Ian Anderson – Homo Erraticus

Le fameux flûtiste de Jethro Tull revient en petite forme.


Thick As A Brick 2 était mauvais. A peu près autant que les films en "2" : Speed 2, Taken 2, Jurassic Park 2, d'indigentes suites dont le but avoué a demi-mot a toujours été de cachetonner sur une franchise couronnée de succès. Si la conception, 40 ans plus tard, d'une suite à donner à cette pierre angulaire du rock progressif qu'est Thick As A Brick, premier du nom et chef d'oeuvre de Jethro Tull, relevait d'une authentique motivation artistique, alors voici qui ne rassure pas quant à l'évolution du jugement de ce bon Ian Anderson sur la qualité de ses productions musicales. Après cet évident échec, l'Ecossais aux airs du joueur de flûte de Hamelin n'a pourtant pas tardé à se manifester de nouveau : Homo Erraticus, son sixième album, met de nouveau en scène son héros de fiction, Gerald Bostock, dans un opus marqué par un concept fort : en un peu plus de 50 minutes le bonhomme nous propose sa vision de l'histoire britannique, ancienne et contemporaine, et se risque à quelques prédictions plutôt savoureuses. Dommage que cet opus ne soit qu'un gros plein de vide.
 


L'audace, ainsi, se retrouve essentiellement dans les textes, bien plus que dans la musique, à la fois bien plus conventionnelle et bien moins expérimentale que ces albums-cultes de Jethro Tull dont on garde encore un souvenir ému. L'aspect progressif de la musique se retrouve parfois dans quelques répétitions de motifs (celui du morceau introductif "Doggerland" notamment, repris sur "The Browning of the Green"), mais l'ensemble adopte une structure assez rigide, les morceaux ne dépassant que rarement les 4 minutes, chacun ayant une existence et un univers indépendant des autres. Pour la mise en place d'ambiances, pourtant un des points forts de l'artiste, il faudra repasser.

Le bon point réside essentiellement dans le fait que le père Ian Anderson a décidé de muscler son jeu, bien plus que sur ses réalisations les plus récentes. Les guitares se font présentes, mordantes, et ne sont pas avares en riff qui fonctionnent et vont droit au but ("The Turnpike Inn"). D'ailleurs, les guitares se font si rugueuses, à peine polies par la production, que le présence semble parfois incongrues dans les atmosphères plus doucereuses apportées par la flûte virtuose du bonhomme et des nappes de claviers ostensibles. Le mariage fonctionne, mais partiellement. C'est particulièrement évident sur l'enjoué "The engineer", qui mêle distorsion, flûte et accordéon dans un maëlstrom mélodique désorganisé et dénué d'intérêt.

Les moments véritablement marquants se font relativement rares, et quasiment absents d'une deuxième partie d'album handicapée par la présence de passages narratifs sur lesquels la voix de Ian Anderson ne dégage aucun charisme, aucune envie d'entrer dans la danse et de s'investir dans l'album. Il faut se contenter de prendre l'album pour ce qu'il est, une collection à peine déguisée de titres folk-rock à l'intérêt limité, et s'accrocher aux quelques mélodies qui en valent vraiment la peine : celle de "The Pax Britannica", à la fois épique et entraînante, celle délicate de "In for a Pound", et ses ambiances médiévales, ou encore celle de "Enter The Uninvited", tribale et dotée d'ambiances proches d'un Aqualung.


A peine meilleur que Thick As A Brick 2, Homo Erraticus est, très probablement, l'album de 2014 qui rappellera la bonne époque du folk-rock 70's aux nostalgiques, de par son thème, sa construction, sa narration. Reste néanmoins un album faible duquel peinent à se dégager quelques bonnes idées, malheureusement peu mises en valeur. C'est une ambiance de vide qui se dégage étrangement de cet opus qui, à part les mordus du bonhomme, ne devrait pas accrocher grand monde.

Tracklist : 
1. Doggerland
2. Heavy Metals
3. Enter The Uninvited
4. Puer Ferox Adventus
5. Meliora Sequamur
6. The Turnpike Inn
7. The Engineer
8. The Pax Britannica
9. Tripudium Ad Bellum
10. After These Wars
11. New Blood, Old Veins
12. In For A Pound
13. The Browning of the Green
14. Per Errationes Ad Astra
15. Cold Dead Reckoning

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NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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