TRANSATLANTIC – Elysée-Montmartre, Paris, 19/05/2010

Putain 10 ans ! Enfin pas tout à fait. Mais la dernière livraison studio de TRANSATLANTIC remonte quand même à 2001 ! Autant dire que tous les fans de rock progressif se sont mis au garde à vous quand les 4 musiciens ont finalement trouvé un créneau dans leurs emplois du temps respectifs et ont annoncé bosser sur un nouvel album. Pour les néophytes et étourdis, rappelons que le groupe est constitué de Neal Morse (claviers/chant quand il est sage, ex SPOCK'S BEARD), Pete Trewavas (basse/choeurs, MARILLION), Roine Stolt (guitare/chant, THE FLOWER KINGS) et Mike Portnoy (batterie/choeurs, DREAM THEATER). Et histoire de pas s'ennuyer, les 4 compères ont décidé de sortir rien moins qu'un pavé de 77 minutes constitué d'un seul et même morceau, the Whirlwind.

Sur album, ce gros bébé est tout de même découpé en 12 pistes histoire de faciliter son approche. Moins accrocheur que son prédécesseur (mais "Bridge Across Forever" étant un monument dans son style, était-il possible de le surpasser ?), l'album reste de haute volée pour peu qu'on fasse l'effort d'en faire le tour, ce qui n'est pas une mince affaire. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, la tournée passe par l'Elysée-Montmartre de Paris en ce mercredi 19 mai. Vu la régularité de leurs apparitions, autant dire qu'il vaut mieux ne pas les rater.

C'est donc sans grande surprise que l'on constate que la salle est remplie, peut-être pas complètement sold-out, mais pleine à n'en pas douter. L'ouverture des portes a lieu tôt, aucune première partie annoncée, on peut donc s'attendre à un long concert. Les lumières s'éteignent, et comme on pouvait s'y attendre, TRANSATLANTIC commence son set avec "Whirlwind", soit si vous avez suivi un morceau de 77 minutes. Moins accrocheur sur album, voir les musiciens interpréter  cette symphonie progressive avec une aisance déconcertante a de quoi laisser bouche bée. Le dispositif scénique est le même que lors de leurs dernières apparitions, Neal Morse sur une estrade à droite de la scène, Mike Portnoy sur sa propre estrade à gauche, son kit de batterie de profil par rapport au public, Roine Stolt et Pete Trewavas au milieu.

N'oublions pas l'invité spécial, Daniel Gildenlöw, chanteur guitariste de PAIN OF SALVATION, qui accompagne TRANSATLANTIC en tournée comme en 2001. Véritable homme à tout faire (guitare électrique/acoustique, claviers, percus, samples, oeufs au plat, tours de magie), Daniel est visiblement ravi d'être là. Moins effacé que lors de sa précédente apparition avec les 4 fantastiques (faut dire qu'il a fait du chemin depuis), il n'hésitera pas à venir sur le devant de la scène de temps à autres, tout en restant discret pour laisser la vedette aux membres permanents. Ses interventions s'incluent désormais pleinement dans l'ensemble et enrichissent considérablement la trame sonore. Un gentleman ultra-talentueux et ultra-modeste, sa position un poil ingrate ne l'empêchant pas de se donner à fond, sautant comme un cabri, headbangant comme un possédé, la banane, tapant des clins d'oeil à ses partenaires dès que l'occasion se présente, Gildenlöw fait le show et apporte un vrai plus à la performance du soir.

Quand aux sus-cités membres permanents, c'est un peu la fête des claques... Difficile de savoir où donner de la tête. Impossible de ne pas se laisser emporter par un tourbillon de musique sous peine de rester totalement étranger à ce qui se passe. Portnoy est une pieuvre, mais ça tout le monde le sait. Trewavas, déjà excellent de feeling et d'inventivité dans MARILLION, profite de l'énergie de la musique de TRANSATLANTIC pour sa lâcher et montrer qu'il est capable de bien plus que ce qu'il a l'habitude de montrer. Martyrisant sa 4 cordes sans relâche, capable de toutes les excentricités possibles et imaginables ou presque, il tient largement la dragée haute à son homologue batteur.

Roine Stolt est un gentleman anglais très classe, plus sobre que ses camarades, ce qui ne l'empêche pas de délivrer se superbes solos tout en finesse. Sa voix, légèrement différente de celle de Neal Morse, enrichit le spectre sonore et permet un panel d'émotions d'une grande richesse. Quand à Neal Morse... L'extraterrestre, le psychopathe, possédé du début à la fin, sa conversion au christianisme il y a plusieurs années maintenant n'est pour rien dans le fait qu'on le sent investi d'une force, d'une aura, d'une conviction telle dans son art qu'elle en devient presque palpable. Au bout de 77 minutes de bonheur, le public explose et ovationne le quintet, qui ne l'a pas volé.

Une première pause plus tard, et c'est parti pour "All of the Above" issu du premier album, soit un petit pavé de plus de 30 minutes (rien que ça) à l'issue duquel Portnoy balance "ça va ? ça fait 2 heures qu'on est là et on a joué 2 morceaux !". Un petit "We all need some light" derrière, qui permet de calmer le jeu (et Neal Morse de jouer de la guitare lap-steel comme un dieu, normal), puis vient "duel with the devil", autre longue pièce issue de "bridge across forever". A se demander si ces mecs-là sont humains. Et tout ce qu'il y a de plus simples avec ça ! La frime est exclue. Nouvelle ovation et nouvelle pause. C'est donc le moment des "rappels", qui démarrent vite avec la ballade "bridge across forever", interprété par Morse et Stolt en duo. Magnifique morceau qui permet de reprendre son souffle avant "Stranger in your soul", 30 minutes au compteur, qui achève les plus courageux.

Le final voit Morse, déchaîné, passer à la batterie. Portnoy, qui cède son siège pendant que les deux continuent de jouer, décide alors de s'amuser, slamme sur le public, stoppe ses petits camarades et fait mine de s'énerver contre un spectateur qui lui aurait peloté le cul, puis annonce vouloir chanter un petit truc. Morse, toujours lui, s'en fiche : "1,2,3" et c'est reparti. 1-0. Portnoy, décidé à pousser la chansonnette, l'arrête une nouvelle fois dans la bonne humeur générale et invite Daniel Gildenlöw pour un duo improvisé sur une chanson de cul stupide que votre serviteur ne reconnaît pas. Daniel se souvient difficilement des paroles mais, beau joueur, ne se débine pas. Et bim, ça repart, (et Le père Morse envoie la purée !), Portnoy retourne jouer, nouveau changement de siège entre les deux tout en jouant, Neal Morse cavale vers ses claviers avant que tout ce beau monde ne termine ce titre qui marque la fin de la soirée.

Un peu dur vers la fin, la complexité de cette musique rend l'écoute exténuante sur le long terme, mais que dire sur une telle générosité (3h de concert, boum !), une telle performance, le répertoire, l'état d'esprit impeccable ? Pas de doute, ces 4 là se sont trouvés et ont donné naissance au plus grand monstre du rock progressif des années 90., à tel point qu'on se demande s'ils ne feraient pas mieux de se concentrer sur ce projet et délaisser un peu plus leurs formations d'origine. Pointue et exigeante, la musique de TRANSATLANTIC s'avère pasionnante pour peu que l'on se laisse emporter.  Et dire qu'il faudra peut-être 10 ans de plus pour revivre ça... Report fleuve pour un concert fleuve d'un mastodonte. Grand, grand bravo à cette bande d'allumés pour leur talent et leur magie. Et vivement la suite !

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