Cannibale – No mercy for love

Les cinq Normands de Bow Low n'y vont pas par quatre chemins pour expliquer leur changement d'enseigne. "Pourquoi Cannibale ? Parce que c'est ce qu'on est ! On ingurgite la musique des autres, on la digère et on se l'approprie pour régurgiter notre propre musique." Ils donnaient auparavant dans l’indie rock d'inspiration moriconienne. Avec ce premier album, ils bouffent à plusieurs râteliers, piochant sans complexe dans la cumbia, l'ethio-jazz ou le psyché sixties… Ne zappez pas, les gros rockeurs ! Les Cannibale ont nappé leur recette sucrée-salée de bons gros sons de guitare et de clavier saturés, limite crades. Promis, c'est tout sauf du gloubiboulga. Une petite merveille de groove, on vous dit… 

Manuel Laisné, guitariste de Cannibale et auteur des musiques, n'a sans doute pas peiné à convertir ses comparses à ce changement de cap. Le duo basse-batterie pour lui, c'est la base. Il ne peut pas blairer le trop-plein de gratte. Et le clavier est indispensable pour ambiancer tout ça. Tout le monde est donc tombé d’accord pour donner dans la fusion totale… Ce n’est pas par hasard si "No mercy for love" qui ouvre le bal, a été choisi comme étendard. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils annoncent la couleur avec l’afrobeat qui domine ce titre. Un choix évident au vu de son thème. Le refrain incantatoire, limite vaudou - "Satan is a lonely saint/ Satan is your only friend" - est plus qu’explicite. Un morceau hérétique et envoûtant à souhait…

Que dire des "everything is alright" de "Mama", scandés d’une voix rauque par Nicholas Camus. Pour les "plus jeunes", ça fleure bon le bayou du père Nick Cave. Pour les "plus tout-jeunes", ça sent le souffre des Stranglers, période The Raven. Guitares craspecs et orgue lyrique à l’appui. Intro au clavier quasi liturgique, mélodie entêtante, phrasé so british de Nicholas, chœurs inspirés sur le refrain…"Hidden weath" prolonge avec brio cette atmosphère. Taillé dans la même veine, "Choppy night" se veut lui plus groovy et amorce le changement d’ambiance qui va suivre avec "Carribean dream".


"Mama" le clip sorti le 28 mai

After dark, the sun, direction les Caraïbes ! "Carribean dreams", son clavier qui skank comme dans les compil’ Trojan. Son refrain acidulé qui rappelle les meilleures sucreries de Madness. Ça fait tellement son effet que les Cannibale récidivent un peu plus loin avec "Caterpillar". "Diabolik prank" ose lui, une new-wave qui aurait oubliée d’être morose. Lequel d’entre vous a dit Talking heads ? Et c’est la cumbia qui se taille la part du lion sur "Speck of dust". Une mixture que n’aurait sans doute pas renié un certain Joe Jackson à l’époque de Body & soul. "Rays of light" dispute à "Three minute god" le titre de "plus-psyché-tu-meurs". Dans les deux cas, fermez les yeux, ça fuzz de partout. On nage en plein dans la brume du Swinwing London… Si vous parcourez les chroniques web des collègues, vous vous rendrez compte que des noms illustres fusent de partout et sont souvent différents. Rien d’étonnant à cela. Les Cannibale ont réussi leur coup. Voire un véritable tour de force ; ils sont rarissimes ceux qui parviennent à transcender leurs références, sans pour autant être indigestes.

Nul doute qu’en écoutant vous aussi No mercy for love, vous en trouverez d’autres de ref’. L'album complet est disponible sur Youtube (cela ne vous dispense aucunnement de leur acheter, n'est-ce pas ?). Si vous en trouverez d’autres des ref’, n’hésitez pas à nous les transmettre en commentaires de cet article… Où ça ? Mais sur la page Facebook de la Grosse Radio, pardi !

Sortie le 3 mars chez Born Bad Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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