Trumpets Of Consciousness – Trumpets Of Consciousness

Trumpets Of Consciousness ! Sous ce nom métaphysico-fanfaresque se cache un groupe formé à Lyon l'an dernier, sous l'impulsion de Thibauld Labey, dont les références revendiquées ne sont autres que Brian Wilson et les Beatles. Une aspiration pop donc, qui guide ce premier LP éponyme publié par Le Pop Club Records (soit le même label que les Rebels Of Tijuana, entre autres) auquel nous nous intéressons à présent. 33 tours, 11 titres, 51 minutes, aux couleurs aussi chamarées que celle de la pochette (au goût exquis) peinte par David Sala.

Globalement, Trumpets Of Consciousness est un album agréable à écouter, une bonne pop, raffinée comme on aime le dire. Le soin apporté à la composition est évident, ce dès l'entrée en matière sixties, "Never Again", un titre assez complet bâti en deux parties ; d'une part, une chanson pop dans toute son efficacité, avec ce qu'il faut de touchant, d'énergique et de délirant (« Never again-gain-gain-gain ») ; d'autre part, un long crescendo-joli : les instruments s'empilent petit à petit, guitare, basse clavier, cuivre ; et puis des choeurs s'y ajoutent des ouh des aah, un batteur se laissant aller à une folie paradoxalement élégante et maîtrisée, et enfin (attention, spoiler) une feinte de fondu en fermeture, pour un retour au silence brutal.

Introduction idéale pour l'"After All" qui suit, une chanson douce et entrainante à la fois, que vient piquer tout du long une guitare mélodique facétieuse dans l'oreille droite. Si plusieurs breaks dynamisent idéalement l'ensemble, de rares kitscheries un poil redondantes (les choeurs en question-réponse dans la reprise du refrain par exemple) tendent en revanche à atténuer très légèrement l'originalité de l'ensemble.

Il n'en demeure pas moins que chacun des morceaux est minutieusement construit, comme cet "I'm In Love" aux multiples facettes, un bisou de 6 minutes 42 (le morceau le plus long de l'album), où l'ennui ne vient jamais poindre tant chaque seconde y est surprenante ; l'évolution harmonique et mélodique y est bougrement bien soignée, les arrangements et orchestrations placés avec intelligence. La section rythmique y joue aussi un rôle primordial, dans le sens où elle sait se taire quand il le faut, pour revenir en grâce au bon moment. L'accalmie aux 3 minutes 20 permet quelques incartades piano-jazzy de bon aloi, raccord avec celles de "Fruits In The Sun" quelques secondes plus tard.

En fait, cet album séduit en dégageant quelque chose comme un doux charme rétro, mais qu'on ne saurait véritablement situer dans le temps ; un genre de nostalgie générale et agréable... L'orchestration est riche, une partie mélodique est toujours à découvrir, cachée au fond du casque sous une autre mélodie, de nombreux instruments sont utilisés, de mystérieux sons électroniques et spaciaux sont intégrés au mix (assuré d'ailleurs par le leader multi-fontion Thibauld Labey, une franche réussite), qui ne font en rien catalogue ; c'est là l'une des forces de ce LP, de rendre chacun d'eux parfaitement nécessaire. On trouvera même du vibraphone (l'instrument dispensable par excellence ?) sur "Century", lui donnant parfois des airs de comptine pour enfants surdoués, rapellant à l'auditeur les grandes heures de sa jeunesse, de "En passant par la Lorraine avec mes sabots" à "J'aime la galette, savez-vous comment ?", ces tubes d'un autre temps – n'importe quoi, bref, on retrouve effectivement cette manière de naïveté toute lennonienne, jusque dans la voix, candide à souhait, mais précise et assurée. Le timbre est clair et guilleret, la simplicité mélodique apparente, appréciable.

Trumpets Of Consciousness, LP, After All, Never Again

Si l'on devait râler un instant, on avancerait tout de même que cet album manque un poil d'up-tempo, juste histoire de filer un pied au cucul de temps en temps, et pour varier les plaisirs. Il est vrai que la dynamique qu'il présente, globalement descendante, se révèle quelque peu frustrante, et que l'on est près de se lasser lorsque, dans le ventre mou du disque, quelques morceaux moins réussis s'éternisent.

Et puis la complexité de chacun des morceaux, à la longue, étouffe sans doute un peu, et quand l'éclat des couleurs finit par aveugler l'auditeur, naturellement, vient un moment où l'on apprécierait sans doute entendre une chanson pop minimaliste, plus accessible – tout calibrés que nous sommes, bien malgré nous, aux fast-foods radiophoniques. Et à l'instant même où l'on se fait cette réflexion, "Singing Heart" débute, qui en a vraisemblablement le profil ; malheureusement, le titre est encore poussif, peut-être à cause du piano soit trop chargé, soit trop en avant - c'est au choix -, qui alourdit l'ensemble et empêche l'auditeur d'être véritablement séduit, d'autant que pour une fois, la mélodie se banalise légèrement.

Mais qu'importe après tout, "Let Down Let Flow" fait la preuve de la maitrise du psychédélisme bien comme il faut des Lyonnais, après un refrain envoutant que n'aurait pas renié Noël Gallagher (assimilation quasi-obligatoire pour quiconque s'inspirant assez largement des Beatles au XXIème siècle). Le solo de guitare est touchant, bien soutenu par un groupe solidement aérien derrière.
Pas besoin de l'un de ces gros relous de batteurs pour "Sway", la basse sautille toute seule dans le vide, entre les violons, sur un rythme country, et ainsi se conclut l'album.

Trumpets Of Consciousness est donc riche des qualités incontestables, tant au niveau de la composition, intelligente et recherchée, que de l'interprétation, impeccable. S'il n'est pas aussi accrocheur qu'il le mériterait, la faute à quelques longueurs, quelques morceaux dispensables ou un peu longuets, il est véritablement porteur d'espoir. Les meilleurs titres sont de vrais bons titres, impressionnent et forcent l'admiration ; on est donc naturellement curieux et impatients d'écouter ce que ce groupe pourra apporter encore dans le futur quand des perles telles que "Never Again", "After All" ou "Let Down Let Flow" sont mises en boite après moins d'un an d'existence.

Crédits Photo : Thomas Moiroux

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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