Il nous aura fallu 29 longues années d'attente interminable pour voir ressurgir The Dream Syndicate et revendiquer à nouveau un rock psychédélique digne de ce nom. Le groupe nous offre avec ce cri de ralliement, How Did I Find Myself Here?, une belle victoire. Ne vous reste plus qu'à passer chez votre psy ou bien adhérer au Syndicat du Rêve.
Steve Wynn s'entoure ici de ses anciens compagnons de route Dennis Duck et Mark Walton, respectivement batteur et bassiste du syndicat historique. Il s'adjoint également les services du guitariste Jason Victor, fidèle lieutenant depuis plus de quinze ans au sein de Steve Wynn & The Miracle 3. "Filter Me Through You" véritable trait d'union entre la période glorieuse du Dream Syndicate et les virées solos de Steve marque le début des hostilités. Tout en douceur, histoire de ne pas trop brusquer les militants de retour. "Glide" enchaîne avec son cortège de riffs persuasifs et insistants, incitant à converger vers le grand rassemblement.
La colère monte d'un ton et se fait ressentir à travers " Out Of My Head" aux guitares acides et au discours plus musclé, faisant parfois penser par son chant aux 3 Headed Dogs, révolutionnaires français tombés dans l'oubli le plus total. Quand Mark Walton entâme l'intro de "80 West" avec ce son de basse lourd et pesant, mêlé aux luttes intestines de nos deux guitaristes, on ne peut s'empêcher de penser à leur plus beau combat de 1981 et la sortie de leur premier méfait, Days of Wine and Roses.
Avant que les flics ne sonnent la charge, le groupe calme l'ardeur des troupes avec "Like Mary" teinté d'une classe velvetienne. On en laisserait presque échapper quelques larmes. A moins que ce ne soit l'effet des premières lacrymos... Vous connaissez la formule "Sous les pavés: la plage!". Puisqu'on parle de pavé, "The Circle" en est un sacré, jeté à la gueule de l'auditeur, où le groupe harangue la foule, dans une divagation proche des 13th Floor Elevators.
Notre tribun se lance alors dans uns discours fleuve de 11'13" avec "How Did I Find Myself Here?", véritable porte drapeau de ce nouvel opus. Pierre angulaire des futurs shows à venir, où nos syndicalistes ne manqueront pas d'exprimer leur sens de l'improvisation. On en veut pour preuve cette vidéo où John Paul Jones l'ex-bassiste de Led Zeppelin rejoint les rangs du Syndicat pour une jam session dantesque.
Le groupe clot le débat avec "Kendra's Dream" qui aurait pû se limiter à un clin d'oeil à Kendra Smith, ancienne compagne de Steve au sein des Suspects, puis première bassiste du Syndicat, qui vit aujourd'hui reclus dans une forêt. On est charmé par cette langoureuse ballade, portée par le syndicaliste de l'ombre, Chris Cacavas, ex-Green On Red, ami de longue date de Steve, ici claviériste et producteur de l'album, quand à la surprise générale Kendra Smith vient poser sa douce voix. On ne peut que succomber et adhèrer à un tel projet.
Parution le 8 Septembre 2017 sur Anti Records.
