Rencontre avec Danko Jones

Pour certains, écouter Olivia Newton John est un plaisir coupable car ils écoutent Metallica et Slayer. De mon côté, je m'en fous !

Guitariste, chanteur, journaliste, collectionneur de vinyles, animateur radio: Danko Jones possède de nombreuses casquettes. Malgré tout cela, il parvient à trouver le temps de sortir, encore une fois, un excellent album, Wild Cat. À cette occasion, Danko nous a accordé une interview afin de nous parler de ce nouvel opus, mais aussi de son admiration pour George Michael, ainsi que de son nouveau side-project !

Merci de nous accorder cette interview Danko ! Tu peux nous présenter un peu votre nouvel album ?

Danko : Il s'appelle Wild Cat et il sort le 3 mars 2017. On l'a enregistré à Toronto avec le producteur Eric Ratz. On a onze titres, c'est assez standard pour nous et c'est tout simplement du hard rock, dans la lignée de ce que nous avons fait auparavant. Je pense que ce nouvel album nous représente vraiment bien et nous en sommes très contents, je n'appréhende pas du tout la réaction du public. D'habitude, les gens parlent de nos albums en disant qu'il y a peut-être quatre ou cinq morceaux vraiment sympas, c'est tout. Pour Fire Music et Wild Cat, les retours sont assez unanimes concernant le fait que tous les morceaux sont bons et ont leur place. En tout cas je suis très heureux de ces retours !

Vous aviez déjà travaillé avec Eric Ratz pour l'enregistrement de Fire Music. C'était important pour vous de pouvoir enregistrer ce nouvel album avec lui ?

On connait Eric depuis les débuts du groupe, on avait déjà travaillé avec lui sur des morceaux qui figurent sur I'm Alive and on Fire. Mais depuis ce temps-là, jusqu'à Fire Music, nos chemins s'étaient séparés et entre-temps, Eric Ratz est devenu producteur, il a produit des albums de Billy Talent, Cancer Bats, Monster Truck, etc. Nous de notre côté, on est passé de quelques démos réalisées dans notre coin, à des tournées dans le monde entier. J.C a repris contact avec Eric il y a six ans et c'était à un moment de notre carrière où nous voulions du changement, nous souhaitions travailler avec de nouvelles personnes, tout en restant à Toronto. J'ai discuté avec Scott Middleton de Cancer Bats, il m'avait apporté leur dernier album, et j'ai tout de suite flashé sur le son de la guitare. Après ça, j'ai voulu revoir Eric, discuter avec lui et au final on a travaillé ensemble. On s'entend super bien, l'enregistrement s'était vraiment bien déroulé, de façon très naturelle, on a simplement voulu renouveler l'expérience pour Wild Cat. Pourquoi essayer de modifier quelque chose qui nous convient déjà à merveille ? On a déjà été dans des situations en studio où ça ne fonctionnait pas comme on aurait voulu, pour une raison ou pour une autre. Avec Eric c'était différent, on s'est bien marré, on avait déjà des morceaux prêts à être enregistrés et on savait dans quelle direction on voulait aller.

C'est aussi votre deuxième album avec Rich Knox à la batterie. Qu'est-ce qu'il a apporté au groupe ?

Premièrement, je pense que c'est vraiment le meilleur batteur qu'on ait pu avoir jusqu'à présent. J'aurais vraiment aimé qu'il rejoigne le groupe avant ! On est contents de l'avoir avec nous maintenant. Je pense que le plus important c'est sa personnalité, on s'entend super bien. C'est plus important que le reste, car ça peut affecter l'ensemble du groupe. On est un trio, c'est plus intense avec trois personnes qu'à cinq ou six. Si deux personnes ne s'entendent pas, il y aura toujours les quatre autres pour arrondir les angles. Quand on est trois, c'est impossible. Rich est vraiment génial de ce côté-là car c'est simple de bien s'entendre avec lui. En plus c'est un excellent batteur. On n'a pas besoin de quelqu'un avec un ego surdimensionné, on a juste besoin de quelqu'un qui sait jouer les morceaux pour qu'ils sonnent le mieux possible. Pour que ça fonctionne, on n'a pas besoin de quelqu'un qui nous sort un putain de solo de batterie au milieu du morceau !

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En tout cas, il y a toujours autant de cowbell sur cet album et ça fait plaisir. Ça peut faire penser à ce sketch de Saturday Night Live, où The Bruce Dickinson ne jure que par la cowbell...

