On avait bien kiffé le troisième retour vers le futur de nos Rebels of Tijuana, direction yéyéland. Au son garage pop sixties et à une galerie de personnages plus emblématiques les uns que les autres, succède une percée psychédélique, une ode à l’amour, libre de préférence… L’influence dutronesque est toujours aussi flagrante. The Rebels of Tijuana poussent même le jeu à adopter l’ultra moderne coolitude de leur maître à chanter. Ce double album est le disque idéal pour la sieste, coquine si affinités. “Asile” aura, c’est certain, ce “strange effect” sur vous, que vous soyez adeptes ou non des Kinks…
Avez-vous entendu parler de la slow attitude ? “Oser ralentir pour mieux vivre”, un principe déclinable dans tous les situations, vie perso, boulot et pourquoi pas entre vos deux oreilles, bande de gros rockers speedés… Ça vous branche de mettre un peu de douceur dans votre monde de brutos ? Alors demandez asile aux Rebels of Tijuana, les spécialistes de la nonchalance sur bande. Ce double album a d’ailleurs été enregistré en analogique au Back To Mono Studio de Christian Hierro.
Les Rebels prennent la pose, notez le côté herculéen de leur chanteur Alexis Kacimi... Photos © D.R.
Comme de juste, honneur à une dame pour débuter un opus où le charnel domine. Il y a dans la mélodie de “Lydie S” - et dans la façon qu’a Alexis Kacimi de susurrer le dit S - un petit quelque chose d’une autre figure tutélaire de la pop française seventies. Gainsbourg, Serge de son prénom, avant que son Hyde Gainsbarrien ne le vampirise… L’ombre de son comparse en homélie éthylique est elle perceptible “Dans les vagues sous ma peau”. Un véritable piège à filles au diapason de l’humour du grand Jacques. A l’instar de phrases telles que “dans la vie, il est notoire / Que nos alibis sont rédibitoires”. Extrait du bien nommé “Erotique” titre magnifique auréolé de somptueux “orgasme-moi”… L’amour, toujours l’amour, “Tous ces mots” choisis pour le célébrer tout azimuts. “Teddy S”, sur fond de guitare hawaïenne et de saxo langoureux, on l’imagine bien gigolo… L’exact contraire de “Celui qui danse”, timide magnifique auquel nos Rebels veulent rendre justice. Que dire de “Biche”, instrumental bondissant sinon que l’on ne pense pas à Disney de prime abord, mais plutôt à Bambi, une copine de cheval de Foxy (aka Pam Grier au cinoche)…
Avec ses huit minutes au long cours, son texte subtil du jeune poète Rémi Guirao, “Et le blizzard s’estompe” est le pièce maîtresse de “Asile”. A elle seule, l’intro avec sa basse charnue et sensuelle donne le rythme langoureux de ce quatrième album de The Rebels of Tijuana. La guitare n’est pas en reste sur “Ne t’en vas pas maintenant”, tantôt caressante ou planante. Le clavier s’y fait mutin et titilleur… Annonçant le “massage” tonique qui suit, petit bijou d’orchestration pop. Trop tonique sans doute, car Alexis Kacimi a l’air sous prozac lorsqu’il reprend ensuite “Quand j’étais chanteur” de Michel Delpelch. Second degré quand tu nous tiens… On lui pardonnera d'autant plus volontiers puisqu’il conclut par une “Calvacade” jazzy et inspirée.
Sortie le 5 octobre 2018 chez Le Pop Club Records / Echo Orange
Côté live, une seule date française pour le moment, à Annecy le 21 novembre… Espèrons qu’il y en aura d’autres ! Suivez leur actu sur Facebook