Entretien avec Banane Metalik


A quelques heures du concert au Gibus, Ced, chanteur des Banane Metalik, n'était pas encore maquillé.
Mais on l'a reconnu quand même, et on a pu passer un peu de temps ensemble, pour nous imprégner de l'ambiance Gore'n'Roll.

Banane Metalik. Quasiment 30 ans d'existence...

Oui, un peu moins. On avait sorti quelques démos sur quelques compiles aussi, dès 1992. Le premier album, Requiem de la Dépravation, est sorti en 1994. C'est un groupe qui a un paquet d'années maintenant.
Quand le  premier skeud est sorti à l'époque, le monde était très divisé. Il y avait les Punk-Rockeurs, les Rockeurs, les Psychos...  Les Punks trainaient avec les Punks, les Psychos avec les Psychos. On commençait à faire pas mal de buzz, et les Psychos s'interrogeaient sur certains morceaux beaucoup plus Punk-Rock, les Punk-Rockers aimaient ce côté là, mais d'autres morceaux passaient moins bien...

C'est quand on s'est séparé qu'on a vu que beaucoup de gens se retrouvaient pour se dire que Banane c'était cool, qu'ils s'en foutaient des normes, des frontières musicales...

On a arrêté pendant 10 ans, et on est revenu en 2003.
Beaucoup de nos proches, de gens qui nous cotoyaient, du public, commençaient à nous solliciter pour un retour. Et pour moi, il était hors de question de revenir sans sortir de disque. On n'était pas intéressé pour faire juste quelques concerts. Il faut savoir que, pendant cette pause, on n'a pas arrêté de faire de la musique. On avait des groupes Punk-Hardcore, Punk-Rock, on a toujours été des activistes musicaux, des musiciens.
On a donc décidé de revenir, sur une sollicitation de Banana Juice, pour une compile. De fil en aiguille, on a sorti Sex, Blood and Gore'n'Roll, en 2005. Nos premières dates, comme souvent lorsque des groupes reviennent, c'était archi-complet. Puis on a voulu continuer à avoir une activité musicale, à tourner...
Tourner c'est le moins que l'on puisse dire, parce que de par le nombre de tournées, on a sorti peu d'albums! On est énormément sur les routes. On a sorti Nice To meat You en 2009, puis on a joué sur quelques compilations,puis The Gorefather, un 5 titres...

Maintenant on va sortir le EP In Gore'n'Roll We Trust, qui est un 2 titres et un troisième en bonus pour tous les participants au Ulule*. Il accompagnera un bouquin, qui s'appelle aussi In Gore'n'Roll We Trust, et qui retrace toute l'histoire visuelle du groupe, à travers les années, les différentes périodes.

(* NDLR: Banane Metalik a lancé avec succès une campagne Ulule pour financer leurs projets en cours, avec succès puisque atteint à 140%).

Si on parle vraiment d'album, notre dernier album au sens LP a quasiment 10 ans. Et là, on a déjà enregistré toutes les batteries du prochain album. On aimerait vraiment le sortir au plus tard fin mars.Tous les morceaux sont prêts, il faut simplement trouver le temps de l'enregistrer. Et comme on a une grosse tournée, encore une trentaine de dates, ça ne va pas être simple, mais on va faire au mieux.

Un groupe, c'est beaucoup d'énergie. On est dans une société de surconsommation artistique, on s'attarde une minute sur un groupe... C'est pour ça, notre dernier clip, on a fait une minute 33... Pas le temps de zapper! (rires). Et donc il faut toujours se renouveler artistiquement, ça prend énormément de temps, pour sortir des projets intéressants. Et comme Banane Metalik a un énorme attachement visuel, c'est énormément de boulot. On veut toujours sortir quelque chose de qualité...

Punk, Gore'n'Roll, Let There Be Gore, 2018

Et d'où vient l'idée du bouquin?

