Glenn Hughes à  l’Élysée Montmartre – 6/11/18

En ce début novembre, on visse ses lunettes colorées, on met ses plus belles fringues à franges et on repart 40 années en arrière. Ce soir, c'est la première moitié des 70's de Deep Purple qui est à l'honneur !

Tiens donc, Glenn Hughes qui fait une tournée dédiée à Deep Purple! Quand il nous l'avait mentionnée lors de notre dernière entrevue, on n'était qu'à moitié étonné, les titres de la période MK IV faisant encore beaucoup d'apparitions dans le set du bassiste. Pourtant, là où beaucoup de musiciens de son âge (ou plus jeunes, les frères Gallagher en sont un exemple) capitalisent sur leur gloire passée et enchaînent les tournées "anniversaires", "best-of" et tout le tintouin, sans aucune activité musicale à l'horizon, Glenn Hughes multiplie les projets, les albums qu'il met en avant sans jamais décrocher des routes. C'est donc la première fois en 43 ans qu'il dédie une partie de tournée au groupe qui l'a fait connaître, et c'est à l'Elysée Montmartre que l'on vient ce soir rendre hommage à celui que l'on a toujours appelé, à juste titre, The Voice Of Rock.

Koritni, assis, acoustique

Pour nous éveiller les esprits, c'est Lex Koritni, en trio et en acoustique, qui entame le set. Une entrée en matière intimiste donc, les trois membres étant assis sur le devant. Peu de fioritures. La voix puissante de Lex domine le tout et nous entraîne, et les morceaux réarrangés, laissent de côté le hard rock des Australiens pour un aspect plus country. Ce n'est pas pour nous déplaire dans cette ambiance.

Koritni, assis, acoustique

Malgré un côté plus "calme", le groupe ne manque pas d'énergie. Si ses deux comparses sont plus sérieux dans leur approche, Lex est complètement habité sur sa chaise, et donne autant que s'il était en set électrique. Après une excellente reprise de "Beds Are Burning" de Midnight Oil, les esprits sont chauds, prêts à accueillir la légende.

Koritni, assis, acoustique

Et quelle légende! Si ici il n'y a aucun sceptique ce soir, le bassiste revenant suffisamment souvent dans l'Hexagone pour qu'on lui connaisse ses qualités, il nous assène dès la fin du premier refrain de "Stormbringer" un de ses cris reconnaissables entre mille. Le maestro est en voix et, comme à son habitude, compte bien en faire des caisses pour le prouver. Si c'est d'ailleurs l'aspect qui dérange certains fans, et on les comprend, c'est sacrément impressionnant.

Glenn Hughes, Debout, roi soleil, lunettes

L'avantage d'un répertoire comme celui de Burn, Stormbringer et Come Taste The band, c'est qu'il contient une telle dose de titres parfaits qu'il est impossible d'être déçu par une setlist qui en serait issue. Quand on a aux commandes le dernier chanteur de Deep Purple possédant encore l'intégralité de son amplitude vocale (en témoigne une impro a capella sur "Mistreated", une fois encore très exagérée mais très puissante), c'est encore mieux. Aucune tonalité descendue, une interprétation forte, malgré quelques faiblesses sur les parties initialement chantées par David Coverdale (Glenn Hughes a une voix orientée soul, et il lui manque un grain blues et rocailleux pour donner du corps aux parties plus grave), on ne remarque d'entrée de jeu que très peu d'ombres au tableau.

Glenn Hughes, miam licro, debout, basse

Des bémols, dont certains récurrents chez les musiciens, font cependant surface. Ces derniers sont complètement noyés sous le mix basse/chant, au point que certains solos disparaissent en fond si Glenn se décide alors à pousser la vocalise. Une production sonore bien trop centrée sur le maître de soirée donc, ne rendant pas toujours honneur aux morceaux. Mais l'interprétation est aussi à redire lorsque la tentative est "à la note près". On dénote un claviériste particulièrement à côté pendant le solo de "Burn" : comme pour les autres titres, une réadaptation aurait été la bienvenue, plutôt que la preuve par la souffrance auditive que n'est pas Jon Lord qui veut.

Glenn Hughes, guitariste, debout

Heureusement, excepté sur les titres plus "emblématiques" qui pêchent de cette tentative de copie conforme, le groupe l'a compris et, marque majeure de l'ADN de Deep Purple sur scène, jamme à tout va. On apprécie particulièrement les jeux de questions réponses très funky sur "Getting Tighter", ainsi que le medley blues entrecoupé des solos de chaque musicien et d'un extrait de "High Ball Shooter" durant un "You Fool No One" qui n'en finit jamais. C'est alors l'occasion de voir des musiciens inspirés, tant visuellement que musicalement (le claviériste intégrant le "Zarathustra" à son solo nous fera indéniablement penser à Don Airey). Mention spéciale au solo de batterie, durant lequel le batteur se met une baguette dans le nez et la fait tomber à plusieurs reprises sans perdre une seule fois le rythme. Amusant et  brillant.

Glenn Hughes, guitariste, solo

Le second bémol reste autour de la voix de Glenn Hughes. Comme mentionné plus haut, il n'hésite pas à en faire des caisses puisqu'après tout, il en a les capacités, et il semble constamment sans limites, jusqu'à les oublier lui-même. C'est pourquoi, après une reprise de "Georgia On My Mind" beaucoup trop poussive pour être émouvante, on sent que la limite arrive. On la ressent d'ailleurs sur un rappel plus faible, où les lignes de chant de "Burn" et "Highway Star" en sont fortement atteintes. Évidemment, difficile d'en tenir rigueur à Glenn Hughes, qui à 66 ans est encore terriblement impressionnant. Mais peut-être faut-il en faire un peu moins pour préserver l'intensité tout du long.

Glenn Hughes, plaisir, hippie

Les quelques défauts ne nous font pas bouder notre plaisir. Les reprises sont de grande qualité, on ressent les 70's à plein nez, et ça joue dans tous les sens, notamment sur les lignes de basse, où lorsqu'il ne se concentre pas sur son chant, le maître de soirée nous dévoile un jeu bien plus inventif que ce à quoi il nous a habitués. Glenn Hughes n'oublie pas de citer Tommy Bolin, qui serait fier de le voir encore sur les scènes aujourd'hui, et de nous envoyer tout l'amour qu'il peut, lui qui, avec ses cheveux longs frisés et ses vêtements à franges, ressemble à un vieil hippie bienveillant. Peace and Love, et visiblement, à l'année prochaine!

 

Stormbringer
Might Just Take Your Life
Sail away
Gettin' Tighter
You Keep On Moving
You Fool No One
Mistreated
Smoke on the water
Georgia On My Mind

Burn
Highway Star

 

Photos : Rodolphe Goupil. Toute reproduction interdite. 

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