J'ai toujours adoré la cowbell et depuis bien avant ce sketch (rires) ! On en met toujours, simplement parce que ça fonctionne. Par exemple, si tu prends “Hair of the Dog” de Nazareth, comment ne pas aimer ce morceau ? Je suis toujours surpris qu'il n'y ait pas plus de groupes qui l'utilisent... C'est certainement à cause de ce sketch d'ailleurs (rires). Mais on est vraiment tout le contraire, on adore la cowbell !

Sur Fire Music, il y avait beaucoup de morceaux à propos de vengeance, beaucoup plus de rancoeur également, mais ce n'est pas le cas sur Wild Cat, qui est beaucoup plus léger. Comment tu expliques ça ? Vous étiez dans un meilleur état d'esprit lors de la composition ?

C'est tout à fait ça. Pour Fire Music, on venait de sortir Rock'n'Roll is Black & Blue, il était bon mais pas autant que nous espérions. On n'était pas dans un super état d'esprit en l'enregistrant. Toute cette période du groupe, ce n'était pas très harmonieux, en fait, on ne s'amusait pas. Il y avait un tas de choses qui nous arrivaient et on se sentait pas à notre place. Du coup, sur Fire Music on a voulu concentrer tout ce que nous n'avions pas réussi à faire sur Rock'n'Roll is Black & Blue, on voulait que ce soit plus lourd, plus agressif. On avait plus de choses à expulser. Pour Wild Cat, il n'y avait pas cette rage, ça se cantonne à quelque chose de purement rock'n'roll. Je ne peux pas écrire de morceaux sur la vengeance si je n'en veux à personne . Je ne peux pas le jouer, ou l'inventer.

Le morceau “You Are My Woman” a un côté très Thin Lizzy, que ce soit au niveau du riff mais aussi dans ta façon de chanter. Est-ce que tu avais  “Jailbreak” en tête à ce moment-là ?

Evidemment, les morceaux de Thin Lizzy sont toujours dans un coin de nos têtes, que ce soit “Jailbreak”, ou d'autres. On pourrait essayer de masquer ce côté Thin Lizzy dans nos compositions, en changeant les refrains, ou je ne sais pas quoi d'autre. Mais on a choisi d'y aller à fond, je chante de la même façon que Phil Lynott sur le couplet. Il y a des petites décisions à prendre pour se rapprocher d'un certain son. Dès qu'il y avait une occasion de sonner comme Thin Lizzy, on n'a pas hésité. Les solos sont doublés, par exemple. C'est clairement notre morceau, mais on a aussi voulu rendre hommage à ce groupe, c'est notre façon de retourner à nos racines. En tout cas, ce n'est pas une influence qu'on cherche à cacher !

A propos de tes influences, tu as récemment dévoilé sur Instagram que tu étais un grand fan de George Michael.

Un très grand fan, oui ! J'ai toujours été fan de Wham! et j'ai toujours adoré George Michael. J'adore l'album Make It Big. C'est comme ça, en tant que vrai passionné de musique, je me fiche de la mode. Une fois que tu passes tes diplômes, que tu quittes l'école, tu laisses tomber  ces histoires de mode et tu oublies ce que peuvent en penser tes potes. Un morceau est bon ou il ne l'est pas, tes oreilles ne peuvent pas te mentir, quand tu trouves que quelque chose sonne bien, tu ne peux qu'aimer. J'ai toujours dit que je n'avais aucun plaisir coupable, certains milieux, certaines personnes ne peuvent pas s'empêcher de parler de plaisirs coupables. À partir du moment où tu as un plaisir coupable, tu admets que tu n'assumes pas vraiment tes choix et tes goûts musicaux et ce n'est pas mon cas ! Pour certains, écouter Slayer est un plaisir coupable car ils écoutent Olivia Newton John ou Lionel Ritchie. Pour d'autres, écouter Olivia Newton John est un plaisir coupable car ils écoutent Metallica ou Slayer. De mon côté, je m'en fous ! Je n'avais jamais parlé de George Michael parce qu'en fait, personne ne m'a jamais demandé, mais tout le monde dans le groupe ou dans l'équipe technique le sait très bien. J'ai toujours un album de Wham! avec moi. Enfin, jusqu'à ce que mon Ipod rende l'âme hier soir. J'ai toujours emmené leurs albums en tournée, et ce depuis qu'on part en tournée. Ou plutôt, depuis qu'ils ont commencé à faire des Ipod. Tout ça, jusqu'à hier soir... (rires) Vraiment, je dois trouver un moyen de le réparer, toute ma musique est dans cet Ipod et je veux la récupérer. Après pour en revenir à cette histoire de George Michael, j'ai posté ça délibérément, s'il y a bien un moment pour annoncer que je suis fan, c'est maintenant. J'ai toujours aimé ce mec, c'est juste de la bonne pop.