L'idée du bouquin, c'est une belle connerie que j'ai faite! (rires) Ca m'a pris deux ans, alors que j'avais annoncé 6 mois. Ca retrace toutes les périodes du groupe, à travers des illustrations, des photos, des inédits en backstage... Il y a 180 pages ! Le pire ça a été les crédits photos. Parce qu'il fallait retrouver les photographes de chaque période... Il faut savoir que je bosse avec des illustrateurs de tous les pays, d'Indonésie, d'Afrique du Sud, de Russie, de France...
Banane Metalik, c'est le mélange de Rock'n'Roll et de visuel. C'est vraiment une passion. Du coup, l'idée c'était de montrer ça. Chez moi il y a plein de posters sérigraphiés, des trucs numérotés, des affiches de Orange Mécanique tirées à 500 exemplaires... C'est une culture qui nous est chère, c'est une culture qui échappe un peu aux critères de la consommation de masse, aux produits stéréotypés. C'est l'amour du collector, qui revient un peu avec le vynile d'ailleurs. J'aime bien ce côté-là. C'est peut-être la crise de la quarantaine passée, il me fallait un témoignage, mais un vrai ! Les photos numériques ça me gave, là au moins tu as un livre, un objet. Je pense que ça va vraiment plaire aux gens qui aiment le groupe. C'est quand même bien mieux de voir une page imprimée sur un A4 que un visuel sur Internet ! L'idée du livre, c'était ça. De révéler l'univers visuel du groupe à travers des affiches, des illustrations, des photos...

Vous avez tourné partout. Comment ça se passe à l'étranger, pour faire tourner la machine Banane Metalik?

Pour les tournées loin, on fait toujours soft. On amène les bases, mais c'est tout. Même ce soir, on n'a pas la place de sortir nos armoires, et tout ça. C'est malheureux, parce que c'est une tournée qui démarre, on a pas encore tout reçu, on attend encore des accessoires... C'est toujours difficile, parce qu'on n'a pas envie d'être des casse-couilles. Et pourtant tu as envie d'avoir ton univers sur scène, comme tu l'imagines. Il faut faire en fonction du lieu, on peut jouer aussi bien dans un bar que dans une grosse salle. Nos armoires font plus de 2m de haut, tu mets 2-3 autres trucs et c'est fini.
Donc en fait quand on va à l'étranger, on amène la base du maquillage, nos instruments, nos racks d'effets, nos cymbales et la caisse claire. Et même notre merchandinsing, on le fait faire sur place, par le promoteur principal. Au lieu de nous trimbaler nos tee-shirts, d'avoir des problèmes avec la douane, tout ça, tout est imprimé là-bas.
On en a, des tas d'anecdotes. Par exemple au Japon, ou en Russie, quand on était dans notre période Kitch, j'avais des bas résille avec des couteaux. Quand la douane japonaise a ouvert mon sac, j'avais des cerveaux, des trucs comme ça... Ils m'ont pris pour un psychopathe ! On a dû expliquer que c'était pour un concert, et tout ça...
Ou encore des valises oubliées à Amsterdam, arriver au Brésil sans rien, obligés de faire du maquillage avec du papier toilette...

On a de la chance de jouer à l'étranger. Comme on est dans une niche, on a notre créneau à nous. Bizarement, en France, c'est parfois plus compliqué. Quand on joue aux Etats-Unis, la culture visuelle, des groupes comme Kiss, Slipknot, ça fait partie de leur culture, ça ne leur pose aucun souci. En France, surtout à nos débuts, il faut toujours prouver que ce n'est pas pour combler des lacunes musicales, que tu tu es un groupe sérieux. Maintenant, avec Walking Dead, et tous ces films de zombies, c'est plus rentré dans les moeurs. Mais il a longtemps fallu nous justifier. On n'égorge pas des chats sur scène ! C'est du second degré, c'est avant tout du fun! Mais notre tourneur nous a rapporté ça de beaucoup de salles, qui se demandaient ce que cétait, pourquoi ce sang, ce délire... Alors que c'est avant tout une fiesta, c'est pas du black métal.

