Margaret Glaspy – Emotions and Math

" c'est toujours un plaisir de découvrir des artistes qui ont une personnalité bien trempée et des compositions à la hauteur "

Petit bout de femme californienne qui ne s'en laisse pas conter, Margaret Glaspy est une songwriter, c'est-à-dire une artiste dont le style s'inscrit dans une lignée folk / pop-rock que les américains maîtrisent à la perfection depuis que Bob Dylan et bien d'autres ont dépoussiérés le répertoire folk populaire dans les années 1960. Les influences revendiquées sont d'ailleurs Elliott Smith et Joni Mitchell (qui est canadienne, certes), ce qui plante le décor, auquel on peut ajouter Aimee Mann sans prendre trop de risques. Une guitare sur les genoux, une voix pleine de personnalité, quelques arrangements pour apporter un peu de dynamique à l'ensemble et c'est tout. Les titres sont épurés, l'ambiance plutôt intimiste, mais que vaut ce premier album ?
 


you and I, somebody to anybody, aimee mann, joni mitchell, elliott smith

Avec un style comme celui-ci, l'attention de l'auditeur est immédiatement focalisée sur la voix, qui se doit dès lors d'être fascinante. Pas dans le sens de la performance technique, puisque couvrir 4 octaves ne sera pas d'une grande utilité ici, mais parce qu'elle a une véritable personnalité, parce qu'elle a un grain, parce qu'elle a ce petit quelque chose impossible à définir qui donne envie de lui accorder toute notre attention. Des intonations particulières, quelques imperfections (plus ou moins naturelles), une certaine versatilité permettant de passer d'une voix douce à des intonations plus rocailleuses, et des arrangements à la guitare qui suivent le même chemin et ne se limitent pas à de la douceur non stop.


 

Margaret Glaspy possède ces qualités, c'est indéniable. Les imperfections qui surviennent ici et là, si, ne soyons pas naïfs, ont sans nul doute été soigneusement travaillées, n'apparaissent jamais excessivement forcées, de sorte que, ajoutées à un bon sens de la mélodie douce-amère, elles cueillent l'auditeur consentant sans efforts, qui se laissera volontiers entraîner dans cette grosse demi-heure de musique, où les titres vont à l'essentiel : le plus long atteint tout juste les 3 minutes 30, de sorte que l'on navigue sans perdre de temps au sein d'un kaléidoscope d'ambiances.


 

 

Après un très bon départ qui mixe les ambiances avec brio, une première petite alerte a lieu avec "No Matter Who", un titre pop tout ce qu'il y a de plus honorable, qui de plus tombe assez bien pour rassurer les amateurs de grosses mélodies catchy, qui étaient peut-être un peu décontenancés jusque là, mais qui est également un cran plus conventionnelle, malgré un beau final. Qu'à cela ne tienne, le titre permet également d'élargir la palette et de prendre une petite dose de mélodies mignonnettes avant le grand moment d'émotion que constitue "Memory Street", tandis que le côté abrasif de "Pins and Needles" rappelle que ce Emotions and Math est tout sauf une jolie collection de rêves rose-bonbon. Pas de bol, c'est là qu'arrive la bluette "Anthony", au bon moment pour nous faire mentir. Une fois de plus pas foncièrement désagréable, le titre n'en reste pas moins plus plat que le reste de la galette.


Pinaillage ? Oui. Ce premier album reste indéniablement une belle réussite, et les quelques incartades vers la pop un peu trop propre restent suffisamment rares pour être davantage une couleur supplémentaire à la palette de la chanteuse qu'une nuisance pour l'auditeur exigeant. C'est toujours un plaisir de découvrir des artistes qui ont une personnalité bien trempée et des compositions à la hauteur, et en 34 petites minutes, Margaret Glaspy démontre avec aisance qu'elle est à la hauteur de ces qualificatifs élogieux.

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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