Daddy Long Legs – Lowdown Ways

Il y a quelques semaines, le trio de Brooklyn, Daddy Long Legs nous livrait sur le label Yep Roc son troisième effort studio Lowdown Ways. Brian "Daddy Long Legs" Hurd mène le trio avec son harmonica endiablé, Murat Akturk y triture sa six-corde façon boogie-blues trash et Josh Styles donne le tempo derrière ses futs et ses maracas.

Pour ce troisième album, le trio reprend les mêmes ingrédients que pour les deux premiers à savoir une grosse culture de blues du delta mais aussi des choses plus proches de Jon Spencer. Cependant, on retrouve de nouvelles directions que le trio a choisi d'explorer avec notamment quelques belles incursions en territoire cajun et une production un peu moins lo-fi que les précédentes. Voyons donc quelles surprises va nous livrer ce Lowdown Ways.
 


 

Tout d'abord, on parle de douze nouvelles compos. Pas de reprises cette fois-ci. Et on commence par un gimmick accrocheur à l’harmonica doublée d’un thème vocal susurré en fond. Voilà le tableau entêtant par lequel nous sommes accueillis par le "Daddy Long Legs Theme". La voix de Brian Hurd est envoutante. En deux minutes le décor est planté. Nous voilà prêts pour une quarantaine de minutes de blues "roots". C’est parti...

Les Daddy Long Legs n’oublient pas d'enclencher la pédale "fuzz" sur la guitare de Murat Akturk. "Pink Lemonade" nous propose un riff roboratif abusant de cette machine diabolique. Les fervents activistes de l’écurie Fat Possum n’auraient pas reniés. On sent une influence urbaine comme celle de Jon Spencer chez les New-Yorkais mais celle-ci est mélangée avec des relents de blues beaucoup plus traditionnels. Sur "Snagglepuss", la voix de Brian Hurd rappelle celle des bluesmen afro-américains du Delta avec toujours ce son particulier certainement dû au micro harmonica vintage utilisé aussi pour le chant.

"Mornin’ Noon & Nite" renvoie aux blues façon John Lee Hooker. On pense au mythique "Boom Boom". Mais Brian Hurd y appose toujours sa patte ou plutôt ses Long Legs. On imagine déjà sa silhouette dégingandée se tortiller sur scène durant les parties d’harmonica toujours aussi envoutantes. Murat Akturk y rajoute quelques lignes de guitare slide pour combler les espaces. La magie des Daddy Long Legs se diffuse. Nous voilà embarqués dans leur trip Nouvelle-Orléans.


 


Les morceaux obtiennent facilement une accroche immédiate. Le fan de blues sera servi. Derrière les futs, Josh Styles assure une rythmique métronomique. Charlie Watts serait fier de lui. Murat lui se lâche un peu et ses soli transpercent le paysage musical. Brian chante toujours dans son micro harmonica se qui rajoute cette distorsion naturelle à sa voix si caractéristique. Cela fait partie intégrante du son du combo. Ces blues nous font penser aux "covers" des Stones sur leurs premiers albums. Les Daddy Long Legs sont issus de la même culture musicale.

Un moment un peu plus posé avec l’intro de "Bad Neighborhood" qui se passe uniquement à la guitare, laissant l’harmonica au repos pour un temps. Ici, l’esprit de R.L. Burnside revient nous chatouiller et on pense à l’album de R.L. avec Jon Spencer. Brian revêt des allures de "preacher" comme Jon sait aussi si bien le faire !
 

Daddy Long Legs Lowdown Ways


Les Daddy Long Legs pour ce troisième effort, ont choisi aussi de s’éloigner de leur zone de confort pour explorer de nouveaux territoires. Ainsi "Célaphine" prend des allures de musique cajun. L’harmonica semble directement sorti du bayou. Le tempo s'accélère. On imagine volontiers ce "Celaphine" chanté en vieux français par Clifton Chénier et ses hommes. Une petite bouffée de fraicheur et de gaité dans cet album de blues. Gageons que ce titre va enflammer le dancefloor live !

"Winners Circle" sonne plus comme un titre country rock des pionniers. L'esprit de Johnny Cash rôde. Springsteen n'est pas loin... Encore un titre qui va dynamiter le public et qui montre une autre facette du talent des Daddy Long Legs. Le solo se fait lui aussi plus "chuckberrien". On imagine Murat entamer une traversée de la scène en "duckwalk" !

"Back Door Fool" se pose comme la ballade de l’édifice. Le tempo s’y trouve ralenti par rapport aux autres titres de ce Lowdown Ways. Encore un côté country qui peut encore rappeler les efforts solo du Boss comme sur l’album Nebraska ou l’album à venir Western Stars.

Autre pépite : "Be Gone" ! Ca démarre sur les chapeaux de roues avec un gimmick méga accrocheur rappelant dans son genre le gospel de "WhenThe Saints Go Marching In". Mais en version 33 tours passée en 45 tours. Ca envoie des giclées d’harmonica qui défouraillent.

"Wrong Side Of The River" pourrait s'imaginer facilement comme une musique de western. On imagine volontiers un "road movie" dans des paysages désertiques en écoutant Brian Hurd nous expliquer qu’on se trouve du mauvais côté de la rivière.

Au final, les Daddy Long Legs restent fidèles à leur ligne de conduite. Mais ils apportent avec ce troisième opus, des titres avec une production plus soignée et explorent de nouveaux territoires avec brio. Le cap du troisième album est passé avec succès !

Sorti le 10 mai 2019 sur le label Yep Roc avec une édition limitée en vinyle opaque
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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