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Tu es souvent appelé à chanter ou jouer sur les morceaux d'autres groupes comme Nashville Pussy, Marty Friedman, Volbeat, etc. C'est un exercice que tu apprécies ?

Je suis fan de leur musique. Quand tu es fan d'un groupe et qu'ils te demandent de jouer sur leur album, c'est juste le rêve ultime ! C'est génial, par exemple j'adore Marty Friedman, de Cacophony à Megadeth en passant par ce qu'il fait maintenant. Il m'a demandé de jouer sur Inferno, un album où il y a quand même Jason Becker... Ses compositions sont sur cet album. Quoi ? Je suis sur un album avec Cacophony ? (rires) Je suis vraiment honoré qu'il m'ait proposé ça. Avec Marty Friedman, effectivement, c'est une collaboration. Je lui ai envoyé un riff et à partir de ça il a composé le morceau “I Can't Relax”. Le riff est donc devenu un morceau entier, et j'ai ensuite ajouté la voix. Concernant Volbeat, Michael Poulsen est un super mec, il a toujours soutenu notre groupe et en plus j'ai l'honneur de participer à un des meilleurs morceaux de leur dernier album ! J'ai juste suivi ce qu'il avait déjà composé, il n'y a pas vraiment eu de collaboration en tant que telle. J'y ai juste ajouté ma voix. Avec Nashville Pussy, c'était pareil, Blane avait déjà écrit tout le morceau. Je connais ce groupe depuis longtemps, on faisait leur première partie au début et il est clair que je ne dirai jamais non à Nashville Pussy ! C'est un honneur pour moi.

En parlant des débuts du groupe, il y a maintenant vingt ans que Danko Jones existe.  Comment perçois-tu l'évolution du groupe ?

Au début, on faisait plutôt partie d'une scène garage / punk, qui a eu un bel élan du milieu à la fin des années 90 avec des labels comme Crypt et In The Red, et des groupes comme Oblivians, The Gories, The Markers, The Mummies et un tas d'autres. On était plus proche de ce milieu. Mais on s'est développé musicalement, on a travaillé notre musique plus en profondeur. On s'est alors orienté vers quelque chose de plus hard rock, qui demande un peu plus de technique que ce soit au niveau des instruments mais aussi de la composition. D'autres groupes, comme The Hellacopters, viennent de la scène garage / punk et ont pris ce même chemin. À un moment, cette scène a commencé à s'essouffler. Si on prend des groupes comme The White Stripes ou The Hives, ils viennent de la scène garage de la fin des années 90. Jack White a dit lui-même qu'il avait commencé The Whites Stripes après avoir écouté Flat Duo Jets. Quand The Whites Stripes a commencé à se faire connaître et que la plupart des gens s'émerveillaient “Woh, un duo qui fait du rock, c'est du jamais vu !”, pour les gens du milieu, c'était comme Flat Duo Jets. Même le fait qu'il y ait Meg White à la batterie peut faire penser aux Demolition Doll Robs.  Après ils se sont fait connaître parce que Jack White savait composer comme personne au sein de cette scène. Au départ tout vient de là, mais oui, nous nous sommes orientés vers quelque chose de plus hard rock, et surtout, nous avons été acceptés dans ce milieu, plus vite qu'au sein de la communauté garage / punk, qui a un côté plus arrogant, où il faut sonner comme ci et enregistrer comme ça, ressembler à ça. On a juste fait ce qui nous semblait le plus naturel, même si on revient un peu à ces racines, on conserve notre esprit et ce son hard rock.

Il y a un album dont tu es particulièrement fier et qui caractérise le mieux, selon toi, l'évolution du groupe ?

Fire Music et Wild Cat, vraiment. C'est une continuité, mais pour différentes raisons c'est vraiment ceux-là que je choisirais. Rich à la batterie, Eric à la production, la composition et une bonne ambiance générale, tout ça. On ne change pas notre son, ni rien, mais on s'est trouvé en quelque sorte. Nous savons quel genre de groupe nous sommes.

C'est vrai que le son du groupe reste brut quoi qu'il arrive. Tu ne cherches pas du tout à le faire évoluer en studio, à expérimenter ou changer de matériel ?

