Nuits de l’Alligator #1 – La Maroquinerie – 3/02

Première nuit parisienne et quatorzième édition pour LE festival de blues iconoclaste, éclectique et électrique ! Comme chaque année, la “basic music” américaine y côtoie les mélodies soeurs, les rythmes frères. Ces nuits placées sous le signe du gator, prouvent que le blues, creuset de tant de styles, est bel et bien contemporain, que l’âme de la musique noire relie bluesmen et soulwomen “all over the world”… De l’Auvergne en mode jumelage avec le Mississipi - Muddy Gurdy -, en passant par la Réunion et son maloya créole - Anna d’Orao - pour finir en Espagne avec JP. Bimeni & The Black Belts. L’ Alliga’ tour reprendra dans l’hexagone dès le 18 février, offrez-vous une nuit d’ivresse bluesy et charnelle !

De la vielle à roue auvergnate pour interpréter le blues du grand boueux (le Mississipi est affublé du surnom peu flatteur de “big muddy”)… Un pari réussi et assumé à 200% par Muddy Gurdy, puisque c’est Gilles Chabenat, qui assure l’intro du set. Incroyable, on jurerait entendre les plaintes d’un harmonica ! Il est vite rejoint par Tia Gouttebel au chant et à la guitare et par Marc Glomeau aux percus. Son nickel, osmose parfaite, le trio emporte l’adhésion d’entrée. Du public de la Maroq, autant que celle de la bande de blues addicts qui truste le premier rang. La vielle se mue en guitare ryhtmique, en total accord avec les soli slidés de Tia et sa voix envoutante. “Going down south”, “Skinny woman”, “See my jumper on the line”. Les Muddy Gurdy reprennent avec maestria des titres de R.L burnside, en leur insufflant en prime une couleur insolite grâce à la vielle. Comme le rappelle Marc Glomeau, tandis que Muddy Gurdy fait le pont avec le blues américain, Trump veut lui faire son mur… Fort heureusement, les musiciens oeuvrent pour réparer les “bullshit” des fous-qui-nous-gouvernent !

Les percus de Bino Waro, fils de Danyel Waro chantre du maloya, installent le climat tendu autant qu’envoutant qui dominera tout au long du set d’Ann O'aro. La jeune chanteuse réunionnaise entre sur scène en chantant. Le micro derrière lequel elle vient se camper donne de l’ampleur à sa voix, mais il n’est pas nécessaire pour juger de son intensité. Une entrée sobre et spectaculaire tout à la fois. A son image. Chevelure noir corbeau, regard habité, ses mains dessinent des mouvements qui accompagnent son chant tantôt fiévreux, tantôt scandé. Le trombone de Teddy Doris le soutient, le précède, fusionne parfois avec les mélopées douces-amères d’Ann. Ce dernier est également très efficace aux choeurs lorsqu’elle entame avec une aisance déconcertante un a cappella qui colle le frisson. Le public réagit à l’unisson ; les applaudissements entre chaque morceau peuvent paraître un poil hésitants, ils sont plutôt la preuve qu’elle le subjugue. Sans vraiment comprendre la signification de ses paroles (on saisit néanmoins au détour d’une chanson une sombre référence à l’inceste…). La belle créole s’en amuse et incite avec drôlerie à se procurer son album au “rayon des produits dérivés” pour lire ses textes. Elle terminera son set à nouveau sans l’aide de ses deux complices. Tout en conviction et en tranquille assurance, miss Ann O'aro
    

Changement de plateau, changement d’ambiance. Pas moins de six musicos occupent en arc de cercle la scène. Tous tirés à quatre épingles les Black Belts, c’est l’usage chez les backing band soul… De gauche à droite, un clavier tout en élégance, une paire de gaziers bien cuivrés, un batteur assermenté au centre et les cordes électriques pour boucler la boucle. Passé l’intro instru de rigueur, c’est le guitariste et porte-parole Fernando “Dos Pistolas” Vasco qui introduit JP Bimeni. Démarrage classique donc. Et prestance classieuse assurée, avec une décontraction et un manque d’affectation toute africaine. JP Bimeni ne se départira jamais de son sourire lumineux, qu’il doive monter à son entrée sur scène le pied de micro ou meubler plus tard lorsque le batteur doit prendre le temps de changer sa caisse claire. JP a la classe donc, du charisme à revendre par paquet de douze. Il est tout à son aise dans la soul pur jus que dans le boogaloo à la sauce funky. Dans des créations signées Marc Ibarz que dans des reprises. Sa cover de “keep on running” - standard créé par le jamaïcain Jackie Edwards, popularisé par The Spencer Davis Groupe - vaut le détour. Il mouille la chemise JP ! La sueur a beau goutté de sa barbiche, rien ne l’arrête tant il semble heureux de jouer pour la première fois à Paris. A le voir fraterniser sans chichis après le show avec des spectateurs conquis, nul doute qu’il a fait preuve du même enthousiaste pour les autres dates des Nuits de l’Alligator. JP Bimeni & The Black Belts, de dignes héritiers de James Brown et de Otis Reding. Retenez leur nom, si les programmateurs des “gros” festivals daignent s’écarter un peu de leurs sentiers obligés autant que balisés, vous allez les retrouver à l’affiche très bientôt.  

Plus d'infos sur les Nuits de l'Alligator 2019.

Un grand merci à Isabelle Béranger des Nuits et à Franck Rapido pour la couverture vidéo !
 

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...