Main Square Festival à  Arras (4-5-6.07.2014)

Pour fêter ses dix ans, le Main Square Festival s'est ouvert à tous les genres, sans exception. Après une journée consacrée au metal le jeudi, la Citadelle d'Arras a accueilli les grands des musiques actuelles, de l'icone pop Stromae jusqu'à la dubstep de Skrllex en passant par les incontournables du rock : The Black Keys, Franz Ferdinand, Foals, MGMT... quitte à délaisser les squatteurs des festivals cet été (Skip The Use, Shaka Ponk, FAUVE...). Record d'affluence malgré tout : 135 000 festivaliers sur les quatre jours, malgré la pluie qui aurait pu gâcher cette grande fête.


Photos : Elise Schipman. Tous droits réservés.

La journée du vendredi commence avec du rock à l'ancienne, joué par le trio belge Triggerfinger. Malgré une mise en scène minimaliste, le groupe fait grimper l'ambiance en quelques titres. "Nous sommes déjà venu il y a trois ans", rappelle le chanteur avant de remarquer que "ça fait chaud par ici !" Les trois musiciens, un poil écrasés par l'immense espace de la Main Stage, ont chacun droit à leur moment de solo pour gagner les faveurs du public. "We want more ladies and gentlemen, mooore !!" scandent-ils en réclamant le "cri de fête" du public.
 

Pendant ce temps, un phénomène étrange envahit la Greenroom. Twenty One Pilot se révèle être un boys band qui mixe le hip-hop avec des refrains rock totalement épiques. Les groupies sont au rendez-vous pour prendre en photo leurs idoles et chanter en choeur "Holding On To You" et "Car Radio". Malgré tout, le duo se montre plus "rock" sur scène que d'autres têtes d'affiches qui suivront. Les deux musiciens portent des masques différents au cours du concert. Le chanteur n'hésite pas à escalader l'installation de la Greenroom, tandis que le batteur installe une batterie sur le public.
 

Tiggerfinger (Elise Schipman)

C'est ensuite l'heure de la plus grosse exclu du festival. Ils ne font pas la tête d'affiche, mais le succès d'Imagine Dragons n'est plus confidentiel depuis quelques mois. Il s'agit aujourd'hui de leur unique venue en France cet été. Avec les multiples percussions sur scène, le groupe américain occupe tout l'espace qui leur est accordé. Le guitariste, toujours en avant, voit passer le chanteur qui court dans tous les sens, et s'arrête de temps en temps pour faire rugir les percussions. Une pause avant "It's Time" : "Nous avons créé cette chanson il y a 5 ans, en débutant dans une cuisine de Las Vegas." Le chanteur arrose la foule avec sa bouteille d'eau. À ce moment, il n'a pas conscience que la pluie le remplacera pendant une bonne partie du festival. "Je suis très excité de voir les concerts des Blacks Keys" lance-t-il naïvement avant un "We love you France !" Le concert s'achève sur le tubesque "Radioactive" repris en choeur par le public, dans une version allongée avec un sacré solo final, qui fait son effet.

C'est l'heure de Franz Ferdinand, qui va droit au but. Dès l'entrée des musiciens sur scène, l'ambiance est brûlante. Pas de cérémonie, pas d'introduction, mais directement le dernier single : "Right Action", efficace, conclu par un "Merci Arras !" Tout s'enchaîne très vite, sans temps mort. Le chanteur grimpe sur l'ampli du guitariste, qui le remplace au micro quelques instants. Beaucoup d'interactions avec le public, très receptif. Le groupe déroule tube sur tube, dans un show tout de même millimétré qui ne laisse aucune place à l'impro musicale ni à la communication. Des préservatifs gonflés viennent apporter un peu de fantaisie au-dessus de la foule. Le groupe fait s'assoir le public, le guitariste s'allonge avec son instrument, et fini d'enflammer la Main Stage avec "This Fire".
 

