Fleet Foxes – Crack Up

Venez venez, faites-vous une petite place au coin du feu et laissez Robin Pecknold vous compter mille et une histoires. Fermez les yeux et sentez-vous tout doucement glisser pour vous réveiller au beau milieu de festivités d’un autre temps. Un temps ou les bouffons et saltimbanques animaient les places de villages et les banquets royaux. Tambourins et guitares aux sonorités enivrantes, le quintet de Seattle revient après six ans de silence et nous propose comme une balade spirituelle, comme un voyage initiatique que chacun interprètera à sa façon mais sera toujours impacté par la puissance et la clarté de l’album. 

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Crédit Photo: Shawn Brackbill

Il était une fois … Tout commence par des murmures et des notes de guitare hésitantes. Un peu comme s’il venait de se réveiller, le groupe lance la machine à café. Ça grommelle, c’est légèrement dissonant mais ça attise la curiosité qui elle aussi, sommeille en nous. Soudain, la caféine fait effet et la mécanique est lancée. À grands coups de guitares folk, de touches aiguës de piano et de percussions, on entre dans une espèce de cacophonie organisée. Même au niveau de la composition, on peut vite avoir l’impression que c’est un enchevêtrement de figures de style et de phrases sans queues ni têtes qui en ferait pâlir d’envie Julien Doré.  Mais en prenant l’œuvre dans son ensemble, c’est un monologue, comme une rupture d’un couple tiraillé entre l’envie de l’autre et le regret d’avoir osé s’offrir. Comme son nom l’indique, "I Am All That I Need /Arroyo Seco / ThumbprintScar" n’est pas un morceau simple de compréhension mais il ne laisse présager que du bon (ou une bonne dose de courage/d’aspirine pour certains) pour la suite du voyage.
 

C’est après ce beau prologue que nous, héros de l’histoire, embarquons dans nos péripéties. La chanson "Cassius,-" sent bon les fêtes d’Automne, les feuilles mortes oranges et rouges tourbillonnantes au-dessus de nos têtes et les marrons chauds. Une mélodie oppressante et ensorcelante clôt le morceau, un peu comme si la fin de soirée à la fête s’était emballée. On se réveille avec une légère brise et une bonne gueule de bois avec l’agréable balade "-Naiads, Cassadies". Les plus observateurs d’entre vous auront remarqué que les deux morceaux terminent et commencent respectivement par un trait d’union, ce qui peut témoigner la volonté de créer un lien, une vrai histoire, une suite logique dans l’expérience.
 

"Keptwoman" est, tout comme "If you need to, keep time on me", moins surprenante mais nullement ennuyeuse, cela fait même du bien à mes neurones de retrouver une chanson à la construction plus simple. Comme les rayons de la lune percerait les nuages, la voix de Pecknold est claire, enchanteresse et se distingue de l’ensemble des voix toujours présentes, à la manière d’un excellent Crosby, Still, Nash & Young.
 

Ensuite vient la pièce maitresse, le plat de résistance, le chef d’œuvre de cet album. Long de 8 minutes 45, "Third of may/Šdaigahara" est un des morceaux vitrines de l’album, un morceau démonstration que tout grand groupe rêverait voir trôner sur son comptoir en guise de présentoir. C’est maitrisé du début à la fin et c’est beau. On pourrait découper la chanson en trois chansons aux ambiances et mélodies totalement différentes alors qu’à aucun moment la transition se fait dérangeante à l’écoute. La première partie est joyeuse, printanière et festive, la deuxième est plus sombre alors que la dernière partie clôt à la manière d’un songe qui arrive sur la fin, doux et flou. Délicieux.
 


C’est après le savoureux "Mearcstapa" dont l’intro ressemble à s’y méprendre à "Guinnevere" (encore de la bande à Crosby) que l’on commence à être rassasié. Il faut dire que le voyage n’est pas de tout repos. À force de vouloir jouer la carte de la complexité et de la grandiloquence, rien ne se ressemble et tout se ressemble à la fois. Il faudra donc laisser sa chance aux morceaux de manière individuelle pour éviter d’avoir les molaires qui baignent. Ça serait dommage de passer à côté de morceaux comme "Fool’s errand" ou encore "Crack-up" qui concluent le trip de la même manière qu’il a commencé : mystique.
 

C'est avec peine que l'on parviendra au bout de cet album bourré de qualité, de bonne volonté et de talent mais trop de grandiloquence tue la grandiloquence. Comme dit précédemment, les fans du genre seront ravis de se voir couvrir de guitares à douze cordes, d’arrangements minutieux et d’enchevêtrements de voix chorales quand d’autres se verront perdus à la moitié des onze morceaux, gâchant l’expérience, ternissant le voyage tel un avion en retard. 

Le groupe sera en concert au Trianon à Paris les 20 et 21 novembre

TRACKLIST
1. I Am All That I Need / Arroyo Seco / Thumbprint Scar
2. Cassius, -
3. - Naiads, Cassadies
4. Kept Woman
5. Third of May / ŠŒdaigahara
6. If You Need To, Keep Time on Me
7. Mearcstapa
8. On Another Ocean (January / June)
9. Fool's Errand
10. I Should See Memphis
11. Crack-Up 
 

Sorti le 16 Juin 2017 chez Nonesuch Records. 

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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