Endless Boogie (+ Pinky Pinky) – la Maroquinerie – 09/05

Après les Nuits de l’Alligator en début d’année, le blues rock débridé s’invitait à nouveau à la Maroq' en ce lendemain de jour férié. Avec un groupe heavy rock new-yorkais. Lequel aurait tout à fait eu sa place lors de la soirée orientée garage du dit festival. Endless Boogie, nous était vendu comme un combo underground constitué de “musiciens de jam et très difficile à capter”. Et il était précisé qu’ils jouent longtemps - pas de morceaux en deçà de dix minutes - et très fort. Objectif 100% atteint sur ce plan. Pour le reste, il fallait apprécier les interminables riffs plus psyché que blues pour se laisser hypnotiser. A l’inverse du public, nous sommes pas trop entrés dans la transe, préférant presque la pop bluesy de Pinky Pinky qui officiait en première partie…

Les trois jeunes femmes from L.A. Pinky Pinky, sont vraiment mimi. La vingtaine donc, et des chevelures luxuriantes à souhait. Une rousse chanteuse et batteuse, Anastasia Sanchez. Une brunette bassiste, Eva Chambers. Et une guitariste Isabelle Fields. Toutes trois copines de fac. Comme un air de “Charlie’s Angels” version rock californien, non ? Détonnant un brin parmi le public quinqua-sexa à majorité masculine, deux filles guère plus âgées les dévorent des yeux avant même qu’elles ne débutent leur set devant un parterre plutôt clairsemé. Deux américaines, sans doute des étudiantes elles aussi, attirées par la ville lumière… Qui exultent lorsque Anastasia Sanchez lance l’inévitable “first time in Paris”. “Robber” leur premier titre sent un peu le braquage du son du père Lou Reed, mais la voix punchy et ensoleillée de leur chanteuse permet de dépasser la référence. La suite est à l’avenant, une succession de titres garage pop plaisants à écouter et qui causent semble-t-il de sujets propres à leur âge. “My friend Sean” parle du beau gosse de l’école, dont le monde - filles, mecs, profs - est raide dingue. N’allez pas croire que leur musique et leurs paroles riment pour autant avec mièvrerie, “Charlie” est sous titré “do me dirty”. Jeunes, fraîches mais pas oies blanches. En revanche sur scène, il y a encore une “marge de progression”. Eva et Isabelle, peut-être un peu écrasées par l’assurance de leur consoeur - qui se donne au chant comme sur ses fûts - sont un peu statiques et l’ensemble gagnerait à ce qu’elles se mettent aux choeurs… Ce power trio seront le premier juin au TINALS pour défendre leur premier album “Turkey dinner”, vous entendrez sans nul doute parler d’elles sur votre webzine favori ! 

Après la fraîcheur des trois jeunes californiennes, place aux vieux briscards new-yorkais de Endless Boogie. On avait repéré Paul Major, frontman et guitariste solo du combo près du stand de merch. Son affabilité avec un fan faisait plaisir à voir. Grand et maigre, tout en cheveux et frange ramonesque. Sur le web, des plaisantins le comparent à Chewbacca. Rapport à sa coiffure. Un manque de respect pour un homme qui affichent certes cinquante-huit ans au compteur, mais qui prouvera par la suite qu’il tient encore fermement le manche… Lui et ses trois complices se mettent en place sans prévenir et se lancent bille en tête dans un instru de riffs et de rythmes déjà particulièrement entêtant. Paul Major prend son temps pour poser un chant scandé et éraillé juste-ce-qu’il-faut. Puis il lance le signal et lâche les chevaux. Qui tournent, en boucle. On a vraiment le sentiment d’être emporté dans un manège. Plus psyché que boogie, mais bel et bien sans fin. Ça fonctionne sur la majeure partie du public. Ce n’est pas la voix de Paul Major qui l’hypnotise car on l’entend difficilement lors de ses rares interventions. Il se bat d’ailleurs avec son micro qui refuse en plus de demeurer stable…

Endless Boogie - La Maroquinerie 09/05/2019

Pas de rack garni de multiples effets à leurs pieds. Sans doute pour garantir l’authenticité d’un son volontairement brut. Les soli de Major n’en sortent guère grandis. Bien exécutés, mais sans réelle folie et peinant à se détacher de l’implacable rythmique. Un technicien vient changer son micro. On l’entend mieux, mais son phrasé rocailleux manque de charisme. On le sent habité, mais on se surprend à imaginer à sa place un disciple d’Iggy. Ça aurait eu un autre gueule… Jasper "The Governor" Elkow, son vieux complice à la rythmique, passe son temps à se mettre en retrait, se planquant presque derrière les baffles. Et se met à exister lorsqu’il met un peu de reverb... Mark Ohe, bassiste à casquette et nettement plus jeune que les deux autres, est étonnant de stoïcisme. Même pour un bassiste. Pourtant, il a quelques raisons de trouver le temps long. Son sidekick à la rythmique Harry Druzd, est tout aussi imperturbable et côté volume, ne s’en laisse pas compter... 

Endless Boogie quittent la scène comme ils sont venus. Sans prévenir et sans les “thank you Paris” de convenance. C’est à peine si Mark Ohe esquisse un petit salut en guise de merci. Le public ne leur en veut pas pour autant et réclame rappel. Paul Major revient seul, suivi de Harry Druzd, puis des deux autres. Lance un “Oh yeah”  satisfait et nous interroge sur la signification du nom de la salle. Sans prêter beaucoup d’attention à la cacophonie de réponses qu’il récolte en retour. Et le miracle arriva. Un morceau de moins de trois minutes. Un blues rock bien frappé qui brise le cercle des boucles psyché. Et la voix de Paul Major porte enfin. Le soufflé retombe un peu sur le titre suivant, mais il semble que son solo parvient lui aussi enfin à se faire entendre... Jasper lui-même semble se détendre, il en lampe un coup et fait glisser sur son manche sa bouteille de bourbon. Du Kentucky Woodford. C’est du moins ce qu’il nous semble deviner. Pas étonnant donc, c’est du haut de gamme… Le miracle ne durera pas, la boucle infernale reprendra le dessus. Mais on en tiendra pas rigueur à Endless Boogie. Leur intégrité, loin de toute compromission avec de quelconques effets de mode ou de manche, est éminemment respectable et plait manifestement.
 

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