The Madcaps ? Pas si maboules que ça…

Les rennais, frappés de la casquette que sont The Madcaps, sont venus le 14 septembre dernier, distiller leur pop de garage au Point Ephémère, en première partie du ponte californien Sonny & the Sunset. Impossible pour la Grosse Radio de rater ces amateurs de rock sixties, jeunes et fringants mustang de l’écurie Howlin Banana Records. Dans la salle, alors que retentissait déjà la zik d’ambiance 100 % rock n’roll, notre préposé parisien au rock garage a tenté vaille que vaille d’en savoir un peu plus sur le quatuor breton. Enfin sur le trio, car Léo-le-malin et néanmoins batteur assermenté, avait réussi à s’esquiver. Tant pis pour lui, c’est à travers cette interview qu’il va apprendre qu’il va devoir se mettre à composer et à chanter comme ses trois autres compères…  


The Madcaps

LGR : Vous êtes loin d’être des inconnus à la Grosse radio, nous avons chroniqué votre second album "Hot sauce » et suivons par ailleurs de très près les activités votre label Howlin Banana records. Mais bon, cela ne vous dispense malheureusement pas de vous présenter…

Thomas : On vient donc de Rennes, on est un quatuor de rock n’roll. Bastien qui a troqué la basse contre la guitare lead, Wenceslas lui a donc succédé à la basse, Léo à la batterie et moi Thomas à la guitare rythmique. Tous fans de pop music des années soixante, des Beatles, des Kinks… On a commencé à faire nos armes à base de guitares distordues, de fuzz très garage et plus ça va, plus on s’oriente vers des choses plus groovy, mid-tempo… qui balancent. Enfin, des blanc-becs qu’essayent de faire de la musique de noirs, quoi…

LGR : Votre nom The Madcaps est une référence à un titre de Syd Barett "The madcaps laugh"…

Thomas : Pour le coup, c’est une référence qui ne fonctionne plus du tout. Syd Barett et groove, c’est plutôt antinomique… Et Syd Barett n’a fait ni plus, ni moins qu’utiliser un mot du dictionnaire, qui veut dire les maboules. Si on s’était appelé The Baretts, là ça aurait vraiment problématique…

Wenceslas : Il y a même un groupe qui s’appelle Acid Barett !

Thomas : Là, on est vraiment dans l’hommage… Bon ceci dit, on aime bien et c’est plutôt cool d’être rattaché à lui et puis c’est beaucoup mieux qu’être associé à Yvette Horner par exemple !

LGR : Comment êtes-vous arrivé chez Howlin Banana Records ?

Thomas : On a envoyé un titre de notre premier EP et de tout de suite, on nous a répondu, « c’est vraiment trop cool, vous en avez d’autres ? »  Et hop en moins de trois mois, on sort le 45 tours… Efficace, non ?

LGR : On trouve sur le net une présentation qui vous définit bien : « du rock sixties qui s’émancipe du passé et place les Madcaps sur or-beat ». Comment faites-vous pour justement aller au-delà de la simple copie ?

Bastien : En fait, il ne faut pas perdre de vue sa propre personnalité. Quand tu pompes un truc, il y a forcément une part de toi qui n’a pas envie de simplement copier, mais bien de s’exprimer. Et ça, c’est vraiment la création la plus facile de l’univers… Donc, s’émanciper du modèle sixties, c’est ce qu’il y a de plus simple pour nous finalement. Si tu souhaites reproduire le plus fidèlement possible ce son, il faudrait de toute façon avoir une oreille tellement fine… Alors que le jeu, c’est plutôt de reprendre les quatre accords qui se jouent depuis plus de cinquante ans et de les jouer comme tu as envie. En fait, c’est ça qui permet de s’émanciper du modèle.

LGR : Le rock n’roll passerait son temps à se réinventer selon toi… Et du coup, il n’y aurait donc pas de revival garage ?

Bastien : Si, il existe tout de même. Comme Jacco Gardner le disait, il y a plein de groupes qui essaient de donner un futur à une époque révolue. Et on se reconnaît dans cette définition.

Thomas : Et ce n’est pas tout à fait la même démarche que d’être dans le pur revival, qui vise plus à faire une musique intemporelle, ce qui est tout aussi louable. Voir des groupes faire du rockabilly comme en 1954, c’est aussi très fun à voir. Mais pour en revenir à la notion de copie, il faut se rendre compte que l’on copie tous ; il n’y a pas de génération spontanée dans quelque soit le domaine de création. On passe son temps à réinventer de façon consciente ou à se laisser porter

Wenceslas : L’intérêt, c’est d’accepter que de toute façon, on ne peut que copier mais de continuer à aller de l’avant… 

Thomas : Notre but, ce n’est pas forcément de chercher à réinventer à tout prix mais de faire de faire de bonnes chansons, qu’on aimerait écouter.

