Muse – Drones

Effectivement, ça vole au dessus de nos têtes. Le nouvel album de Muse, Drones nous décolle les pieds du sol. Sans doute un des plus soignés et aboutis du groupe. Peut-être parce qu’ils ont lâché les commandes pour les filer à Matt Lange, pointure dans son domaine.

Chaque son est placé, on ne pouvait pas mieux gérer le volume et le placement des pistes associées les unes aux autres. Instru’, voix, tout suit des rails de grand 8, surprenant d’une seconde à l’autre avec des échos, des sons électro qui traversent la cervelle… Un conseil, écoutez-le au casque, ça dresse les poils.

Dès le premier titre, « Dead Inside », on parcourt un monde surréaliste où l’humanité semble s’éteindre. La tierce vient retentir comme pour nous dire « attention les gars, réveillez-vous ! Reprenez possession de vos corps et de vos esprits ». Les envolées vocales de m’sieur Bellamy plongent avant d’entamer leur ascension. Et ce manège est accentué par la tierce qui chope la même courbe un cran au-dessus. Synchronisation parfaite.

La piste 2 (sans musique) annonce la 3ème et évoque le contexte, le thème de l’album. Elle dénonce l’autorité, l’ordre, les règles, les armées et leurs « oui chef ! » répétés en boucle de façon psychotique. Les grosses guitares sortent, ça sature, ça gueule, ça larsen, ça chauffe les médiators à en faire péter les cordes et à s'en fouler le poignet droit ! Le morceau se termine sur un alien (ou plutôt, un humain aliéné) qui prendrait la fuite pour rejoindre la lumière au bout du tunnel en se cognant contre les murs.

« Mercy » démarre sur des notes plus pop, on secoue la tête en rythme, gentiment, jusqu’à se laisser envahir vers 1’00’’ par un torrent de voix puissantes et un son rond aux drums plus détendues. Plénitude. Eux crient « Miséricorde », nous on a juste envie de le prononcer à la française : « merci ».
Avis aux détracteurs du groupe : oui ils ont fait des choses hyper commerciales, ok leur succès a parfois été un peu exagéré comparés à d’autres groupes de l’ombre bien plus méritants, mais quand on écoute ce titre, on comprend. Ils en ont sous le pied. Il y a une réelle envie, une recherche, une expérimentation. Comme de petits chimistes avec leurs tubes colorés et leurs précipités.

Alors bien sûr, eux aussi doivent être influencés par beaucoup d’autres. D’où le nom du groupe, non ?

L’intro de « Reapers » nous inspire immédiatement le passage clé de « Aerodynamic » des Daft Punk (celui qu’on entend à la sortie de boîte dans L’Auberge Espagnole). La suite, clairement, c’est du métal. Electronique par endroit mais bien hard quand-même. On imagine un Matthew devenu chevelu, bougeant sur scène pendant la phase clonique d’une crise épileptique. On a presque envie d’hurler « KILLING IN THE NAME OF !!! » à 2’30’’.

« The Handler » et « Defector » passent le temps en voiture. Pas des titres révolutionnaires, mais ils complètent bien l’unité de cet album qui nous raconte une histoire. Et pour clore ce 8ème morceau, les notes hyper aigües de gratte simuleraient presque le son fantôme d’un thérémine.
Entre les deux, un extrait du discours de Kennedy sur « l’esprit humain, la liberté et l’indépendance ». Et hop, c’est à ce moment là que le groupe se « Revolt » et que l’histoire bascule.

Muse drones 2015 eyes

Les sirènes de police retentissent. On s’attend à une course poursuite ou à un carnage, à une ambiance un peu sombre peut-être et pourtant, le reste du titre a des accents plutôt positifs et des riffs pêchus voire solaires. On se libère de cette aliénation pesante sur la première partie du disque. On passe à autre chose, l’humain reprend le dessus. Si seulement…

Le frisson de l’album, c’est lui : « Aftermath ». Cette fois il y a bien des fantômes, c’est certain, on les entend. Le sanglophone de Giant Jack (réf. : Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, Mathias Malzieu) aurait pu les enregistrer ! Des nappes planent, la voix grince dans la gorge de Bellamy, les arpèges de guitare colorent le ciel de rose et de pastels, la ligne de basse vient surprendre à partir des 2 minutes, mise en avant façon Red Hot, mélodieuse… Ce ne sont plus les chœurs qui répondent au chanteur mais l’inverse.

Et l’averse ? L’averse a lieu sur la piste suivante, « The Globalist ». Les gouttes de pluie dégraissent le sol. Ca siffle. Ca songe. Quand tout à coup, la rythmique change (une première fois). On pense à « Child in Time » de Deep Purple, écrite en plein guerre du Viêt Nam et à ses percu’ façon « tambours ». Le morceau dépasse d’ailleurs (lui aussi) les 10 minutes. Pour assumer son retour à un rock violent, le groupe déballe la grosse artillerie à la moitié du titre. On veut se défendre, attaquer, se battre. Les avions fusent, la guitare crache, tout le monde survit, sauf le big boss, sans doute ? Mort du bourreau, mort du robot, mort du cerveau et délivrance du peuple, des êtres et de l'humanité, place au piano/voix, à un opéra rock qui n’a plus rien à envier à Queen (‘fallait le faire !) pour enchaîner immédiatement sur le dernier morceau au chœur d’église, A capella.

Ce dernier titre éponyme est une réelle bonne surprise pour les fans d’harmonie, de voix complémentaires et de notes associées dans l’unique but de parler à vos entrailles, façon Fredo Viola. Une belle façon de clore cet opus en hommage aux influences premières du groupe qui revendique la musique classique (Rachmaninov, entre autres).

 

Flora Doin

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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