Rencontre avec Mad Foxes le 26 octobre 2018

A l’occasion de leur passage à Bordeaux au Bad Mother Fucker le 26 octobre, nous avons rencontré Mad Foxes. Avec Lucas à la guitare et au chant, Elie à la batterie et aux chœurs et Marc à la basse, le power trio nantais se produisait là pour soutenir leur album Desert Island Wish, sorti le 12 octobre.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Lucas :  En fait on a commencé le groupe avec Elie, on s’est rencontré dans un orchestre.

Élie : Ça fait 10 ans maintenant qu’on se connait

Lucas :  J’ai voulu commencer un nouveau projet, j’ai demandé à Elie et il a dit oui. Du coup on a commencé ensemble en 2015.

Élie : Pendant un an, on a monté un bout de répertoire et en 2016 la démo. Mais il manquait quand même de la basse fréquence.

Lucas :On a posté une annonce sur Audiofanzine et tous les sites comme ça. On a auditionné deux gars avant Marc et ça ne collait pas vraiment et puis Marc est arrivé. Humainement ça se passait super bien donc on s’est dit ok c’est le bon. Dans la foulée on a commencé les concerts.

Élie : Le premier concert c’était le 6 octobre 2016

Après autant de concert et de temps passé sur la route, pourquoi ne pas avoir sorti d’album avant ?

Lucas : Parce qu’on ne se sentait pas mûr et qu’on avait besoin de faire de la scène avant de rentrer en studio. Et clairement un manque de moyen. On n’avait pas cette démarche-là de dire « on investit pour un album et on tournera après ». C’était plutôt mettre de côté en tournant et quand on est prêt, quand on est sûr d’avoir quelque chose de béton qui nous plaît, là on sélectionne dix ou onze morceaux et on les sort.

Élie : Parce qu’il y avait l’idée de tester les morceaux avant de pouvoir les enregistrer, savoir ceux qui étaient efficaces et ceux qu’on pouvait éjecter. Du coup ça a fait le taff parce que ça a été assez facile de choisir ceux qu’on voulait faire pour l’album.

Juste avant d’enregistrer l’album, vous aviez combien de morceaux ?

Lucas : Franchement, on avait max 14 morceaux et on en a jeté 4. D’habitude les groupes ont 20-25 morceaux et ils font du tri quand ils arrivent en studio. Nous on ne pouvait pas avoir le luxe d’avoir autant de morceaux. On s’est dit qu’il y avait assez pour faire un album. Et surtout on n’avait pas envie de faire un EP.

Élie : On n’a aussi pas mal retravaillé les morceaux qu’on avait déjà. On en a retourné certains pour en faire complètement autre chose.

Justement, quelque chose m’a frappé dans cet album, c’est la cohérence qui s’en dégage. Comment est-ce qu’on arrive à trouver cette cohérence à l’enregistrement après avoir composé tous ces morceaux pour la scène ?

Déjà, c’est que toi Lucas, tu avais une conception de l’album comme un objet entier. Il n’y a pas dix morceaux décousus et tu voulais un album qui s’écoute de A à Z.

Lucas : Ouais, il y a un cheminement de pensée et une sorte de logique au long de l’album. Et ça, ça a joué dans la cohérence, comment est-ce qu’on va agencer l’album pour qu’on raconte une histoire. Le deuxième point c’est que j’ai écrit les bases de tous les morceaux et le fait d’avoir une personne qui écrive ça, les paroles et qu’après on l’arrange tous ensemble et qu’on en fasse un morceau tous ensemble, ça aide à avoir cette cohérence. Le fait aussi d’être avec un mec qui nous enregistre et qui fait office de producteur. Après que Christophe (Hogommat, l’ingénieur son de l’album) qui a enregistré l’album, il est arrivé c’était un bloc brut et il a taillé dedans. Il nous a dit qu’il valait mieux partir dans cette voie plutôt que dans une autre. On l’a écouté à fond et ça a tout resserré.

Comment est-ce qu’on arrive à retranscrire la puissance du live dans un enregistrement ?

Quand on est dans un power trio il faut tout donner. Et le fait d’enregistrer en prise live plutôt que piste par piste ça créé une sorte d’osmose. Pour un premier album c’est intéressant. Déjà c’est moins cher et puis ça fait ressortir une sorte de spontanéité qu’on va pas reprocher à un premier album. On voulait que les gens entendent ce qu’on avait à dire, à un instant T, à trois dans un espace clôt.

Marc : Ça sonne très authentique. Les gens qui écoutent l’album et qui nous voient après sur scène retrouvent en live ce qu’ils ont entendu.

