Toto (+ Pascale Picard) à  l’Olympia (29.01.2016)

"...Toto [...] fait partie de cette poignée de groupe encore pertinents après presque 40 ans de carrière : chapeau bas ..."

Une file sans fin dans le froid, des fans impatients, et des sourires sur tous les visages : c’est ce qui nous accueille en arrivant devant l’Olympia, pour cette date de Toto dans la capitale, très attendue par leurs adorateurs. La soirée, qui se déroule à guichets fermés, tient toutes ses promesses, et rappelle à tous comme un grand groupe le reste, contre vents et marées.

 

Pascale Picard


Ce soir, c’est une artiste canadienne, accompagnée de sa seule guitare électro-acoustique, qui ouvre la soirée mettant Toto à l’honneur. Pascale Picard dispose pour cela d’une bonne demi-heure, durant laquelle elle distillera son pop/folk alternatif avec humour et bonne humeur. La demoiselle est ravie de faire face à un Olympia comble, elle qui y avait déjà joué en tête d’affiche en 2009.

Malheureusement, le set tourne vite en rond, la faute à des morceaux assez insipides et peu dynamiques, aux textes convenus et éculés, à quelques exceptions près.

Pascale Picard dispose pourtant d’une très jolie voix, qui rappelle parfois Dolores O’Riordan des Cranberries. Elle présente avec humour ses morceaux, de son joli accent québecois, affirmant avec malice que pour elle, ce sont les Français qui ont un accent bizarre.

Le public est assez distrait, et le brouhaha des discussions entre spectateurs est permanent, jusqu’à “Gate 22”, qui avait pas mal tourné sur les ondes françaises il y a cinq ou six ans, lorsqu’elle avait silloné la France, lors d’une tournée qui avait fini en apothéose dans ce même Olympia. Le style devient un peu plus gai, et tire parfois vers une côté plus théâtral, comme dans une petite comédie musicale, avec des thèmes plus médiévaux, et une diction qui rappelle étrangement Georges Brassens. Le public suit le mouvement, et se joint à la Québecoise dans ses vocalises.

Vient ensuite le titre le plus "dépressif” de Pascale Picard, de son propre aveu, mais dont elle est le plus fière : il s’agit de “Haunted States”, qui malheureusement passe mal l’épreuve de la scène, se révélant assez fade et relançant la rumeur dans la salle. Un dernier titre, “Runaway”, et le temps aloué touche à sa fin, avec un bilan mitigé : pas désagréable, la prestation a tout de même manqué d’intérêt.

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Toto


Une demi-heure d’attente nous sépare de l’arrivée des géants américains de Toto. A 21 heures précises, les lumières s’éteignent pour un show calibré de deux heures exactement. Après une longue introduction, le rideau qui masquait jusqu’alors la scène tombe, révélant le groupe, qui embraye sans plus attendre sur “Running Out Of Time”. Il faut quelques poignées de secondes à l’ingénieur du son pour rectifier le son du groupe, perturbé par le remplissage de la salle par le public, mais une fois ces corrections apportées, c’est du tout bon : la balance est subtile, nette et sans bavure, et met parfaitement en valeur la prestation du groupe, impériale et carrée. Rapidement, “I’ll Supply The Love” fait monter la pression d’un cran : Steve Lukather y délivre un solo éblouissant, avec style et retenue, tandis que la choriste Jenny Douglas McRae, épaulée par Mabvuto Carpenter, impressionne par sa voix et ses interventions.

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Joseph Williams met également tout le monde d’accord : son timbre n’a pas pris une ride, et reste vigoureux et puissant en toutes circonstances. Le point culminant de sa performance ce soir est sans aucun doute “Without Your Love”, où il atteint des notes très hautes sans flêchir, avec une facilité déconcertante. Mais au-delà de l’aspect technique, c’est le charisme et l’engagement du chanteur qui touchent le public.

Toutefois, le frontman sait ne pas trop en faire, et se sacrifie pour le bien du rendu du concert : lors de rares passages rendus difficiles par les années, il n'hésite pas à laisser ses choristes le rejoindre sur l’avant-scène, pour interprêter les titres en duo, et faire honneur aux compositions. Une attitude si humble et intelligente laisse songeur, lorsqu’on pense à l’ego de certains vocalistes qui persistent à massacrer certains titres de leur jeunesse.

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Toto sait piocher dans le mielleux et le rétro, à l’image de “Georgy Porgy”, mais il sait aussi exploiter des sonorités plus directes et lourdes, en libérant tout la puissance des guitares sur “Burn” par exemple. Les morceaux les plus anciens, et au son le plus typé prennent un méchant coup de jeune lorsqu’ils passent entre les mains du Toto cru 2016 : les choristes ajoutent des “eh eh” ici ou là pour dynamiser la partition, tandis que le son précis et puissant de la batterie, adjoint à une basse proéminente, apporte impact et modernité aux sonorités déployées.

La basse justement, apporte un groove imparable, par exemple sur “Pamela”.. Elle est tenue avec brio par Leland Sklar, bassiste légendaire, qui a pris la suite de Dave Hungate, lui-même de retour
après la disparition du regretté Mike Porcaro, emporté par une sclérose, et à qui Lukather rendra un bel hommage ce soir. Il dédie en effet le beau ‘The Road Goes On” à son comparse, ainsi “qu’à tous les héros musicaux que l’on perd chaque jour depuis le début de l’année”. “Great Expectation” est aussi joué en l'honneur de Paris, en écho aux difficiles épreuves qui ont marqué la ville fin 2015.

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Visuellement, la scénographie est “à l’ancienne”, avec peu d’effets, peu de mouvements, en dehors d’un éventail de faisceaux concentrés qui auréolent Steve Lukather lors d’un ou deux solos où il est particulièrement mis en avant. On pense notamment à l’excellente reprise de “Bridge Of Sighs”, qui nous plonge dans un vieux club de blues américain pendant la Prohibition, et où le cordiste distille un solo plein de mélodie et d’idées ingénieuses.

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Avec pas moins de cinq titres issus du dernier album XIV, Toto n’en oublie pas pour autant ses classiques, et ravit le public de versions revisitées de “Hold The Line”, “Rosanna” et son énorme final, ou encore “Africa”, inévitable rappel pourtant rendu intéressant par de nombreux arrangements. Tous ces titres fédèrent encore plus un public acquis à la cause du groupe, d’autant que la qualité de la performance et de la sonorisation est telle qu’on croirait par instants écouter un album studio.

Avec une telle prestation, Toto n’a rien fait de plus que prouver qu’il fait partie de cette poignée de groupe encore pertinents après presque 40 ans de carrière : chapeau bas messieurs ! Encore une bonne raison de ne pas manquer les prochaines dates du groupe sur la tournée, le 31 janvier à la Patinoire Meriadeck de Bordeaux, le 1er février au Zénith de Nantes, le 3 février à celui de Rouen, et le 4 février au Millésium d’Epernay.

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Setlist :
Running Out of Time
I'll Supply the Love
Burn
Stranger in Town
I Won't Hold You Back
Hold the Line
Georgy Porgy
Afraid of Love
Bend
Pamela
Keyboard Solo
Great Expectations
Without Your Love
Bridge of Sighs (reprise de Robin Trower)
Holy War
The Road Goes On
Orphan
Rosanna

Rappel :
On the Run / Goodbye Elenore
Africa

 

Photos © 2015 Nidhal Marzouk - www.nidhal-marzouk.com
Toute reproduction interdite sans l'autorisation écrite du photographe.

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