Wand – Plum

Après un premier album solo en 2016, The Unborn Capitalist from Limbo, et une participation, avec son batteur Evan Burrows à l’album Emotional Mugger de Ty Segall la même année, Cory Hanson réactive Wand, et publie ce 22 septembre le quatrième album du groupe, Plum, toujours chez Drag City Records/Modulor. L’équipe accueille deux nouveaux membres pour l’occasion, Robert Cody à la guitare, et Sofia Arreguin au synthé. La section rythmique reste inchangée, avec Evan Burrows derrière les futs, donc, et Lee Landay à la basse.

Du premier album, Ganglion Reef en 2014, à Plum, le registre exploré par Wand semble s’être progressivement adouci. Les influences pop, déjà bien présentes sur le précédent 1000 Days, prennent encore plus d’importance ici – mais le bon côté de la pop, celui des mélodies chiadées et des structures droit au but, sans amollissement systématique. Si elle ne fera sans doute pas l’unanimité, on se rend compte lorsqu’on écoute la discographie dans son ordre chronologique que l’évolution est d’une cohérence indiscutable. Les bonnes idées constituant ces nouveaux morceaux ne semblent découler que du parcours déjà effectué, comme ce jeu de guitares, tout  en émulsion sur "Plum", vestige apparent du passé stoner du groupe ; simplement, elles sont ici jouées en son clair, dépouillées des distorsions lourdes, donc, qui dominaient jadis et plaçaient Wand dans le sillage d’un Thee Oh Sees juvénile. On pourrait y voir là une tentative d’émancipation, comme il semble difficile d’échapper au parrain John Dwyer lorsqu’on habite en Californie.

Quant à la voix, l’intérêt de Wand résidait principalement en la capacité de Cory Hanson de se placer en retrait des instrumentaux massifs, pour tisser quelque tendre mélodie  en décalage avec la violence alentour. Ici, elle est centrale, et ce sont les autres instruments qui se mettent au diapason, forcés de se faire plus petits. Chacun est donc poussé dans ses retranchements, ce qui donne lieu à de belles surprises, comme le jeu de batterie qui, aéré, gagne en subtilité. Cette discrétion obligée en revanche, est en quelque sorte un frein à l’intégration de Sofia Arreguin, qui lorsqu’elle ne chante pas, semble peiner à s’imposer, son clavier demeurant relativement rare.

Ainsi, à l’exception de "White Cat", aux sonorités électroniques inhabituelles pour les Angelenos, et finalement seul morceau parvenant à couvrir  la perceuse du voisin tout du long, les titres de Plum ne retrouveront la violence et le dynamisme corrosif d’antan qu’épisodiquement, par fulgurances, que ce soit heureux ("Bee Karma", son riff classic-rock de la première heure, une réussite, même avec un refrain ressemblant à ce point à un tube des Poppys) ou non ("Charles de Gaulle", pas aussi ennuyeux que le tome 3 de ses Mémoires de Guerre, mais un crescendo tout en entrelacements de chœurs un peu vain). 

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Le communiqué joint à l’album affirme que les méthodes de travail, à l’arrivée des deux nouveaux membres, ont changé : les  improvisations nées dans le local de répétition, et arrangées collectivement ont pris le pas sur les compositions personnelles de Cory Hanson (ce qui rend d’autant plus intéressant le fait que, paradoxalement, sa voix soit ainsi mise en valeur). La spontanéité naissant d’un tel exercice d’écriture se constate tout au long de Plum, et culmine au moment de "Blue Cloud", titre le plus long de l’album, où les structures évoluent lentement, naturellement, portant l’auditeur au bout des 7 minutes 51 en le faisant glisser sur une rythmique d’une trivialité dansante. On débouche alors sur le final, "Driving", plus de 7 minutes également, dont le lyrisme un peu stéréotypé, tout en crescendos des années 80 sur les refrains est touchant et niais à la fois. La douceur de l’instrumental, guitares claires et ouh-ouh harmonisés finit toutefois par nous apaiser, concluant l’album joliment.

Afin d’écrire la quatrième ligne de sa discographie, Wand propose donc un album cohérent, et globalement réussi en dépit de ses quelques longueurs. On apprécie la prise de risque : le groupe laisse en arrière les terrains déjà acquis à leur cause, et s’active audacieusement en vue de nouvelles conquêtes. Mais, si la composition a su rester pertinente, la nouvelle ligne directrice pourrait décevoir  une partie de son public ; ça lui fera les pieds.

Crédits photo : Kyle Thomas
Sortie le 22 septembre chez Drag City/Modulor

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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