Maintenant ça va mieux. Quand on a fait notre dernier clip, Let There Be Gore, qu'on a intégré 2 idoles au clip. La première c'est AC/DC, qui m'a mit dedans quand j'avais 15 ans, la seconde ce sont les ffilms d'horreur. Dedans il y a Freddie, il y a plein d'icones. C'est ça le Gore'n'Roll. C'est pour ça, le clin d'oeil, la tournée qui s'appelle Let There Be Gore. C'est vraiment la représentation du Gore'n'Roll. C'est rigolo, c'est fun. C'est fait sérieusement, mais c'est fun.

Punk, Gore'n'Roll, Let There Be Gore, 2018

Le clip qui vient de sortir est droit, à fond. Comment sera le prochain album? Rentre-dedans?

Et bien non, bizarement, pas que. En vieillissant, tu ne mets plus de la même manière du gros speed bourrin le matin à 8 heures comme tu faisais quand tu avais 20 ans. J'ai pas mal de vyniles, ça va du Punk au garage, de AC/DC au ska, il y a de tout. Et un skeud des Banane, ça doit être tout ça. Sur le prochain album, il devrait y avoir un featuring avec James Leg, un mec qui joue du piano avec une voix à la Tom Waits, un morceau plus boogie-woogie, des morceaux plus garage, d'autres plus Punk, "Let There Be Gore" qu'on a fait dans l'esprit AC/DC... On a même des morceaux à la basse, sans contrebasse.
Notre but, c'est de nous faire plaisir, et que du coup ça puisse toucher des gens. On ne fait plus un skeud en se disant qu'on va faire un truc vénère. On a des morceaux vénère dedans, on a des morceaux plus cool aussi, il y a même un espèce de truc country complètement débile... On a une thématique globale, c'est tout. C'est un espèce de mix entre les zombies, les hors-la-loi, le western... On aime bien avoir un univers global pour les skeuds, parce que ça nous donne des idées, des guides, pour les shows. On a des reprises, quelques thèmes, comme on avait fait avec Gorefather ou Banana Juice, on en a un bien sympathique, je ne dis pas quoi, mais ça devrait plaire.

A qui ressemble Banane Metalik version 2018?

On a une nouvelle formation, un nouveau guitariste. Tout jeune, qui apporte un vrai vent de fraîcheur. Il faut du sang neuf dans les vieux groupes. Sinon au bout d'un moment, tu es blasé de tout, fatigué de tout. Il n'y a plus l'énergie suffisante pour les projets. C'est pour ça que tu peux passer 10 ans sans skeud. Parce que pour composer, il faut bosser. Et quelqu'un qui arrive, qui a 20 ans de moins que toi, je pourrais être son padre, et bien le gars il veut bouffer le monde. Toi tu as l'expérience, lui il veut bouffer le monde. Le tout renforce le groupe. Et il joue super bien ! Il ne vient pas du Punk Rock, il n'a pas un look de fou, il boit du thé... Mais quand il joue, tu te tais et tu l'écoutes. Ca a boosté tout le monde.
Il y a eu 2 changements. Il y a eu le contrebassiste et lui. Les 3 membres qui sont là depuis 2003 sont donc mon frère, Boris, le batteur, Greg, et moi. Depuis quelques années, dans Banane Metalik, les morceaux sont majoritairement composés avec mon frère, le guitariste rythmique. Un peu comme AC/DC, on ne le sait pas trop, mais c'est lui. C'est classe ça, les mecs qui s'effacent au profit du projet.

Banane Metalik est actuellement en concert, toutes les dates sont sur leur site.

Punk, Gore'n'Roll, Let There Be Gore, 2018

Photos: Alexandre Raphel
 

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