Interview d’Olga de The Toy Dolls à  l’Xtreme Fest

40 ans. Ça fait 40 ans que la frêle silhouette d’Olga, le charismatique leader de The Toy Dolls traverse le temps et les modes avec la même fougue. 40 ans que le groupe enchaîne les concerts et les disques sans perdre une once d’honnêteté artistique. 40 ans que ce bon vieux Olga nous gratifie de son chant si particulier et de son jeu de guitare technique qui font de lui un des meilleurs gratteux du p’tit monde du punk rock.
Présents lors de l’Xtreme Fest 2013, les Toy Dolls sont aujourd’hui de retour avec une actualité chargée : le groupe prépare la sortie de son nouvel album Episode XIII en septembre chez Secret Records et planifie d’ores et déjà une tournée anniversaire pour les 40 ans du groupe ! Bref, Olga n’est pas encore prêt à raccrocher les gants... et ça, c’est une bonne nouvelle !

Bonjour Olga ! Episode XIII, le nouvel album de The Toy Dolls doit sortir chez Secret Records dans quelques semaines. Comment te sens-tu ?
 

Je dois avouer que je suis vraiment très satisfait de ce nouvel album. Bien sûr, à chaque fois qu’un artiste sort un disque, il y va de son couplet sur le fait qu’il est bien meilleur que le précédent et parfois ce n’est pas toujours le cas. C’est pourquoi, je ne vais pas te dire qu’Episode XIII est le meilleur de tous les albums de TheToy Dolls ! De mon côté, je préfère laisser les fans décider...
Ceci étant, je peux te garantir que je me suis beaucoup investi pour faire ce disque et je suis vraiment content des morceaux qui y figurent !

Toy Dolls Interview
 

Si on ne compte ton album Olgacoustic en sorti dans les bacs en 2015, il s’est passé 8 ans entre The Album After The Last One et Episode XIII. Pourquoi tout ce temps ?

C’est vrai que 8 années se sont écoulées entre la sortie de The Album After The Last One et d'Episode XIII. Que le temps passe vite ! (rires) Cependant, il ne m’a pas fallu 8 ans pour écrire ce nouvel album... mais seulement 5 ans ! (rires) En fait, après The Album After The Last One nous avons fait énormément de tournées et ce n’est jamais évident dans ce cadre-là de pouvoir trouver du temps pour se concentrer sur la composition et l’écriture. Cependant, une fois que tous les festivals et les dates ont été terminés, j’ai enfin pu prendre du temps pour travailler sur de nouveaux morceaux. Après toutes ces années, il m’a fallu me rassembler de façon à pouvoir mettre sur pied quelque chose de qualité avec pas mal de consistance.
 

Que peut-on donc attendre de cet Episode XIII, selon toi ?

(Il réfléchit... puis se met à rire) J’ai essayé de faire mieux que le précédent album ! (rires) Plus sérieusement, même si je trouve que The Album After The Last One est doté plein de bons morceaux, j’ai fait en sorte d’axer Episode XIII sur la guitare. Du coup, j’ai beaucoup travaillé les parties de gratte et le son de ma six-cordes est bien mis en avant ! Du côté des chœurs, il y aura toujours ces chants à l’unisson façon supporters de foot si fédérateurs. Pour ce faire, on a fait appel aux potes d’autres groupes pour venir chanter avec nous... Comme d’habitude, quoi ! (rires)
Dans ce nouvel album, il y aura aussi une reprise instrumentale d’"El Cumbanchero", un titre initialement écrit par Rafael Hernandez en 1946. Personnellement, je trouve que la reprise est très bonne...

 

Après toutes ces années ensemble comment le groupe travaille pour mettre sur pied un nouvel album ?
 

Pour ne rien te cacher, j’écris moi-même tous les morceaux chez moi. C’est comme ça que j’ai toujours fonctionné depuis 40 ans, même si j’ai maintenant mon propre home-studio. En effet, dans un premier temps, je préfère travailler seul chez moi. C’est ma petite routine... et puis ça me permet de pouvoir faire plein de pains sans que personne ne se moque de moi ! (rires)
Une fois que j’ai fait les premières maquettes des compositions et qu’elles sont en phase d’être finalisées, je les présente lors des répètes au reste du groupe puis nous les jouons pour voir ce que ça donne. C’est à partir de là que je retravaille les morceaux, le cas échéant.

 

Est-ce que tu te laisses quand même une marge d’improvisation lorsque tu enregistres une nouvelle composition ?
 

Comme je te l’ai dit, j’enregistre les démos chez moi donc quand je suis en studio pour véritablement mettre en boîte un album avec Tommy (basse) et Ducan (batterie), 99,99% des morceaux sont déjà bien ficelés. Il peut parfois m’arriver de faire de minuscules changements mais c’est très rare. En effet, après avoir bien répété avec le groupe sur une nouvelle composition, je n’ai plus vocation à changer quoi que ce soit.
 

