The Brian Jonestown Massacre – Don’t Get Lost

Enregistré au Cobra Studio, le nouveau studio berlinois d'Anton Newcombe, entre mars et octobre 2016, Don't get lost a de quoi faire parler. Un album expérimental marqué, fabriqué en 6 mois entre énormément de dates de tournées avec de belles additions de musiciens : Ricky Maymi, Dan Allaire, Collin Hegna et Ryan Van Kriedt ; Emil Nikolaisen (du groupe norvégien Serena-Maneesh), de Pete Fraser (The Pogues, New Young Pony Club) au saxophone ; et de Tim Burgess (Charlatans), Tess Parks et Shaun Rivers aux voix.
Le shoegaze psyché de Newcombe et de son Brian Jonestown Massacre est, à la mesure de leur large discogrophie, complétement démentiel.

Ca roule, synthé hypnothique. Anton Newcombe nous arrive de loin, de son "Open Minds Now Close", du fond de sa psyché probablement, puis repart. Et le synthé vrille. Anton revient filtré, rapeux pour ouvrir ce seizième album du Brian Jonestown Massacre dans un morceau d'intro de 8 minutes, à l'image de leur discographie aussi longue que riche. Plus de 24 heures de musique en cumulé, quand on aime on ne compte pas, bon là ça commence à compter. Et la grosse caisse marque sèchement son temps, comme pour nous tirer d'une torpeur qu'il faudrait masquer, oublier, laisser de côté face au minimalisme bourru de cette intro pourtant intense.


 

En milieu d'album la ballade "One slow breath" règle l'album tout en douceur en modulant nos pulsations nocturnes. Anton nous implore à l'oreille pendant 7 minutes d'une descente mineure où l'orgue crée l'ambiance macabre et lancinante. Aussi aérien et léger, "Dropping bombs on the sun" pourtant plein de gravité et porté par Tess Parks montre que l'empreinte de Newcombe a des facettes bien différentes dans la mélancolie. Une mélancolie qui s'ajustera à souhait prenant toutes sortes de tours au long de ces 14 morceaux.

Newcombe est capable de titres bien rock et combatifs comme avec ce "Resist Much Obey Little" qui prend une tournure particulière avec l'élection de Trump pour le compositeur, pourtant résidant de Berlin depuis 10 ans maintenant. Malgré son onirisme, il se montre bien ancré à la réalité, dans l'enfer technique et psyché du "Throbbing gristle" où Tess Parks peut s'exprimer pleinement, grave et doucereuse. Puis faire du Rock quasi indus, krautrock, avec "Nothing new to trash like you" marquant décidément Newcombe dans son underground naturel qui s'adjoint au final saisissant avec "Ich bin klang" que ne renierait pas Kraftwerk.

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Encore de l'électronique pour le duo qu'est "Groove is in the heart", il serait quasi trip hop si la batterie et les grelots ne marquaient pas tant l'ensemble de la compo par leur rythme et leur lourdeur. La guitare, en fond, tente de se faire une place et y accède quand elle se fait métallique et grinçante. Anton reprend à son rythme sur le lancinant "Fact 67", toujours aussi peu présent, laissant la place à une ligne de basse aussi marquante qu'efficace dans un interlope Berlin nocturne.
 

On plane encore grâce à quelques morceaux fins et tiraillés. Roulements de basse, petits appels de voix, de la finesse qui groove. Pas plus pour cet ambiant "Melodys Actual Echo Chamber" alors que "Charmed I'm sure", sans parole, se fait pesant, ondulant, déployant son synthé comme Radiohead a pu le faire récemment. Dans "UFO pay check", ne cherchez pas non plus de voix, c'est encore une instru de transition de près de 4 minutes, dans un album comme celui-ci, qui prend son temps, 4 minutes c'est court et remarquable. Ces trois morceaux rythment l'album en le ponctuant çà et là, lui faisant prendre de nouvelles directions, des élans transitoires.

 

Tout comme avec le jazzy "Geldenes Herz Menz" où Newcombe sort les cuivres, encore une instru avec Pete Fraser au saxophone, l'electro clubesque "Acid 2 me is no worse than war" montre que Newcombe sait tout faire. Ou veut trop faire. Ou trop flirter avec tout. Ou ne se fixer sur aucun style particulier. Ou faire de son album un véritable patchwork sans queue ni tête à l'image de nos vies. 

 

Les morceaux prennent le temps de s'installer, et même s'il peuvent parfois paraître longuets, on peut saisir l'intention de Newcombe et se l'approprier. Avec une palette variée, malgré la pesanteur de l'ensemble, Don't get lost, par son titre, annonce la couleur. On ne s'y perd pas, on s'y balade. Et si les grincheux pourront trouver ce disque trop particulier et manquant d'allant, on les invite à écouter la riche production du Brian Jonestown Massacre où ils pourront entendre que le groupe reste dans sa veine, paradoxale et addictive, toujours excessifs et indépendants, toujours barrés et follement psychés.

Track list :
1) Open Minds Now Close
2) Melodys Actual Echo Chamber
3) Resist Much Obey Little
4) Charmed I'm Sure
5) Groove Is In The Heart
6) One Slow Breath
7) Throbbing Gristle
8) Fact 67
9) Dropping Bombs On The Sun
10) UFO Paycheck
11) Geldenes Herz Menz
12) Acid 2 Me Is No Worse Than War
13) Nothing New To Trash Like You
14) Ich Bin Klang

Sortie le 24 février chez A Records

Crédit photo : Olivier Hoffschir

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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