélancolique.

C’est ce que dit Vincent, et Jamie. Je ne l’ai pas entendu, je n’y pensais pas mais j’imagine que c’est le cas.

Je trouve que le chant a un côté un peu cœur brisé…

Tu as un exemple ?

Je ne me souviens plus de la chanson, mais je crois que ça parlait d’un amour impossible, à moins d’avoir tout compris de travers !

Hmm… C’est peut-être la deux. (Il en chante un extrait). C’est plus quelque chose de générationnel. Un peu comme des parents disparus qui parlent à leurs enfants et qui leur disent de continuer à vivre et de ne pas avoir peur ; et aussi de ce que l’on dirait à nos enfants si nous n’étions plus de ce monde. C’est la communication spirituelle entre les générations.

Et il y a ces deux voix…

Nous avons deux chanteurs, ce qui nous ouvre une gamme assez considérable. Et ils sont supers. Notre son a évolué au fil des années, surtout au niveau de la production ; et il continuera d’évoluer jusqu’ à la fin. La seule chose qui fera le lien sera notre marque de fabrique qu’est l’honnêteté et l’émotion, peu importe le genre.

 

 

 Vous avez sorti un dvd live se déroulant en Bulgarie avec un orchestre symphonique, comment s’est déroulée cette expérience ?

J’ai aimé. Tout le monde était nerveux, parce qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. Même moi qui suis plutôt détendu avant un concert étais nerveux. Au deuxième morceau, je n’avais pas grand-chose à faire, j’ai pu regarder un peu autour de moi et j’ai consciemment fait le choix de profiter de ce concert plutôt que de me prendre la tête en pensant aux erreurs que je pourrais faire. Et c’était un super concert.

Et vous pensez refaire quelque chose de similaire ?

J’aimerais bien. Plutôt dans un studio, comme un live session Abbey Road, j’aimerais le faire de cette manière.

Ce serait plus compliqué ?

Non, ce serait bien plus simple en studio. Tout le monde peut s’entendre proprement, et on peut séparer les sons plus facilement.

 


 

Vous avez tourné avec le groupe HIM aux Etats-Unis ?

Oui, c’était en mars. C’était bien, l’album était en train d’être mixé en Europe ; on y travaillait via internet lorsque nous étions à Chicago. Christer nous envoyait des mp3 par email et nous lui faisions des commentaires. C’est parce que nous avons confiance en Christer et Steven que nous avons pu fonctionner ainsi. La tournée avec Him était une bonne expérience, il y’avait du bon son et un bon public, les gars de Him ont été vraiment sympas avec nous, je me suis bien amusé. C’était un challenge de capter l’attention d’un public qui ne nous connaissait pas et de faire en sorte qu’ils se souviennent de nous après le concert.

Vous pensez faire d’autres dates aux états-unis ?

Oui, ça arrivera. Même si l’Amérique n’est pas un pays parfait, je ne peux pas m’empêcher de l’aimer.

Et l’internet, justement, le piratage et la chute des ventes de disques, qu’en penses-tu ?

Je n’ai pas d’opinion. Tout ce que je peux dire, c’est que je suis accro à l’Iphone, toute ma musique est sur l’Icloud, je n’achète plus de CD vu que je suis toujours en déplacement.

C’est marrant, en général les musiciens restent attachés au solide…

Pas moi. Plus maintenant. Et ça a changé ma façon d’écouter de la musique, je ne lis plus les paroles des chansons, et je fais souvent autre chose comme jouer à un jeu vidéo, me balader ou consulter mes emails.

Et peut-être que grâce à internet tu as pu découvrir de nouveaux groupes.

C’est possible. Après, j’utilise surtout internet pour le travail ou rester en contact avec ma famille, je ne suis pas trop sur les réseaux sociaux et je ne pense pas découvrir beaucoup de nouvelles choses au niveau de la musique. Je me dis depuis longtemps que dès que j’aurai un peu d’argent de coté, je claquerai un millier de livres sur Itunes. Je dépense déjà beaucoup d’argent là dedans, je suis incapable de télécharger quoi que ce soit. Je ne saurais même pas comment faire. Je n’utilise pas Spotify, je pense qu’ils plument les artistes.

Quels sont tes projets ?

Je ne planifie pas trop, sauf pour les albums où on se met à réfléchir au moins un an à l’avance. J’attends le début de la tournée avec impatience ; notamment parce qu’on aura un manager de scène. Et j’en suis très heureux car je sais que chaque soir, tout sera parfaitement préparé. Néanmoins, je ne pense pas trop au futur, particulièrement quand je suis en tournée. Les gens me demandent si je suis impatient de jouer aux Etats-Unis, mais je ne l’appréhende pas de cette façon. Je voyage si souvent que j’ai fini par oublier les frontières. Alors, je vis plus au jour le jour tout en profitant des spécificités que m’offre chaque pays.

C’était la dernière question, merci !

Merci beaucoup ! (en français dans le texte)

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