Toy – Clear Shot


 


"Solides artisans, les Toy ne sont néanmoins ni pionniers ni génies."

A la croisée de la new wave, du shoe-gaze et de l’indie, les rockers anglais de Toy s’amusent à brouiller les pistes, pas tant pour nous dérouter que pour nous surprendre. Actif depuis 2010, Clear Shot est leur troisième album, celui du coup de maître ? Pas vraiment…
 

Solides artisans, les Toy ne sont néanmoins ni pionniers ni génies. Alternant le rock dépouillé en s’accrochant au clavier des Doors ainsi bien qu’aux envolées poudrées que ne bouderaient pas les groupes de surf pop contemporains (« Another Dimension »), nos amis anglais ressemblent fortement à leurs cousins américains des Drums dans cette démarche un peu folle de faire enfin évoluer le rock en privilégiant les mélanges, la sophistication electro en moins. Une bizzarerie millimétrée qui n’est pas sans rappeler d’autre formations comme Echo and the Bunnymen, où l’on a l’impression d’entendre Lou Reed jammer avec les Beach Boys ou bien les Drums fusionner avec Thee Oh Sees tout en intégrant un soupçon de Smashing Pumpkins (« Fast Silver »). C’est dire si nos gaillards multiplient les références ; un exercice certes honorable mais se relève-t-il dans ce cas efficace ?

A ce niveau là, le bilan est un peu mitigé. L’album n’est en rien catastrophique mais accuse d’une mollesse pop malvenue (« Im Still Believing ») lorsqu’on aurait aimé un peu plus de poigne et d’acidité. Car malgré leur jeu de l’oie des cents meilleurs groupes de rock alternatif sur lequel ils s’amusent à jouer, on a l’impression que les membres du groupe restent d’indécrotables romantiques anglais, aussi bien portés par leur charme qu’alourdis de leurs limites et de leurs évidences ("Clouds That Cover The Sun"). Étonnamment, S’il y avait un style qu’ils auraient pu creuser en particulier, c’est celui du shoe-gaze, qui reste un de leur meilleur atout et atour (« Cinema »). On aura au moins eu le bonheur de ne pas se séparer fâché, bien qu’on regrette le coté encore un peu trop lisse de cette musique.
 

indie, rock, new-wave, 2016


Un peu plus d’aspérité n’aurait effectivement pas été un mal, d’autant que le groupe en est parfaitement capable. Peut-être qu’il manque encore un peu de maturité dans le son, car à force de refuser catégoriquement une étiquette on finit inévitablement par perdre en force de frappe ce qu’on pense gagner en diversité, donc en richesse. Or, la richesse ne se trouve pas nécessairement dans l’étalage savant de sa culture, mais dans sa capacité à la digérer et à la réinterpréter. C’est le chemin vertueux sur lequel semble s’être engagé Toy, ce qui est à saluer, bien que dans leur cas, du chemin, il en reste visiblement à faire !
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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