Fu Manchu (+ Red Diesel) au Trabendo (02.03.2018)

Un nouvel album et un retour de Fu Manchu sur une scène parisienne, c’est bien la meilleure chose qui pouvait arriver au public stoner de la capitale en ce début 2018. D’autant que si Gigantoid avait pu décevoir en 2014, Clone of the Universe sorti en février est une vraie réussite. Pour l’occasion, les Californiens se payent le luxe de remplir un Trabendo avec une communication en amont de la date quasi-nulle. En somme, Fu Manchu est venu pour nous assommer, et Fu Manchu ne va pas nous rater.

Red Diesel

Pour ouvrir la soirée, le combo local Red Diesel a été choisi en toute dernière minute. Évoluant dans un hard-rock aux influences très marquées, on se rend vite compte de l’écart de style avec la tête d’affiche et le public a un peu de mal à se mettre dans le bain.

Ici, on est dans un hommage à Led Zeppelin pur et dur sans grande originalité, mais le niveau technique des musiciens est très bon et nous permet d’occulter ce détail. Antoine au chant possède une voix collant parfaitement au style et laisse entrevoir un potentiel intéressant. C’est assez rare pour être souligné, les passages blues sont eux aussi plutôt bien sentis et dans l’ensemble, la performance est plus qu’honorable.

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Des imperfections sont clairement visibles comme ces passages instrumentaux interminables où les musiciens solistes cafouillent, mais il ne faut pas oublier que le groupe semble encore très jeune et peut encore corriger ces défauts s’il en prend conscience. La balle est dans leur camp. Pendant une demi-heure, Red Diesel va dérouler son set dans une ambiance d’indifférence générale, et l’attitude légèrement provocatrice a pu agacer les spectateurs stoner peu habitués à ce genre d’extravagances. Difficile de savoir si Red Diesel a pu gagner quelques fans ce soir, mais le groupe a indéniablement du potentiel pour toucher une frange du public rock. De quoi laisser augurer de bonnes choses pour l’avenir.

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Fu Manchu
 

Revoilà donc Fu Manchu en terre parisienne, avec un public bien décidé à tout donner dès l’entame, « Clone Of The Universe ». Scott Hill, toujours vêtu de son éternel polo délavé s’avance sur scène et sa voix si particulière résonne dans le Trabendo pendant que les corps commencent à se mouvoir à l’unisson. C’est toujours un exercice particulier d’essayer que de retranscrire l’ambiance d’un set de Fu Manchu. Souvent, la même chose se produit : les quatre musiciens ne font en pratique rien de plus que tout autre groupe de rock et quand on les regarde comme ça ne se dégage pas un charisme criant. Pourtant, toute la salle est transportée sur une autre planète, sans qu’il existe une explication logique.

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Une partie de l’explication, c’est en tout cas le son absolument parfait qui nous arrive dans les oreilles. Gras et saturé au possible, la basse et la batterie vrombissent dans nos estomacs sans prendre le pas sur le reste et l’ensemble forme un mur compact s’abattant sur la foule. Scott Hill surplombe le tout avec son chant linéaire tout en allant régulièrement se frotter au premier rang. Le frontman sait aussi se faire discret lorsque c’est au tour de Bob Balch de faire parler ses solos à la pédale wah-wah, tous exécutés à la perfection. Pas de samples ni d’ordinateurs en vue, juste les quatre instruments trafiqués par les pédales d’effets, c’est tout ce qu’il faut pour créer l’ambiance irréelle qui emplit le Trabendo.

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La setlist est assez intelligemment construite, alternant entre nouveaux titres et vieux classiques qui provoquent tous une explosion de joie à leur annonce. « Eatin’ Dust », « Hell on Wheels », « California Crossing », tout y passe et on se rend surtout compte que Fu Manchu est à son aise dans toutes les situations. Que ce soit dans les passages doom où les nuques se brisent ou dans les accélérations punks où les plus téméraires tentent des stagedives, le groupe conserve toute sa classe et sa force de frappe. Le groove de la section rythmique y est pour beaucoup avec un Scott Reeder frappant ses fûts bien comme il faut en plus d’assurer les chœurs comme les trois autres membres.

De façon assez amusante, Scott Hill entrecoupe de nombreux titres d’un « Thank you very much » prononcé à chaque fois de la même façon, de quoi déclencher quelques rires dans l’assistance. Évidemment, l’un des passages obligés du set est « King Of The Road », décuplant une nouvelle fois l’ambiance du moshpit. Le frontman profite de ce moment pour annoncer la dernière chanson : rien de moins que « Il Mostro Atomico » et ses dix-huit minutes au compteur ! Pour un groupe habitué aux formats courts, ce titre aux accents rock progressif parait bien démesuré mais là encore, le talent d’interprétation fait la différence et transporte le public dans les étoiles.

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Cela fait plus d’une heure que Fu Manchu est sur scène mais le quatuor revient tout de même pour un rappel non inscrit sur la setlist. Scott Hill demande aux spectateurs du premier rang ce qu’ils veulent entendre et reçoit des réponses farfelues qui le font sourire. Pas de surprise au final, ce sont les classiques « Boogie Van » et « Saturn III » qui viennent terminer ce set dantesque. On a l’impression que le concert a commencé il y a à peine cinq minutes mais non, cela fait bien 1h30 que les riffs gras et répétitifs s’abattent sur nous.

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Au final le résultat est là : un moment exceptionnel et un sentiment de puissance partagé de façon unanime. Plus que n’importe quel autre groupe de stoner, Fu Manchu règne sur la scène et doit être vu en live au moins une fois dans sa vie. Prions pour que les Californiens continuent de revenir nous voir dans le futur.

Setlist:
Clone of the Universe
Evil Eye
Eatin' Dust
California Crossing
(I’ve Been) Hexed
Hell on Wheels
Mongoose
Nowhere Left to Hide
Dimension Shifter
King of the Road
Il Mostro Atomico

Boogie Van
Saturn III

Photos: Justine Cadet / Justinator 2018

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