LGR : Et on l’entend dans vos morceaux cette volonté de vouloir récréer ce son sixties, dans les chœurs, les harmonies et la joie de vivre du Swinging London. Je trouve que "Rainy day" dans votre second album est emblématique de cette démarche ; on entend les Kinks, les Beatles, les Beach Boys

Thomas : C’est Bastien qui l’a composé. Je me souviens d’avoir lu dans des chroniques à propos de "Rainy day", je cite : "on imaginerait bien Brian Wilson des Beach Boys en goguette dans Carnaby Street pour enregistrer un morceau comme celui-là".

LGR : Ce son vintage vient du fait que vous avez enregistré votre dernier album, "Hot sauce" dans un studio analogique ?

Thomas : C’est vrai, mais c’est avant tout parce que l’on joue sur du matos années soixante, des guitares en passant par la batterie, les amplis… Et bien sûr si en plus, tu enregistres dans une studio analogique…

Bastien : C’est dans la continuité du coup…

Thomas : On pourrait enregistrer en numérique et on pourrait se rapprocher du son de l’époque. Car ce qui compte, c’est la composition et les instruments. Après jouer tous ensemble pour les prises de son, sur des magnétos à bandes, c’est aussi une façon de boucler la boucle.
 

The Madcaps


LGR : Thomas, dans une interview à un média rennais, tu es identifié comme le fondateur du groupe, chanteur donc, guitariste et compositeur… et les autres, ils font quand même quelque chose dans le groupe ?

Thomas : Bah non, ils peuvent aller se faire voir !! Je composais seul il y a encore pas si longtemps et maintenant je partage ma charge de capitaine avec Bastien, qui guide le navire avec moi, en écrivant et en s’occupant aussi de la com, les interviews, tout ça… parce que on peut pas juste faire de la musique maintenant ! Wenceslas, notre petit dernier a écrit lui aussi trois chansons.

Wenceslas : Et du coup, je les chante car le principe, c’est que celui qui écrit sa chanson, le doit s’y coller…

Thomas : On se retrouve avec autant de songwriters que de chanteurs !

LGR : Ce qui permet sur scène d’alterner le chant lead, plutôt sympa sur scène, moins centré sur un frontman…

Thomas : Oui, il ne reste que le batteur à convaincre !

LGR : Ah, ça sent le défi, ça ! Thomas, c’est toi qui a écris la majeure partie des paroles. Pour les anglophones défaillant comme moi, tu peux évoquer ce que tu racontes ? Je te rappelle que tu as dis dans l’interview évoquée plus haut, que de toute façon, 90 % des français ne comprennent pas les paroles…

Thomas : Dans ce genre musical, même si les paroles étaient en français, il y en aurait sans doute presque autant qui ne les « écouterait » pas. C’est avant toute chose un support de la mélodie mais pour autant, je tiens à raconter une histoire, des choses qui me tiennent à cœur ou qui me font marrer.

Wenceslas : Et des textes sur lesquels tu t’es investi, qui ont du sens pour toi, c’est de toute façon plus facile de les interpréter…

Bastien : Et quant aux thèmes, c’est varié. Y a des chansons un peu dark sur les ruptures, les post-rupture, les nanas quoi… D’autre plus fun sur les tacos, les types qui s’incrustent dans les soirées, les pantalons dans lesquels on est confort le dimanche…

Thomas : Sur chaque album, on retrouve aussi des chansons avec des personnages, réels ou non. Dans le prochain, j’ai inclus le personnage du passe-muraille de Marcel Aymé et dans le précédent, on évoquait Brenda Dean Paul, la "Junkie queen". La première rock star de la pop culture qui a vécu dans les années vingt et qui déjà jouait à un jeu dangereux avec la morphine…

LGR : Ça a l’air de bien bouger à Rennes sur la scène garage. La preuve, la soirée « Vice, garage & liberté » jeudi 22 septembre dans le cadre du festival "I’m from Rennes". Vous y participez d'ailleurs avec vos potes de Kaviar special, dont Léo votre lâcheur de batteur fait aussi partie.

Bastien : On sera plus de 9 groupes sur trois scènes ce soir là !

Thomas : Le but de ce festival est de représenter la scène rennaise dans sa diversité et quand les organisateurs ont proposé aux assos, aux radios qui soutiennent la scène rock garage, de réunir les garageux durant cette soirée, tout le monde a dit banco, même si tous les groupes n’ont pu être présents. On a eu droit à un avant-goût avec le concert hier soir au Mondo Bizarro, de Sonny & The Sunset, avec nous en première partie… et on remet d'ailleurs ça avec eux ce soir au Point Ephémère !

LGR : Vous avez enchaîné pas mal de dates cette année, en France et en Italie et vous avez terminé l’été au festival de Binic…

Bastien : Ça fera bientôt 50 concerts… l’année dernière une quarantaine, on progresse !

Thomas : Y a des gens dont c’est le métier, qui font moins, hein…

Bastien : Les bons retours sur "Hot sauce" nous ont permis de décrocher plus de dates aussi et on espère qu’avec le prochain, ce sera proportionnel !

LGR : Et vous revenez bientôt sur Paris…

Thomas : On donne rendez-vous aux parisiens au Supersonic le 14 octobre avec The Belmondos et Hélas !

Cadeau bonux : un extrait du concert au Point Ephémère 😉
 

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