Les Tambours du Bronx – Fukushima, mon amour

On ne présente plus Les Tambours du Bronx, qui depuis leur création en 1987, ont vu passer dans leurs rangs plus d’une centaine de musiciens différents, écumé les salles du monde entier, multiplié les collaborations en tous genres (orchestre philarmonique, lauréats du conservatoire national supérieur de musique, musiciens traditionnels bretons, Jaz Coleman de Killing Joke ou plus récemment Sepultura) pour s’imposer comme un acteur majeur de la scène hexagonale. Les voilà qui nous reviennent avec un nouvel album live intitulé Fukushima : mon amour, qui sortira le 10 octobre chez At(home). La réputation du collectif sur scène n’est plus à faire, les Tambours proposent un show à la scénographie soignée, réhaussé depuis le milieu des années 90 de samples électroniques. Toutefois, qui dit show dit image. Que peut donc donner l’écoute de la prestation d’un collectif essentiellement orienté vers la scène ?

Ca commence plutôt pas mal, l’enchaînement « contraste-Cargo-A l’ombre » étant plutôt efficace, même si on regrette un peu que les bidons soient relégués assez loins dans le mix, au profit des samples. Pas que ceux-ci soient désagréables, mais ils n’ont rien d’exceptionnel non plus, surtout quand on a l’habitude d’écouter de bonnes grosses bombes d’indus des familles. « Crash Rythm Thrash » relance la machine, avec une ambiance glauque à souhait, des percussions plus variées (même s’il ne s’agit que de percus samplées) et une montée en puissance qui fait son petit effet. Cela étant, et bien que la prestation n’ait rien de mauvais, on finit fatalement par décrocher de cette étrange mélopée qu’on ne peut ressentir aussi intensément sans voir les corps en mouvement. Tout le principe d’un collectif comme Les Tambours du Bronx est d’entraîner son public dans une transe collective, ce qui en fait une machine en live, peut-être encore plus efficace dans le contexte d’un festival (c'était d’ailleurs son but premier). Difficile de rentrer pleinement dans l’ambiance depuis le confort de son chez-soi.

Les morceaux acoustiques apportent un bol d’air bienvenu, mais le soufflé retombe aussi vite qu’il est monté. Il faut dire que des morceaux aussi plats et anodins que « Head on a plate » ou des samples aussi envahissants que sur "Noki" n’incitent pas à l’adhésion. Mais le problème est plus profond. Taillé pour la confrontation directe avec son public, le projet perd une grande partie de sa force sur disque. Si l’on observe les grandes polyphonies rythmiques jouées par les peuples dits « primitifs » du continent africain, leur but était de permettre à la communauté d’éprouver son unité, de faire corps en vibrant littéralement à l’unisson. Si leur enregistrement présente un intérêt anthropologique certain, le mélomane préfèrera passer son chemin. C’est à peu de choses près la même sensation de manque que l’on éprouve ici. Si certains passages accrochent l’oreille, les samples déployés ne sont pas suffisamment intéressants pour retenir notre attention bien longtemps. On comprend que le groupe ne souhaite pas les développer outre mesure afin qu’ils restent un support à leur fracassage de bidons, mais il est ici bien difficile de ne pas se concentrer sur eux du fait de leur position dominante dans le mix.
 


Malgré un finish  énergique, c'est bien l'ennui qui prédomine, surtout que pour un enchaînement qui nous réveille ("Fever"-"Experience"-"No control") on enchaîne avec des bidouillages électroniques insipides ("Aktivtonkor" est sûrement efficace en live, mais quelle torture chez soi). Une production un peu plus crade aurait-elle sauvé l’ensemble ? Possible, pour autant rien n’est moins sûr, tant le problème paraît insoluble. Un set entièrement acoustique se serait probablement révélé tout aussi lassant. A moins d’une prestation réalisée dans le cadre d’une collaboration, Les Tambours du Bronx n’ont pas réellement leur place sur disque, un environnement sur lequel ils paraissent hors-sujet. A noter toutefois que ce live est fourni dans un joli package CD/DVD, l’occasion de se faire plaisir en regardant la vidéo et de bénéficier de la version CD pour les acharnés. Pour les autres, on leur conseillera de passer leur chemin, tant l’écoute de ce genre de galette risquerait de leur faire passer l’envie d’aller voir Les Tambours en live ; ce serait là une grave erreur, tant la scène est bien leur milieu naturel. A réserver aux fans absolus.

PS : précisons que cette chronique ne traite que du CD, la version promo ne contenant pas le DVD, qui pourrait au final s'avérer etre le principal intérêt du package. Avis sur le DVd bienvenus !

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NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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