Zenzile – Berlin

Après nous avoir pondu une perle d’électro dub avec Electric Soul, Zenzile nous revient avec un album instrumental de rock. Pas de traces de reggae, ce qui explique que la chronique ne se retrouve pas dans les pages de nos collègues adeptes du skank. On savait le panel d’influences des angevins très vaste, en voici une nouvelle démonstration avec ce qui est à la base une nouvelle bande originale du documentaire « Berlin, la symphonie d’une grande ville » de Walther Ruttman, film muet sorti en 1927 (l'album, lui, sortira le 27 octobre prochain). « Documentaire » ne sied d’ailleurs pas exactement au métrage, dont l’ambition était de montrer l’activité d’une grande métropole en utilisant le montage d’une manière très avant-gardiste pour l’époque. Lou Reed, Bowie, Iggy Pop, la liste des artistes à s’être inspiré de la capitale allemande est déjà longue, et c’est au tour des angevins de poser leur pierre à l’édifice.


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L’album tient donc de la bande originale, et le groupe projette d’ailleurs les vidéos du film de Ruttman en concert (voir les extraits ci-dessous). A ce titre, cette nouvelle production est d’ores et déjà une franche réussite. La vie trépidante symbolisée par l’arrivée du train en ville, le côté paisible de la vie des bourgeois (le piano apaisant de « Die Bourgeoisie »), l’activité des usines et du travail des ouvriers, la tranquillité des parcs et des spectacles qui s’y déroulent (« Die Freizeit »)… Le groupe donne une interprétation très personnelle et parfaitement cohérente, qui accompagnent magnifiquement des images qui datent de près d’un siècle. Mais le véritable tour de frce de l’histoire, c’est bien sûr que plus qu’une simple bande originale, Zenzile a réussi un superbe album qui se suffit à lui-même.

Musicalement, le groupe s’inspire clairement des années 70, notamment de la scène allemande de l’époque (Tangerine Dream, Neu !), qui a inspiré le post-punk anglais (avec lequel les passerelles vers le reggae sont plus qu’évidentes). C’est donc vers un nouveau pan de ses racines que le quintet s’est dirigé, dans un virage à 180° depuis son précédent disque, qui, s’il rebutera éventuellement les amateurs de reggae purs, ravira sans peine les amateurs de rock, de progressif à l’ancienne, et plus largement les amateurs de musique libre, qui se moque des formats et des frontières, et qui à n’en pas douter constituent la majeure partie du public du groupe. Pink Floyd copule tranquillement avec Jethro Tull, tandis que la durée des compos se fait variable, tantôt très courte, tantôt plus longue, comme sur ces excellentes 8 minutes de « Der Verkehr », qui commence tranquillement avant qu’un riff de basse ne vienne véritablement lancer l’ambiance sur laquelle le saxophone fait merveille. Seule la musique compte.

Quand autant d’intelligence, de savoir-faire et de sensibilité sont mises au service de la musique, le résultat ne peut être que bon; il est ici magistral. Berlin est à n’en pas douter de ces grands disques, de ces réussites éclatantes qui, à l’instar des albums de Sikala, de Stamp ou d’Exivious, peuvent redonner ses lettres de noblesse à la musique dite populaire, en parvenant à conjuguer passé et futur sans jamais oublier le groove de l’instant présent. Décrire chaque titre est superflu tant l’album est un voyage, expression galvaudée mais tellement juste quand comme ici, l’auditeur se laisse bercer par un maelstrom d’émotions le long d’un disque d’une cohérence impressionnante. Chapeau bas messieurs, vous venez de donner une leçon de rock et plus largement de créativité dont on ne peut une fois de plus que ressortir pantois. Inutile de dire que les prochains « ciné-concerts », comme Zenzile se plaît à les appeler, sont des rendez-vous obligatoires pour tous les amoureux de musique au sens large.

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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