Lee Ranaldo à  La Maroquinerie le 23/02/18

De notre gros envoyé spécial, Palem Candillier

Suite à notre interview avec Lee Ranaldo en octobre dernier, le label PIAS nous a ouvert les portes de la Maroquinerie à l’occasion de la Gonzaï Night. Une « nuit sonique » promise par le magazine qui offrait sur le même plateau l’ex-Sonic Youth en promotion européenne de son dernier album, « Electric Trim », et deux formations françaises dont les noms circulent déjà depuis un petit moment.

Les bien-nommés Santiago ouvrent la soirée dès 20h. Le quatuor franco-chilien se réclame à juste titre du psychédélisme de la scène cocorico des années 70 : on a rarement entendu un mélange aussi équilibré entre textes suggestifs dans notre langue (« Il est parti ») et longues envolées instrumentales.

Lee Ranaldo, La Maroquinerie

En terme d’énergie, le groupe n’a pas à rougir, et leurs successeurs MNNQNS non plus d’ailleurs, en poursuivant la soirée avec un show efficace et précis, pour ne pas dire complètement redoutable. Dans une veine davantage « Arctic Monkeys sous amphets », les quatre rouennais font honneur à la tête d’affiche par leur sensibilité quasi-bruitiste sur certains passages. Sobres, déterminés et concentrés, ils bastonnent devant une Maroquinerie maintenant remplie. Leur performance est malheureusement un peu longue et empêche la claque d’être bien nette. Une partie du public regrettera aussi de ne jamais avoir eu d’explication sur l’hommage ironique du chanteur à la ministre de la culture belge !

Après un changement de plateau complet, Lee Ranaldo investit enfin la scène. Le new-yorkais nous avait annoncé une configuration « trio de chambre » pour cette tournée avec quelques aménagements électriques. Cette formule est toujours au rendez-vous : seuls le producteur de son disque Raul «Refree» Fernandez et le batteur Booker Stardrum l’accompagnent. L’un fait office de véritable poulpe musical qui alterne claviers noisy, guitare et chœurs parfois dans un même couplet, pendant que l’autre impressionne par son jeu tout en nuances et jamais bavard.

Armé de guitares acoustiques, d’un archet et de cloches tibétaines, Ranaldo emmène le public à travers l’interprétation quasi-complète d’ « Electric Trim ». Avec peu d’arrangements, il parvient parfaitement à faire revivre cet album volontairement contemplatif et folk régulièrement traversé par le larsen et la distorsion. Le public est à l’écoute et laisse chaque chanson se finir dans un silence quasi-religieux, appréciant autant la pop à l’américaine de « Circular (Right As Rain)» et le rock « cow-boy » de « Uncle Skeleton » que la conclusion délicate du concert, dans laquelle Lee Ranaldo se rapproche tout en douceur de ses modèles Joni Mitchell et Leonard Cohen.

Au bout d’une heure d’une parfaite alchimie entre des morceaux aux couleurs variées et des improvisations sans abus, le trio quitte la scène pour revenir interpréter « Ambulancer », extrait du deuxième disque solo du guitariste « Last Night On Earth ». Mais cette fois, la chanson est jouée dans une version dépouillée et presque recueillie très surprenante.

Gonzaï a offert une belle nuit à la Maroquinerie, sans peur des mélanges d’énergies et de styles, patronnée par la bonhommie et la générosité d’un Lee Ranaldo qui écrit un chemin toujours plus personnel et passionnant.

Texte & photos : Palem Candillier

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