Greta Van Fleet – Anthem of The Peaceful Army

Greta Van Fleet ou de l'inutilité paroxysmique du revival. Ou comment ces dernières années ont été marquées par des groupes surfant allégrement avec plus ou moins de talent sur le reflux (gastrique) du son saturé du début des années 70. Ici, on a même sorti foulards, plumes indiennes, vestes à franges et pantalons pattes d'eph, soit la panoplie complète de Village People de carnaval. Les gars de Greta Van Fleet ont pourtant du talent, que ce soit dans l'imitation corporelle de leurs aïeuls de Led Zeppelin que dans les compo et chant de Led Zeppelin, tel un groupe de reprises mais qui ferait des compo... Ou comment gâcher son talent dans la retranscription littérale et sans le faire briller de sa propre personnalité.

Notre collègue Éric dans la chronique récente du précédent EP déclarait que "les Greta Van Fleet n’ont pas réinventé le rock ‘n’ roll. Mais cela ne les empêche pas de lui apporter une certaine fraîcheur". Or pour apporter de la fraîcheur, il faudrait de l'innovation, et pas de ressucé flagrant, avec au moins une once de modernité. Modernité absente. Mais si c'est leur trip alors ne leur jettons pas la pierre, ils ont la toute fraîche vingtaine. Mais comme il est évident qu'ils ont eu le temps d'étudier l'histoire du rock pour se caler au chaud dans la période 68-75, il est important de le faire remarquer. 

L'album débute sobrement par la voix androgyne de Josh Kiszka sur un morceau laissant une large place aux instruments et aux envolées vocales de Josh. Envolées que l'on trouvera sur tout l'album, jusqu'à la boulimie. Ce chanteur est très bon, il vocalise à mort, trop, mais très bien. C'est à l'image de cette production luxuriante et vintage, tout dans la démonstration technique. Ce sont des musiciens brillants qui jouent ensemble depuis 2012 et remarqués enfin en 2017 pour leurs prestations scéniques venues d'une autre époque. Le single "When the Curtain Falls" sorti en juillet leur a même permis de passer au prestigieux Tonight Show de Jimmy Fallon. Ce single est même présent dans le top ten des charts Rock outre-Atlantique, c'est ce qui s'appelle une bonne mise en bouche pour l'album à venir mi-octobre, avec une belle attente suscitée par les médias. Un bon buzz médiatique pour un groupe efficace.

L'assise rythmique de Sam Kiszka à la basse et de Danny Wagner à la batterie montre une grande maîtrise, mais comparativement à leurs aînés de Led Zep, on ne retrouve évidemment pas la fougue imparablement géniale d'un John Bonham ni la virtuosité originale d'un John-Paul Jones... Et c'est bien là que le bât blesse : la reproduction sans la folie offre un album qui se tient mais limité par les contraintes que les musiciens se sont consciemment ou inconsciemment mises eux-mêmes... Chaque morceau de l'album ressemblant ci et là à des titres de Led Zep qu'il n'est même pas nécessaire de citer tous les passages, la liste serait trop longue. Les montées de voix sur "Lover, Leaver" étant tellement calées sur celles de Robert Plant et de ses "woman" de "Whole lotta love" que cet exemple nous suffira amplement. On ne criera pas au scandale pour autant, on l'a dit, l'ensemble est maîtrisé, mais doit-on attendre seulement ça de jeunes musiciens talentueux ?

Greta Van Fleet, Anthem of The Peaceful Army, chronique, album

Un album a-t-il une autre utilité que de donner du plaisir à ses auditeurs ? Peut-être pas, mais Greta Van Fleet y parvient malgré tout, malgré leur absence totale d'originalité, malgré eux, malgré leur posture caricaturale. Greta Van Fleet aura au moins, nous l'espérons, l'utilité de faire découvrir les royales années 70 aux plus jeunes d'entre nous. Cet album est plaisant, nous ne boudons pas le plaisir de l'avoir écouté, quant à le remettre dans notre platine, c'est autre chose, il pourra rester dans la poussière des CD relégués sur nos étagères. Nous espérons que ce groupe affirme un jour sa propre personnalité, celle qui est complétement absente de Anthem Of The Peaceful Army. Laissons la phrase finale à papy Robert Plant : «Pourquoi reformer Led Zeppelin, ces mecs-là sont Led Zeppelin»... Oui... Comme les Rabeats sont les Beatles...

Sortie le 19 octobre chez Republic

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NOTE DE L'AUTEUR : 4 / 10



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