Bison Bisou pour le Crossroads Festival de Roubaix (12-15/09/18)

A l'occasion du Crossroads Festival de Roubaix, festival européen de découvertes musicales,  qui se tiendra du 12 au 15 septembre, nous nous sommes entretenus avec 14 groupes rock qui y seront présents. L'occasion de faire connaissance et d'aller les voir sur scène à la Condition Publique. Aujourd'hui Bison Bisou, sans doute le groupe de cette porgrammation que nous connaissons le plus sur La Grosse Radio (voir liens sous l'article), avec son gros rock de déglingo sans être foutraque, un délice furieux sur scène.

Tous les concerts du mercredi 12 au vendredi 14 septembre sont gratuits sur inscription !

Au programme :
> Une trentaine de concerts au format "showcase" de groupes des Hauts-de-France, de nombreuses autres régions françaises (Grand Est, Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val de Loire, Auvergne, Pays de la Loire...), de Belgique, du Luxembourg et du Canada.
> Des temps forts à destination des professionnels de la musiques et des musiciens (conférences, ateliers, rencontres...).  

Infos pour Bison Bisou au Crossroads ici sur le site du festival.

1/ Quel festival auriez-vous aimé faire cette année (pour sa prog' ou pour le trip) ?

On n'arrête pas de nous parler de Binic, l’esprit du festival nous plaît bien et le site a l’air superbe. Puis on aime bien la Bretagne, les gens sont très réactifs, on adore jouer là-bas. Après, Bison Bisou au Biche Festival, ou à La Ferme Électrique, ça sonne pas mal non plus… On aime les fest indés qui se mouillent un peu sur la prog' en proposant des choses qui sortent de l’ordinaire.

On n’a pas pu jouer à Stéréolithe (Nancy) par exemple où nous étions invités, à cause d’un problème d’agenda, mais on espère vraiment y être l’année prochaine.  

2/ Si vous étiez programmateur, quel groupe n'auriez-vous pas programmé cette année en festival ?

C’est compliqué à dire, car on sait bien que les programmateurs ne font pas jouer uniquement les groupes dont ils sont fans à 1000%, surtout sur les grosses machines. Donc si on se met à la place d'un programmateur, j'imagine que l'on n'aurait pas fait jouer le groupe choisi davantage parce qu'il va attirer du monde et rentabiliser une partie du fest plutôt que pour sa musique. 

3/ Quel groupe vous donne des frissons en concert ?

Pas un en particulier, des tas. Des groupes qui jouent sans se poser de questions, et qui jouent une musique sincère. Qui ne font pas un concert en fonction de qui se trouve dans la salle ni du nombre de personne. Des groupes avec des gens dedans qui jouent un peu leur vie à chaque date. Ce genre de groupes-là.

La scène, c’est un exutoire. Tu passes ton temps enfermé à composer, à écrire des choses en fonction de qui tu es, à proposer un point de vue sur le monde qui t’entoure. Quand tu joues devant un public, ça ne serait pas honnête envers eux, et surtout envers toi-même de ne proposer que 50%, même 90% de ce propos.

Il y a eu une bonne époque à Lille, où une poignée de types organisaient des tas de concerts dans des bars, beaucoup de groupes US en particulier. On a été marqué par ces gars, qui traversaient un océan pour jouer leur musique dans des pays où ils étaient presque inconnus, entassés dans un van, pour jouer devant 15/20 personnes, et manger leur sandwich dans un coin après le concert. Bien sûr, ce sont parfois des conditions merdiques (et c’est encore parfois une certaine réalité de la scène indé malheureusement), mais ces types envoyaient comme personne sur scène. Ça a été un plaisir de retrouver certains de ces groupes quelques années plus tard, devant plusieurs centaines de personnes dans des salles comme le Grand Mix ou l’Aéronef, dans de toutes autres conditions donc, mais avec la même ferveur dans l'intention, le discours intact. 

4/ Qu'est-ce qui pourrait vous faire devenir populaire ?

Ça n'est pas une question à laquelle on réfléchit dans Bison Bisou. On ne pense pas faire une musique qui puisse toucher une population entière, ce qui pourrait être une définition de « populaire ». Qui peut faire ça ? Pour plaire à un maximum de gens, il faut en déranger un minimum, c’est mathématique. Ça serait comme vouloir donner son avis et en même temps vouloir être d’accord avec tout le monde, ça ne nous intéresse pas. Des gens aiment ce que l’on fait, d’autres détestent, c’est très bien comme ça. C’est humain, et les deux nous inspirent chaque jour pour avancer. On peut ne pas aimer ta musique, mais on ne peut pas te demander de te taire. 