Imagine Dragons (Elise Schipman)

 

C'est au tour des mythiques Black Keys, tête d'affiche de la journée. À l'image de Franz Ferdinand, le duo (accompagnés de quelques acolytes la plupart du temps) balance un set pré-reglé à la seconde. Les écrans affichent régulièrement un "no signal" qui gâche la retransmission du live. Un jeu de guitare impeccable, un son nickel mais le regret d'assister à un concert totalement formaté. Même sur "Lonely Boy", le plus gros succès du groupe, le public n'est pas invité à chanter en choeur, la version colle exactement à l'album. Vingt minutes avant l'heure annoncée, le groupe quitte la scène. Pensant qu'il ne s'agit pas d'un rappel, la foule siffle le groupe et des centaines de spectateurs s'enfuient voir Woodkid de l'autre côté. Finalement, le groupe rapplique cinq minutes plus tard pour deux titres supplémentaires.
 

À ce moment, Woodkid orchestre son ciné-concert sur la Greenroom. Avec ses visuels noir et blanc, qui n'ont rien à envier aux plus beaux courts-métrages, il fédère le public avec sa pop cinématographique. L'éternelle casquette visée sur le crâne et ses mythiques tatouages de clé sur les avant-bras", Yoann Lemoine peut compter sur d'inombrables percussionnistes, clavieristes et autres pour habiller sa voix grave. Il termine son set par deux grands succès : "Iron" et "Run Boy Run", pour laisser place aux têtes d'affiche electro de la soirée, Paul Kalkbrenner et Disclosure.


Arsenal (Elise Schipman)


Après un vendredi miraculé, la pluie pointe le bout de nez samedi, en début d'après-midi, et décide de s'installer par intermittence jusqu'à la fin du festival. Pas de quoi inquiéter le frenchy Yodelice ni Arsenal, avec sa pop ultra efficace comme "Beautiful Love" et ses multiples guests sur scène.
 

C'est l'heure du beau gosse John Butler, en trio pour sa tournée. Au programme, pluie, banjo et quelques joins qui tournent. Malgré le climat peu clément, le public est réceptif aux mélodies complexes du guitariste-chanteur, qui n'hésite pas à se lancer dans quelques solos déstructurés en fin de morceau. Habitué à jouer seul, John Butler bénéficie cet après-midi d'une basse très présente pour dynamiser son set. Il arrive que les musiciens quittent la scène, le temps d'une ballade acoustique. L'occasion de profiter des magnifiques arpèges et d'apercevoir sur grand écran les (très) longs ongles (faux?) du guitariste. Sur "Ocean", titre phare, John Butler empile les rythmes et mélodies enregistrés sur une pédale. Le morceau dure 10 minutes, même pas trop long pour le public qui tape spontanément des mains et acclame lourdement l'artiste à la fin. Grosse ambiance également sur le titre suivant, "Zerba", sans doute le plus connu. Il réquisitionne le public. "Vous voulez chanter ? C'est un morceau qui est génial quand on chante ensemble. Et si on chante tous, ça sera énorme vous allez voir." Un excellent concert, sûrement un des meilleurs depuis le début du festival.


John Butler Trio (Elise Schipman)

 
Retour de bâton avec les très attendus MGMT, qui a sans doute fait une paire de déçus. La pluie n'excusera pas la mollesse du concert et l'absence totale de communication avec le public. Les visuels psychédéliques projetés sont d'une laideur sans nom, on voit beaucoup de spectateurs rejoindre la Greenroom durant le concert. Ceux qui pensaient découvrir une flopée de tubes à la "Time to Pretend" et "Kids"  découvrent une discographie très expérimentale, anti-pop (mais ça, ce n'est pas nouveau). Ces deux singles mythiques sauveront à peine l'ambiance du concert, par leur impressionnant manque de pêche comparé aux versions studio.

C'est l'heure de la grande messe, la venue du messie Stromae qui aura permis au festival de vendre tous les billets du samedi. 40 000 personnes sont alors entassées devant la Main Stage pour apercevoir le phénomène dont tout le monde parle. Il faut reconnaître que le belge a une capacité fédératrice impressionnante, et qu'il ne s'est pas reposé sur ses lauriers. Avec ses quatres musiciens, il propose des versions alternatives à tous ses titres et déroule des animations travaillées, comme cette armée qui se métamorphose sur "Humain à L'Eau". En plus de ça, Stromae fait preuve d'une grande sympathie et d'humilité, entre ses blagues et ses écarts sur des rythmes des années 80. Evidemment, il n'aura même pas besoin de demander pour que ses tubes "Papaoutai", "Alors on danse" et bien sûr "Formidable" soient repris par cette chorale de 40 000 personnes.

