Enter Shikari – The Spark

S’attaquer à un album d’Enter Shikari est toujours une lourde tâche, et essayer d’en chroniquer un demande beaucoup de courage. Depuis le début des années 2000, les Anglais ont su proposer une musique qui défie toute concurrence : inclassable, car tellement riche en influences. Post-hardcore à l’origine, mais évoluant vers un son plus rock / electro au fil du temps, il est impossible de coller une étiquette au groupe. Et c’est justement ce qu’Enter Shikari veulent. Avec The Spark, c’est encore un autre palier que franchit la bande, en nous offrant un album plus mélodique et plus ambitieux.

Ce qu’on retient d’Enter Shikari, le plus souvent, ce sont ces riffs percutants et incisifs qui ont fait leur succès («Sorry You’re Not A Winner»), mais aussi ces passages electro hardcore qui nous donnent des frissons à chaque écoute : «Destabilise» ou encore «Juggernauts». La popularité du groupe vient également de leur engagement politique : ils n'ont jamais arrêté de partager leurs idées, de critiquer certaines décisions du gouvernement britannique et de défendre haut et fort les droits de chacun. Les conditions de survie des migrants, la lutte anti-racistes, anti-homophobes, la défense de la sécurité sociale, l’environnement… ce sont ces thèmes-là que Rou Reynolds et ses camarades abordent dans leurs chansons.

Niveau musical, parce que c’est évidemment un des points essentiels, Enter Shikari ont troqué les guitares fortes et le chant crié contre des synthés et des pianos. La piste d’introduction éponyme est un hymne, et lorsqu’il s’agit de symboles, soyez sûrs que le groupe est très fort dans le domaine. Le premier single nous avait d’ailleurs donné le ton : «Live Outside», qui dépeint une certaine dystopie dans la société, n’est rien d’autre qu’un morceau electro / pop entêtant, le genre de chanson qui vous marque, que ce soit en bien ou en mal. On pense vite au roman 1984 de George Orwell, le thème étant similaire, et les paroles sont criantes de vérité.

Au cours de leur carrière, Enter Shikari n’ont jamais voulu s’auto-catégoriser, et c’est d’ailleurs pourquoi leurs oeuvres sont très différentes. The Spark est donc l’apogée de la maturité pour le groupe, et même si le disque se concentre moins sur les riffs, mais plus sur les morceaux en général, il n’en reste pas moins intéressant, et chaque titre mériterait que l’on s’y attarde davantage. Produit par David Kosten (Everything Everything, Natalie Imbruglia) et Rou Reynolds, l’album est une pure merveille concernant la production et le mixage. Réussir le pari de confiner toutes les idées du groupe en 11 titres, en conservant toute sa fougue et sa colère n’était pas un défi facile.

On est assez vite dépaysé en écoutant The Spark, mais pas tant que ça. On le sait tous, Enter Shikari sont les rois de l’expérimentation, et c’est encore une fois réussi. Alors que «The Sights» révèle une nouvelle facette d’Enter Shikari (avec des influences très pop, electro), «Take My Country Back» ou «The Revolt Of The Atoms» nous prouvent que le groupe n’a pas perdu de sa superbe, et sait encore écrire des morceaux évocateurs. Pour autant, la guitare n’est pas oubliée (merci Rory Clewlow), il suffit d’écouter le riff d’intro de «Rabble Rouser», nous faisant penser à celui de «Bank Of England» (un peu). Rou Reynolds en est d’ailleurs le narrateur principal, et son chant mixant parties chantées et «rappées» fait tout son effet.
 

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Crédits photo : Jenny McCord

Les arrangements sont très travaillés, et ceux-ci, étant le plus souvent pop / rock, ne manquent pas d’audace. «Undercover Agents» et son ambiance à la Twenty One Pilots est étonnante de justesse, tout comme l’instrumental de «Shinrin-yoku». Certes, les morceaux sont calmes, avec des mélodies posées et recherchées, ce qui pourrait être une aberration quand on pense à ce que les anglais nous ont habitué avec leurs précédentes compositions. Cependant, l’esprit rock et punk que le groupe revendique est présent, et il se ressent dans tout The Spark.

Rob Rolfe (batterie) et Chris Batten (basse) n’ont pas à rougir de leur travail, ils composent à eux deux une base rythmique que l’on peut qualifier d’excellente dans tout l’album. Parfois, la batterie passe en mode metal («The Sights») et l’on retrouve l’essence même du groupe. Peut-être peut-on noter un certain déséquilibre entre la première partie de l’album (rentre-dedans, très énergique et efficace, avec des refrains qu’on a envie de hurler à pleins poumons), et la seconde, plus douce, faisant la part-belle à l’électronique et aux sons planants. Quoi qu’il en soit, The Spark est une bombe dans son genre et porte bien son nom (l’étincelle). Enter Shikari sont et resteront Enter Shikari, des gamins qui ne cessent de faire évoluer leur musique, tout en gardant leur charme et leur côté expérimental. Jamais deux albums ne se ressemblent, jamais deux morceaux ne semblent identiques, et c’est ça qui fait la force du groupe.

Sortie le 22 septembre chez [PIAS]

 

Tracklist :

1. ‘The Spark’
2. ‘The Sights’
3. ‘Live Outside’
4. ‘Take My Country Back’
5. ‘Airfield’
6. ‘Rabble Rouser’
7. ‘Shinrin-yoku’
8. ‘Undercover Agents’
9. ‘The Revolt Of The Atoms’
10. ‘An Ode To Lost Jigsaw Pieces’ (in two movements)
11. ‘The Embers’

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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