Virna Lindt – Shiver (1983)

"Name?...Virna...Direction?...North by northwest...Mission?...Impossible!"

Mais qui se souvient de Virna Lindt ? Pourtant, à l'heure où tout le monde de l'indie (et oserons-nous dire de la culture pop en général) n'a toujours pas réussi à passer le cap du revival eighties; on pourrait s'étonner que notre chère Virna, malgré son entrée fracassante sur le devant de la scène avec sa chanson "Attention Stockholm" en 1981 n'ait pas autant marqué durablement les esprits que les poses intellos de Kate Bush ou la pop sèche de Blondie. Bien que saluée aussi bien par la critique que le public (et ce, jusqu'au Japon), la carrière de la suédoise fut de courte durée et seuls deux albums sortis en 1983 et 1985 subsistent encore pour en témoigner. Il faut dire que la biographie de la chanteuse est elle-même assez nébuleuse... Modèle, étudiante en langues étrangères, traductrice pour dépêches; certains murmurent même... Agent des services secrets ! (bien que de façon indirecte; et probablement là aussi pour de la traduction). Bref, il flotte autour d'elle un sacré parfum de mystère; et quoi de mieux pour une chanteuse pop?

 


 

C'est sûrement ce qu'a dû se dire Tot Taylor; producteur avisé et fondateur du label anglais The Compact Organization qui à l'époque rivalisait avec la Factory de Tony Wilson. Tout comme dans "La Mort Aux Trousses", Taylor et Lindt se croisent dans un train et parlent musique. Il a un nouveau label, elle a un concept musical; raconter des histoires d'espions sur de la new-wave saupoudré d'arrangements John Barryesque aux accents Hitchcockiens. Donc "Attention Stockholm", donc succès, donc premier album, celui qui nous intéresse aujourd'hui, au titre fortement évocateur : Shiver.
 

 

De la guitare james bondienne (et créditée comme telle) au clavecin d'"Amicalement vôtre" en passant par les paroles en forme d'interrogatoire sur "The Dossier On Virna Lindt", le thème de l'espion est effectivement omniprésent à souhait. Cependant, limiter la musique de Lindt au simple gimmick serait bien injuste tant l'album est plus riche et percutant qu'il ne laisse paraître. Certes, on retrouve une saveur eighties en diable sur d'excellents morceaux de Synthpop ("Pillow Talk" avec sa basse qui aurait fait bander un Peter Steele; et "Intelligence" en tête), mais la production reste suffisamment érudite et fine pour se permettre de transcender le poids des années. L'exemple le plus criant serait probablement celui d' "Underwater Boy", véritable hit trip hop avant l'heure (une décennie en avance !) que l'on a bien du mal à dater avec certitude. Il se cache aussi derrière ces airs faussement enjoués une noirceur mélodique qui se poserait assez bien en négatif mélodique absolu de la joyeuseté d'Abba et viendrait volontiers rejoindre les refrains torturés de Blonde Redhead (un autre groupe orienté sixties). L'album est court, efficace, et à l'aide de virgules musicales bien pétées à la schnouf allie l'hypnotisme à la simplicité; fil rouge assez casse-gueule qui amène l'auditeur à ne pas démordre de l'album. Ce fulgurant numéro d'équilibriste ne sera malheureusement pas réitéré sur l'opus suivant, Play/Record, plus expérimental et paradoxalement plus daté, bien qu'il reste intéressant avec des titres tels que "Wild Strawberries" ou "Under The Stars".


Cela ne m'empêche pas de penser qu'il est sacrément dommage qu'une musicienne comme Virna Lindt ne soit pas plus citée ou ramenée que ça sur le devant de la scène. Ainsi, j'ose espérer que votre humble serviteur aura su vous convaincre ne serait-ce que par pure curiosité de jeter une oreille sur une musique qui mérite, malgré sa nature, de ne surtout pas rester secrète!

 

 

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