Primus – The Desaturating Seven

Lorsqu'en 2014, la bande de Les Claypool proposait une réinterprétation de Charlie et la Chocolaterie, on était en droit d'avoir quelques frayeurs. Pourtant, bien plus travaillé et appréciable que Green Naugahyde, le groupe avait repris du poil de la bête et récupéré son univers complètement loufoque que l'on aime tant. Alors forcément, The Desaturating Seven, en plus de retrouver les titres alambiqués qui nous font toujours rire avec Primus, est accompagné de son lot d'attentes. Parce qu'on ne déconne pas avec Primus.

Ceux n'ayant pas adhérés au délire conceptuel et préférant un album plus "traditionnel" de Primus (terme antinomique tant le groupe dans son essence s'affranchit de tout code, devenant un concept en soi) peuvent d'ores et déjà fuir, Les Claypool a cette fois-ci décidé d'adapter en musique un livre qu'il contait à ses bambins, The Rainbow Goblins, et dont il trouve l'imagerie et la force évocatrice digne de se voir affubler un nouveau canon.

Évidemment, à tout délire aérien proposé par leur comparse bassiste-chanteur, Larry Lalonde et Tim Alexander répondent présents, et les couleurs acidulées que l'on vit telles un trip en compagnie du Sergent Pepper sont de nouveau de la partie. L'album est travaillé comme un seul et unique morceau découpé en plusieurs parties que l'on distinguera difficilement lors des premières écoutes, mais qui se rapprochent en tous points de ce que Primus sait faire de mieux. Souvent issus d'une narration progressive, les titres laissent planer leur introduction, posant un décor polyphonique où la descente en force de la basse finit par exploser le ciel nuageux et apporte son lot d'éclaircies, de loufoque, de psychédélisme spontané qui se mêle à notre propre imagination.

Primus, The Desaturating Seven

Et on aura rarement vu le groupe aussi pertinent dans sa musicalité. Tim Alexander martèle ses futs avec vivacité, nous faisant pleinement apprécier son retour enfin confirmé, et Larry Lalonde, dont la guitare fait toujours guise d'accompagnement saturé, excelle dans ses interventions, souvent en arrière-plan malgré beaucoup plus de présence en lead qu'à l'habitude. Si l'impression de vivre autour du Les Claypool show demeure tenace, on sent une cohésion envers des musiciens infatigables qui ne cesse de surprendre par de nouvelles prises de parti et de risque hautement jouissives.

Mais qu'on ne se mente pas : Si vous n'aimez pas et avez un mal fou à adhérer à Primus, The Desaturating Seven vous rebutera encore plus. Un grand nombre d'aficionados du groupe seront d'ailleurs eux aussi perplexes devant une œuvre plus diffuse, plus dense et inaccessible. Mais qui a énormément à offrir si tant est que l'on se plonge dedans. Avec ses voix basées sur l'étrange et des compositions intenses, longues et complexes, ce nouvel album de Primus est une oeuvre passionnante, profondément addictive, et surtout un énorme succès pour un groupe dont l'on espère un avenir toujours plus productif.

Sorti le 29 septembre chez Prawn Songs Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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