Élie : On est quand même trois copains qui jouent de la musique. On n’est pas là juste pour jouer de nos instruments chacun de son côté et on espère que ça se sent sur l’album.

Le master de l’album s’est fait aux Etats-Unis. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ça là-bas ?

Lucas : En fait c’est Christophe qui a enregistré l’album et on a parlé du master avec lui. C’est un sujet qui est souvent sensible parce que souvent les gens ne sont pas content des master. Tu passes beaucoup de temps à l’enregistrement et le master est censé rajouter un truc. Christophe a fait beaucoup d’enregistrement, il a travaillé avec 1000 gars et il nous a dit que ça ne lui avait jamais autant plu qu’avec ce mec là. C’est notre ingé son qui connaissait ce gars, ce n’est pas nous qui avons fait la démarche.

Plus largement, vous diriez que quels groupes sont vos influences principales ?

Il y a deux ou trois groupes qui nous mettent tous d’accord : Nirvana, Queen of the Stone Age, All Them Witches qui n’est pas à la base de notre musique mais qui nous a récemment mis d’accord. Les Foo Fighters aussi. Après on nous a aussi sorti pas mal d’influences qu’on écoute pas nécessairement.

Élie : Les gens connaissent plein de trucs auxquels on n’a pas forcément pensé. Certains y voient du Rolling Stones.

Lucas : C’est très bateau mais Nirvana [au cours du concert qui a suivi cette interview, ils ont d’ailleurs repris "Heart Shaped Box" de Nirvana], en terme d’intensité, de song writing, d’esthétique c’est plus qu’une influence c’est un modèle.

Est ce que vous pourriez me donner un ou deux groupes que vous écoutez actuellement ?

Élie : On va tous dire la même chose, en ce moment All Them Witches direct.

Lucas : Complètement. Mais en ce moment il y aussi Idles, avec leur manière très sociale d’écrire leur musique, dans l’Angleterre du Brexit.

Justement, est ce qu’il n’y a pas là un point commun avec votre musique, notamment au niveau des paroles. Pour commencer, qui les écrit et pourquoi ce type de sujet ?

C’est moi qui les écrit. La pop musique n’est pas réputée pour sortir les plus grands poèmes de l’histoire. L’idée, c’est que je voulais écrire des textes très sociaux, très contestataires mais toujours avec une forme de second degré. Et là-dessus, Queen of the Stone Age sont mortels. Par exemple "Make It Wit Chu" c’est une pure ballade mais écrite avec beaucoup de second degré. Sur l’album, "Happy Pirthday", c’est l’histoire d’un mec de trente ans qui se retrouve avec des gosses et qui peut plus faire la fête comme un gars de 20 ans. Il y a une forme de sarcasme et d’ironie. Après on ne peut pas s’inventer une vie comme Idles raconte la sienne. On n’est pas anglais, on vient pas d’un milieu social ou de familles très très populaires. L’idée c’est d’écrire des paroles qui reflètent ce qu’on vit mais avec cet esprit corrosif et un peu de recul. On a un esprit social développé dans le groupe mais sans pour autant se revendiquer de Tagada Jones ou de ce type de musique très contestataire. On trouve ça très premier degré et on ne se veut pas porte étendard de quelque chose. On a une vie simple. Orelsan par exemple, ce serait plus ça.

Mad Foxes, interview, album

Vous venez de Nantes. Dernièrement il y a plusieurs groupes qui sortent de cette scène. Est-ce qu’on peut trouver quelques particularités à cette scène-là ?

J’ai l’impression que les groupes sortent un peu comme ça, il n’y a pas vraiment de scène spécifique qui les soutiennent. Il y a une scène générale qui bouillonne, avec des groupes qui mûrissent et qui sortent d’un coup. Il y a eu Von Parias à un moment, C2C qui n’est pas du tout du rock, Kokomo qui marche très fort en ce moment. C’est très éclectique

Élie : Pour moi, Nantes c’est une offre musicale énorme mais il y en a pour tout le monde. En rock c’est pas trop mal, en électro aussi et toute la pop musique parce que Christine and The Queens ça vient de là aussi. L’offre est bien diversifiée.

Marc : Après, tous les groupes ont leur réseau à leur niveau, il n’y a pas vraiment de liens entre les groupes

Et maintenant avec la sortie de l’album, quels sont les projets ?

Élie : Tourner, pour le moment c’est l’objectif principal.

Lucas : On ne va pas ré enregistrer avant fin 2019, 2020. Donc là c’est jouer, faire de bonnes scènes et puis on verra bien.

Desert Island Whish, le premier album de Mad Foxes, est sorti le 26 octobre 2018 chez Black Desert.

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