J'aime garder mes habitudes ! J'utilise toujours le même matériel et les mêmes guitares. Je m'en fous de ces mecs avec toutes leurs pédales, leurs amplis et toutes ces merdes... Donnez-moi juste le son que j'ai en tête ! Si je trouve ce son, je reste avec. Donc oui, de la salle de répétition à la scène, je garde à peu près le même matériel. Par contre, c'est vrai que ce qui sonne en live ne sonne pas aussi bien sur album, donc à ce moment-là, je peux utiliser différentes guitares. Je prends souvent une Les Paul et une Telecaster avec moi, en studio. Pour cet album j'ai utilisé la pédale d'overdrive signature de Kirk Hammett pour tous les solos. Maintenant je vais également incorporer ça aux lives, mais c'est tout !

En deux ans vous avez enregistré deux albums live. C'était pourtant un exercice auquel vous ne vous étiez jamais confronté, pourquoi le faire maintenant ?

J'ai toujours dit qu'on ne sortirait jamais d'album live parce que pour moi il est impossible de capturer l'énergie d'un concert. L'album live que nous avons sorti sur Spotify était vraiment un test, une expérience. Mais sinon... Pourquoi pas ? Chaque concert est différent du prochain pour nous, même si nous jouons les mêmes morceaux. C'était quelque chose dont nous avions envie, par le biais d'une nouvelle plateforme, en guise d'expérience. Tandis que le Live at Wacken c'est plus que ça, c'est avant tout un DVD, avec des bonus, interviews, etc. Ce n'est pas un simple album live.

D'ailleurs, un morceau qui fonctionne particulièrement en live, et qui clôt généralement vos concerts, c'est “Bring on the Mountain”. Pourquoi ne l'avoir jamais enregistré ?

On a essayé et ça n'a juste pas fonctionné. Il faut être là. C'est aussi une des raisons qui fait que j'ai toujours été sceptique concernant l'enregistrement d'un album live. Mais je suppose qu'on continuera toujours à jouer ce morceau chaque soir. Je ne sais pas si les gens vont s'en lasser un jour... Et en même temps si ça arrivait ce serait embêtant car je ne saurais pas par quoi le remplacer (rires). On me parle souvent de ce morceau donc j'imagine que c'est parce que le public veut continuer de l'entendre. J'aime le fait qu'il y ait un morceau, qui n'existe nulle part ailleurs, qui soit exclusivement un morceau live. Au final il n'y a pas tant de groupes qui font ça mais je trouve que ça permet de garder le côté spécial, unique, qui n'est possible qu'en live.

À côté du groupe tu as un nouveau projet musical avec J.C,  tu peux nous en dire un peu plus ?

Ca s'appelle Iron Magazine, c'est avec J.C et moi, et deux mecs du groupe finlandais Circle. C'est un groupe qui existe depuis 25 ans, ils ont sorti une douzaine d'albums. Si tu regardes sur Discogs tu vas voir une discographie énorme (rires). Circle a toujours été un groupe un peu expérimental. Il y a de ça quatre ans, j'étais en Finlande, je me demandais qui étaient ces types, qui se cachait derrière ce groupe et on m'a parlé de Jussi Lehtisalo. Il parait aussi qu'il m'a envoyé une boîte contenant plusieurs albums mais je ne l'ai jamais reçue ! On s'est parlé, on a pas mal échangé par mail et on s'est bien entendu. Il aime beaucoup le metal, le punk, et même si on n'aime pas les mêmes groupes on aime le même genre de musique. Il a d'ailleurs un autre groupe, Aktor, avec Chris Black de High Spirits. Il m'a envoyé des morceaux, j'ai chanté dessus et il m'a dit qu'on devrait carrément faire un groupe. J.C y a ajouté la basse. Au final, on a quatre morceaux, ça va sortir sous forme d'EP début février. J'ai finalement rencontré Jussi il y a tout juste deux ans, on s'entend vraiment bien, c'est un amoureux de musique. En plus d'être un génie... Ce type doit avoir dix groupes, tous aussi bons les uns que les autres. Et il possède aussi un label. Tous les mois il sort un nouveau truc complètement fou, donc Iron Magazine n'est que l'un d'eux ! C'est ça que j'adore.

Pour terminer, une dernière question : si tu devais citer juste deux albums qui ont changé ta vie, ce serait lesquels ?

Peut-être Kiss, Alive! ... Ou plutôt Double Platinum, où il n'y a que le meilleur. Et puis … Out of Step de Minor Threat ! Après, redemande-moi ça demain, je t'en donnerai deux différents. Mais aujourd'hui, c'est ces deux-là ! (rires)

Merci beaucoup pour cette interview Danko ! Si tu as un dernier message à passer aux lecteurs de La Grosse Radio Metal, c'est le moment.

Wild Cat sort ! Et j'espère que tout le monde pourra l'écouter !

Album en chronique, à lire cet après-midi dans nos colonnes !

Crédits photos : DR
 

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