Et en ce qui concerne la production comment ça se passe ?
 

C’est encore moi qui me charge de tout ! (rires) Toutefois, je fais appel à un véritable ingénieur du son professionnel pour travailler avec moi dans le studio car il connaît son métier bien mieux que moi. Je ne fais donc que le guider dans la production de chaque nouveau disque et ça a aussi été le cas sur Episode XIII.
 

Pourquoi tu as décidé de réenregistrer sur Episode XIII le morceau "She is A Worky Ticket" qui figure initialement sur premier EP du groupe sorti en 1981 ?

En fait, j’ai décidé de remettre "She is A Worky Ticket" au goût du jour sur le nouvel album car c’est un morceau où la guitare est omniprésente et de nombreux fans me demandent depuis des années de le rejouer. J’ai pensé que pour les 40 ans du groupe, ce serait une bonne idée de réenregistrer ce titre qui est sur le tout premier maxi de The Toy Dolls ! À l'époque, quand j’ai composé "She is A Worky Ticket", je me suis inspiré des jeux de guitare de Wilko Johnson du groupe Dr Feelgood et de celui de Mick Green de The Pirates qui m’ont beaucoup influencé à mes débuts...

Toy Dolls Interview 2
 

Durant l’enregistrement d’Episode XIII, tu as diffusé de nombreuses vidéos sur le making-of de cet album sur les réseaux sociaux. À ma connaissance, c’est une première pour toi ! Quelle a été la réaction du public ?

En fait, les gens se sont montrés très friands de ce genre de vidéos et ils ont adoré pouvoir voir l’envers du décor de la gestation de cet album. J’ai donc bien fait d’utiliser ma petite caméra GoPro car les fans ont adoré ! C’est en effet la première fois que je fais ce genre de chose et je trouve que c’est vraiment cool de pouvoir mettre tout ça sur le site web du groupe ou sur YouTube. En fait, c’est le genre de vidéo que j’aurais adoré voir quand j’étais gosse pour pouvoir comment mes groupes préférés travaillaient. Mais à mon époque, rien de tout ça n’existait encore ! (rires)
 

Tu as aussi posté un extrait du morceau "Richard Clayderman Is A Creep" issu du nouvel album. En France, Richard Clayerdman est une idole pour l’ancienne génération... D’où t’es venue l’idée d’écrire une chanson sur lui ?!

(rires) Depuis que je suis enfant, j’entends un peu partout la musique de Richard Clayderman et ça fait des années que ça dure ! À chaque fois que j’entends un air de Clayderman, j’ai cette image dans ma tête d’un artiste avec de longs cheveux blonds et de beaux yeux bleus qui pose nonchalamment sur les pochettes de ses disques. Je ne suis pas quelqu’un de violent mais quand j’étais jeune, je rêvais de lui donner un bon coup de poing au visage ! (rires)
Il faut savoir que j’ai commencé à écrire ce morceau avec le refrain il y a environ 10 ans, mais à cette époque je n’étais pas allé jusqu’au bout de ma démarche. Maintenant, c’est fait... j’ai enfin pu tout extérioriser ! (rires)

 

Est-ce que Richard Clayerdman est au courant de ce morceau ?
 

Euh... je ne crois pas ! (rires) Je ne connais pas du tout Richard Clayderman et je ne sais pas comment il va réagir si quelqu’un lui fait écouter ce titre ! En fait, tout dépendra de quel genre de personne il est : soit il va l’ignorer ou bien il va se mettre sacrément en colère... On verra bien ! (rires)
 

En parlant de personnes réelles qu’on retrouve dans tes chansons, tu as écrit un titre sur Jimmy Saville il y a quelques années. Après sa mort, on a appris qu’il y avait des allégations très graves de harcèlement sexuel à son encontre...

Oui, c’est vrai... mais je précise que j’ai écrit "When You’re Jimmy Saville" en 1992, soit de très nombreuses années avant que ce scandale n’explose ! À cette époque, personne n’aurait imaginé la véritable nature de Jimmy Saville... Si cela avait été le cas, je n’aurais bien entendu rien écrit sur lui !
 

À l’heure actuelle, est-ce qu’il est encore possible de jouer ce morceau ?
 

Oh non ! Ce ne serait vraiment pas bien... Pourtant, c’est bien dommage, car c’est une composition que je trouve plutôt bonne. Et même si je l’ai écrite il y a de très longues années, je ne pense pas que ce serait de bon aloi de jouer ce titre en live de nos jours.
 

J’espère que Richard Clayerdman n’aura pas le même genre de problèmes que Jimmy Saville, sinon The Toy Dolls devront enlever un morceau à leur set list ! (rires)
 

(il éclate de rire) Oui, c’est vrai ! C’est un peu le problème quand on écrit des morceaux sur des personnes qui existent vraiment. En fait, le plus simple c’est de composer en se mettant dans le peau de personnages fictifs. Là au moins, on est sûr qu’il n’y aura pas de problème de ce genre-là !
 

