- Mais qui sont ces cinq jeunots qui n’ont même pas vingt balais ?
- La valeur n’attend pas le nombre des années, mec… Tu sais Angus Young avait quatorze ans quand il a commencé à bosser avec AC/DC…
- Ouais, c’est pas faux… D’ailleurs, on sent bien qu’ils en ont bouffé du AC/DC les mecs sur scène…
Les mecs sur scène comme le dit mon pertinent voisin, ce sont les Scores. Nous sommes à l’Empreinte, chouette salle de concert de Savigny (77) et cinq gars sont en train de produire une prestation des plus correctes. Raison suffisante à mes yeux pour s’intéresser à leur récente production studio, un EP 4 titres intitulé On The Road.
D’entrée, on sent bien qu’on a affaire à des gars bercés au vrai rock, dur, costaud. Du boogie blues très énervé… La filiation avec le géant des frères Young saute aux yeux mais on retrouve aussi d’autres sources piochées elles-aussi chez les grands du hard rock.
Premier morceau "On The Road" et d’entrée une intro guitare façon AC/DC agrémentée d’un son de moto rappelant le "Motorcyle Man" de Saxon. Voila les bases posées. Scores propose du bon rock sauvage. La voix pour le coup n’est pas celle de Bon Scott ni celle de Biff Byford et se place d’un point de vue plus punk rock que metal. On y trouve des relents de Johnny Rotten.
Les solos chauds sentent bon le humbucker Gibson et des descentes sur les ponts prouvent une culture des harmoniques façon Guns 'N' Roses. Pour un premier morceau, il me semble qu’on a cité déjà de belles références.
Avec "Hammer Of Life", on ressent encore en fermant les yeux Angus Young qui ouvre sur un riff puissant et roboratif et Phil Rudd qui fait sonner sa cymbale : "Tss Tss Tss, Tss, Tss, Tss…" façon "That’s The Way I Want My Rock ‘n’ Roll"… Et merde, je m’égare, c’est pas le nouveau AC/DC… Pourtant l’intro de ce "Hammer Of Life" s’en rapproche jusqu’à ce que le chanteur de Scores nous rappelle que c’est de leur premier effort 4 titres dont on cause. Les solos sont sans fioritures et laissent une marge de progression que les Scores ne manqueront pas d’acquérir en se rodant aux joutes de la scène. Pour rappel, ils sont encore tous des teenagers plein d’espoir.
Avec "Love In Hell", on pense à "For Those About To Rock". Pour moi la voix se place dans un registre Sex Pistols ou Clash avec quelques influences grunge parfois même metal. L’anglais "scolaire" donne une touche punk à l’édifice mais risque parfois de lasser un peu le client. Erreur de jeunesse très certainement perfectible.
Pour clôturer la fête, "Come Back To The Grave" propose un gros son typé Guns ‘N’ Roses période "Nightrain". On sent que le gratteux aime bien "l’homme au haut de forme". Le morceau comporte un pont plus lent qui peut faire penser à des digressions chères à Iron Maiden sur des titres comme "Rime Of The Ancient Mariner" puis on repart de plus belle à coups de solos remplis de wah wah. Pas mal du tout.
Pour les fans d’AC/DC bien évidemment, il y a Airbourne qui reprend le flambeau mais il ne faut pas négliger la relève française. Scores se place sur le créneau autrefois trusté par les hommes de Bernie Bonvoisin et Norbert Krief sans toutefois proposer au chant au chant un ersatz de feu Bon Scott ou de Brian Johnson. Le groupe a digéré plusieurs sources différentes pour nous proposer un premier effort intéressant bien ancré dans le rock énervé. Pour moi, c’est du gros rock qui tient la route. Allez on peut lâcher le terme hard rock. Du blues énervé quoi… Mais bien fait… Il ne nous reste plus qu’à souhaiter bonne route à ces Scores pour s’étoffer encore un peu avant de livrer un premier album complet. En attendant, après avoir écumé les bars de Seine et Marne, ils se frottent de plus en plus régulièrement aux joutes de la capitale… A l’occase, passez les voir. Ca devrait vous permettre de patienter avant la tournée des 40 ans d’AC/DC…
