Biffy Clyro + The XCerts au Bataclan le 23/09/2018

Connu pour sa musique énervé et ses prestations survoltées, Biffy Clyro a surpris tout le monde au printemps dernier en sortant l’enregistrement d’un MTV Unplugged, suivi d’une tournée acoustique. Avec cet album relativement convainquant mais un cran en-dessous de ses productions habituelles, le groupe devait prouver ce soir au Bataclan qu’il était capable d’électriser le public même en ayant débranché la prise.

 

The Xcerts


Le concert affiche complet, mais la salle est encore en train de se remplir quand arrive The Xcerts, qui a l’étrange idée de commencer le concert avec plus de cinq minutes sur le planning. Sur disque, le groupe propose un rock mainstream pas désagréable, mais pour cette tournée, il s’est, comme la tête d’affiche, converti à l’acoustique, seul le bassiste Jordan Smith ayant eu le droit de garder son instrument branché, ce qui donne un peu d’ampleur à leur son.
 


La musique du trio écossais – quatuor sur scène – est agréable mais pas franchement marquante et va de morceaux plutôt entrainants et rythmés à d’autres relativement soporifiques, notamment certains où le batteur Tom Heron est au chômage technique, privant alors les morceaux de rythme.
 


Le chanteur et guitariste Murray McLeod, qui a un vague air de surfeur californien des années 1990, fait en tous cas l’effort de communiquer régulièrement avec le public, et le groupe est manifestement content d’être là. La foule réagit de façon dichotomique : si les applaudissements entre les morceaux sont nourris et chaleureux, pendant la chanson, la fosse résonne des discussions entre spectateurs. Si au final la prestation n’est pas désagréable, l’acoustique n’est visiblement pas ce qui met le plus en valeur la musique du groupe.
 


 

Biffy Clyro


Durant la première partie, la salle s’est considérablement remplie, les files d’attente s’allongent au merch et au bar, et l’accent britannique résonne dans tout le Bataclan. Les fans britanniques de Biffy Clyro ont visiblement traversé la Manche pour voir un concert de plus de leurs idoles, à moins qu’ils ne se soient rabattus sur la France faute de places au Royaume-Uni.
 


Le décor se met en place : une reproduction d’arbre grandeur nature tronait déjà sur scène durant la performance de The XCerts, rappelant fortement l’artwork d’Opposites, avant-dernier album studio de la tête d’affiche. Des chaises en bois, de la végétation éparse et de la paille au sol renforcent l’aspect champêtre – il ne manque que le feu de bois.

C’est pourtant en chemise et veste de costume que débarque le trio. Quand on a l’habitude de le voir se balader à moitié nu su scène, ce look de gendre idéal étonne. Le groupe prend le temps de s’installer sous une ovation avant de lancer "The Captain", morceau efficace s’il en est. Le public, qui n’attendait que ça, réagit au quart de tour, et chante allègrement. La chanson, probablement une des plus connues du groupe, fait partie de celles qui réussissent parfaitement leur passage à l’acoustique : même dépouillée de ses arrangements originaux flamboyants, elle garde sa puissance et reste aussi entraînante.
 


Et ce n’est pas la seule réussite : ces versions épurées renouvellent de nombreux morceaux tout en faisant ressortir leur force originelle et en révélant leur portée mélodique, prouvant à ceux qui en doutaient que Biffy Clyro est capable d’écrire de vraies bonnes chansons.
 


Mais d’autres chansons tombent à plat, et ironiquement, ce sont souvent les ballades, déjà semi-acoustiques à l’origine. En effet, alors que les chansons énervées sont transcendées par une mise à nu, les chansons déjà acoustiques sont souvent affadies dans cette version minimaliste, et tombent alors à plat. Ce n’est pas le cas de toutes – "God and Satan" ou "Many of Horros" sont réussies – mais le sentiment est renforcé par le très grand nombre dans la setlist de chansons lentes, même si la tendance est moins prégnante que lors de leur MTV Unplugged. S’il y a une certaine logique à enchaîner les ballades dans un set acoustique, débrancher des chansons agitées est pourtant un exercice moins convenu et plus intéressant, et c’est d’ailleurs là que les Écossais excelleront ce soir : "Different People" a rarement paru aussi captivante, et on salue la performance du chanteur et guitariste Simon Neil qui parvient à screamer sur des morceaux acoustiques.
 


Côté setlist, le groupe se concentre sur ses quatre derniers albums, mais ne s’en contente pas, en proposant notamment "Justboy", issu de leur tout premier album Blackened Sky, "The Rain", morceau paru uniquement sur l’album de faces B Similarities, et un morceau inédit (bien que déjà présent sur leur album unplugged), "Adored", bien fait à défaut d’être mémorable aux premières écoutes.

Si les musiciens sont forcément plus sages et plus statiques que d’habitude, cela ne les empêche pas de communiquer énormément avec le public, répétant à quel point ils sont ravis d’être ici et enchainant les blagues. Neil parsème notamment son discours de quelques mots en français, essentiellement des « à votre santé » et un « je t’adore » à un fan qui lui criait sa dévotion. Les trois musiciens additionnels qui accompagnent le groupe, un claviériste, un second guitariste et une violoncelliste sur certains morceaux, sont plus en retrait, même si le frontman les présente rapidement en affirmant que « tout le talent est en fond de scène ».
 


Le public, lui, est à fond du début à la fin, il chante, crie, connait toutes les paroles, lance des « Mon the Biff », cri de guerre des fans du groupe, à tout bout de champ.
 


Neil et les deux frères Johnston finissent seul sur le devant de la scène avec la ballade "Machines", avant de revenir pour un rappel avec "Friends and Enemies", "God and Satan" et "Mountains", à la lueur d’un plafonnier – à défaut de feu de camp – miraculeusement descendu des grills de scène. Avant de partir, le chanteur annonce un nouvel album à venir prochainement, qui s’annonce selon lui dans une ambiance très heavy metal. Si le trio d’Aberdeen a indéniablement réussi son passage à l’acoustique, la perspective de les revoir sous peu sur des terrains plus brûlants est plus que réjouissante, car c’est là qu’ils excellent.

 

The Captain
Biblical
Saturday Superhouse
Re-Arrange
Drop It
Black Chandelier
As Dust Dances
Folding Stars
Different People
Different Kind of Love
The Rain
Mountains
Adored
Opposite
Justboy
Medicine
Small Wishes
Bubbles
Machines
---
Friends and Enemies
God & Satan
Many of Horror

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