Alors que la popstar de l'année termine son set, Foals enflamme la Greenroom. Soirée complète oblige, on se rend compte que le passage entre les deux scènes, bien que trois fois plus grand qu'auparavant, reste trop étroit pour accéder à la Greenroom en moins de 30 minutes. A l'aide de lasers, de slams dans le public avec ou sans guitare, et l'immense énergie qu'on leur connait, Foals offre un rock déjanté ponctué du doux "Spanish Sahara", un de leurs succès.
 

MGMT (Elise Schipman)


Dimanche, c'est le déluge jusqu'à 18 heures. Les Keziah Jones, Nina Nesbitt et autre James Arthur déroulent leur set devant un festival de parapluies, dévoilant quelques visages le temps d'une éclaircie. A l'heure de Girls in Hawaii, la Greenroom (rebaptisée Mudroom) est devenue un immense champ de boue. Pourtant, la fosse est sacrément remplie pour accueillir le groupe de rock belge. Heureuse coincidence lorsque le soleil revient aux notes de "Sun of the Sons". Le public est ravi, le chanteur entonne alors le single de leur retour, "Not Dead", dans un vieux téléphone. Puis il se rapproche du public, malgré son cable jack trop court pour atteindre les premiers rangs. Entre deux titres, il raconte sa vie : "Vous avez les pieds au secs ?" demande-t-il en évoquant la fameuse boue du Dour Festival, où ils allaient durant leur adolescence. Concernant le Main Square, "On a vu Pearl Jam ici avec un pote y'a 4/5 ans. Les autres du groupe détestent, mais moi j'aime bien." Le groupe dégage une réelle sympathie, on devine une grosse fanbase au rendez-vous cette après-midi pour reprendre en choeur les refrains.
 

Pendant ce temps-là, le controversé Bertrant Cantat remonte sur scène avec son nouveau groupe Détroit. Acclamé par la foule,"Droit dans le soleil" ouvre le concert. Des musiciens rejoignent le duo acoustique pour d'autres ballades ("Ma muse"), puis des titres plus électriques comme "Le creux de ta main", qu'on croit sorti d'un vieux disque de Noir Désir. D'ailleurs, lorsque le groupe ressort des placards "Lazy", le public ne semble pas reconnaître. Bertrand Cantat est en forme, il saute, va à la rencontre de son public, jongle entre la guitare et l'harmonica... puis lance un appel à l'aide aux intermittents, et quelques insultes aux "salauds qui nous gouvernent". Pour finir son set, le groupe ressucite le fameux "Tostaky" de Noir Désir dans une version longue et une ambiance déchaînée.


Girls in Hawaii (Elise Schipman)


Alors que la terre tremble encore des pogos sur "Tostaky", London Grammar entre en scène devant une fosse pleine à craquer. Premier titre, le single "Hey Now". L'ambiance est à l'image de la musique : très calme, tout dans la contemplation. La chanteuse Hanna Reid, avec ses airs de Lana Del Ray, reste en retrait tout en déployant sa voix angélique. Le claviériste prendra timidement la parole pour remercier le public en français et préciser qu'il s'agit de leur première venue ici. Surprise pour les non-inités : leur douce reprise de "Nightcall", le tube du film Drive.

Dernier set rock du festival : -M-. Le fils Chedid déroule un show à l'américaine et enchaîne tube sur tube : "Je dis Aime", "En tête à tête", "Onde sensuelle"... Difficile de cerner le personnage qui alterne entre la rencontre au plus près du public et ses solos interminables qui n'amusent que son guitariste. L'ambiance est pourtant au rendez-vous, on ne pourra pas nier le charisme de l'homme aux grandes lunettes. De même, David Guetta aura le mérite d'en mettre plein la vue dans une ambiance déchaînée. Tout le monde ne vient pas en festival pour se délecter de subtiles mélodies.
 

London Grammar (Elise Schipman)
 

Pour ses 10 ans, le Main Square aura proposé une affiche plus ecclectique que jamais, avec des têtes d'affiches pour tous les goûts. Un parti pris qui décevra peut-être les fans de rock habitués du festival, mais qui a clairement boosté les ventes de tickets cette année. Par contre, la Citadelle d'Arras commence à être trop petite pour accueillir tant de monde. L'année dernière, un responsable nous confiait avoir l'idée de trouver un nouveau lieu pour les prochaines éditions. Affaire à suivre l'année prochaine...

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