Maintenant, être populaire dans le sens d'avoir plus de visibilité, c’est autre chose. Faire plus de premières parties avec des têtes d’affiches cohérentes aide. Un engouement généralisé de la presse spécialisée nationale aide aussi. « Bodysick » avait été bien accueilli. Mais la France n’a pas une presse suffisamment influente dans le milieu indé pour sortir de ce milieu justement, parce qu’on ne vit pas dans un pays qui a cette culture là. Le « rock et dérivés », pour le quidam, ça se passe ailleurs, forcément. Il y a un noyau indé très actif, mais qui reste un noyau.

L’argent aussi permet ça, en partie. Tu peux acheter des encarts, faire une grosse promo, aller vers les gens qui ne te connaissent pas encore. Le « succès », ça se fabrique en partie. Tu peux faire ton trou en écrasant le voisin, c’est le principe du matraquage.

Mais il y a heureusement une partie de tout ça que tu ne peux pas gérer. Les gens. Ils aiment - ou non - ta musique, ça leur fait quelques chose - ou pas. Et de là ils en parlent autour d’eux ou pas. Au final ça sera toujours eux qui décideront. Et c’est sûrement le seul moyen de communication viable, le seul qui ne triche pas, et qui fait qu’un groupe puisse durer un peu dans le cœur des gens. 

5/ Souhaitez-vous être populaire ?

Tu ne peux décemment pas décider d’être populaire ou non.
La seule chose qui nous intéresse est de construire un projet de qualité et de rencontrer un maximum de personnes à qui le proposer. Qu’ils soient 5, 800 ou 4000, on le fera de la même manière, pour qu’ils puissent s’en faire le même avis. Ce qui nous importe, c’est que les gens entendent ce que l’on a à dire plutôt que de tordre notre discours pour le soumettre à davantage de personnes. Si être populaire veut dire jouer devant un maximum de gens coûte que coûte, quel intérêt si tu ne racontes rien de pertinent ? On privilégiera toujours « l’artistique » parce que si cette partie est bafouée, c’est notre discours en tant qu’individu qui le devient aussi. La beauté dans tout ça c’est d’être apprécié par des gens pour ce que tu es vraiment, pas parce que tu es une marionnette de ventriloque. 

6/ Qu'est-ce que vous devriez changer dans votre groupe ?

Changer plus souvent de tee-shirt en tournée.    

7/ Quels sont vos plus belles et vos pires paroles ?

Pour le meilleur "Can I love you if I love fruits, forever" et pour le pire "I stick my finger over my moustache so I can keep breathing your smell, I can be happy again". 

8/ Qu'est-ce qui vous gave en concert ?

Les catering de qualité. Rien ne vaut un ventre bien rempli pour une performance optimisée.
Quand il n’y a pas de vin rouge à la cantine. Autrement pas grand chose. Si, les groupes qui viennent les mains dans les poches et veulent jouer sur ton matos parce que « tu comprends, c’est compliqué on n'a pas de camion tatati, tatata, et puis les bouchons pff, trop dur» (et qui dans 95% du temps habitent la ville où tu joues)  et à qui on a envie de répondre : « Les gars, on a fait plusieurs heures de routes pour venir jouer dans cette ville où on est très content d’être. ». On sue notre cul pour payer notre matériel, l’entretenir pour qu’il ne tombe pas en rade, payer les péages, le gasoil, la location du van qu’on n’a pas - nous non plus -, etc. Faire de la musique, vouloir jouer dans un groupe, ça inclue aussi tout ça. Sortez-vous un peu les doigts du cul, non?  

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9/ Comment prenez-vous votre pied en concert ?

Avec le vin rouge de la cantine. Plus sérieusement, nous sommes vraiment toujours très contents de jouer, de bouger de chez nous et d’arriver dans une nouvelle ville. On sait qu’on va découvrir un lieu différent, des gens différents, une culture différente aussi parfois, c’est très excitant. C’est vraiment ça qui nous motive à prendre la route. Voir comment ça se passe ailleurs. Et quand tu as fait 5 à 8h de camion, parfois même 10, tu es content de te dégourdir les jambes. Pendant une heure, on t’offre un espace dans lequel tu es libre de pleinement t'exprimer, ça serait dommage de rester assis sur une chaise à côté de ton ampli. Tu as forcément envie de bousculer un peu les gens, entrer en contact avec eux. 

10/ Que changeriez-vous à l'industrie musicale ?

Le principe même de l’industrie musicale. Là on va parler des moyens à gros labels, mais disons que les gens derrière tout ça puissent à nouveau proposer des groupes en qui ils croient, plus que des projets qui vont juste assurer un salaire à leur staff en fin de mois, ça ferait sûrement du bien à tout le monde. La musique, comme un peu tout au final, est devenue plus que trop mercantile ; du coup il faut être rentable au risque de couler, ça coupe forcément court à l’audace. Tu ne peux pas appliquer un système économique d’entreprise à de l’artistique, tu ne peux pas non plus te passer d'un système économique si tu veux que les choses avancent, mais c’est selon nous pas compatible si l’artistique passe en second.

Crédits photo : Yannick Lagier

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