Est-ce que des titres d’Episode XIII seront joués lors des prochains concerts de The Toy Dolls ?
 

Non, il n’y aura malheureusement aucun nouveau morceau d’Episode XIII sur les prochaines dates à venir. En effet, nous sommes en phase de finir notre tour avec la set list actuelle dans une ou deux semaines. Nous inclurons bien entendu pas mal de nouveaux morceaux une fois que l’album sera sorti et que nous attaquerons une nouvelle tournée Européenne qui débutera par l’Allemagne en octobre et qui qui passera bien entendu par la France vers la fin novembre...
 

Le groupe fête maintenant 40 ans. Comment tu as vu l’évolution de The Toy Dolls depuis 1979 ?

Alors, je précise que The Toy Dolls aura 40 ans dans un mois. Pour l’instant, nous n’avons que 39 ans ! (rires)
Plus sérieusement, je suis heureux de toujours m’amuser avec ce groupe et savoir que des fans nous suivent depuis si longtemps avec tant de fidélité est quelque chose de carrément génial. Je pense que le public nous aime bien car nous sommes toujours restés très proches de lui. On n’est pas le genre de groupe qu’on voit à longueur de journée sur MTV et on n’a jamais cherché à le devenir. Nous sommes heureux de jouer notre musique et même si nous avons conscience d’évoluer à un petit niveau par rapport à plein d’autres groupes, cela nous satisfait amplement...
Avec du recul, je dois avouer que j’ai dû mal à imaginer que ça fait déjà 40 ans que The Toy Dolls existe ! Je me souviens que quand j’ai commencé à jouer, il y avait un gars qui s’appelait Paul Hudson qui a passé peu de temps avec The Toy Dolls puis qui a quitté le groupe pour partir à l’armée. Quand on s’est recroisé 3 ans plus tard, il était sacrément étonné de voir que The Toy Dolls existait encore. On était alors en 1982... ! (rires) Et se dire qu’on est toujours là 37 ans après cette histoire, ça donne vraiment le vertige ! (éclats de rires)

Toy Dolls 3
 

Une tournée va être bientôt mise sur pied pour promouvoir Episode XIII et les 40 ans du groupe. Que peut-on attendre de la nouvelle set list ?

Pour moi, c’est le contraire : j’estime que c’est le nouvel album qui permet de promouvoir une nouvelle tournée et non l’inverse ! (rires) J’adore enregistrer des disques et écrire de nouveaux morceaux, mais le but ultime de tout ça c’est de partir en tournée pour rencontrer le public...
Pour répondre à ta question, je pense qu’il y aura 5 ou 6 titres issus d’Episode XII ainsi que 2 ou 3 très vieux morceaux comme "Tommy Kowey’s Car", mais je ne peux pas encore en dire plus... Quoiqu’il en soit, on va essayer d’équilibrer la set list pour que tout le monde y trouve son compte.

 

Est-ce que tu es toujours en contact avec les anciens membres The Toy Dolls ?

Oui, nous sommes toujours en contact ! J’ai souvent l’occasion de voir Bonnie Baz quand nous nous croisons ici et là. C’est quelqu’un de vraiment adorable ! Je parle aussi pas mal avec Marty, l’ancien batteur du groupe. Quant à K’Cee, ça fait un petit moment que je ne l’ai pas vu mais nous échangeons par mail de temps en temps... En règle générale, j’ai gardé de très bonnes relations avec la plupart des anciens membres du groupe.
 

Du coup, tu penses que ce serait possible de revoir sur scène certains de tes anciens collè dans le cadre du 40th Anniversary Tour ?

En effet, ce serait cool... Mais pour être honnête, la plupart des anciens membres du groupe ne font plus du tout de musique suite à leur départ de The Toy Dolls. C’est par exemple le cas de Flip (basse) avec qui j’ai commencé à jouer en 1979. The Toy Dolls a été pour eux qu’une infime partie de leur vie et ils sont passés à autre chose depuis tout ce temps...
Ceux qui continuent à faire carrière dans la musique sont l’ancien bassiste Bonnie Baz – qui joue maintenant de la guitare dans The Stranglers – et l’ancien batteur Dickie qui a été derrière les fûts de Blackmore’s Night, le groupe de Ritchie Blackmore). Ce serait génial de les avoir sur scène avec nous, mais rien n’a été statué en ce sens. En ce qui concerne tous les autres anciens membres, vu qu’ils ne font plus carrière dans la musique depuis belle lurette, ce serait très difficile de les faire jouer avec nous...

 

Puisqu’on parle des anciens membres du groupe, j’ai récemment lu une interview de Bonnie Baz dans laquelle il évoquait son passage dans The Toy Dolls. À ce titre, il disait qu’il avait passé une audition pour jouer dans le groupe en tant qui guitariste. Pourquoi s’est-il donc retrouvé au poste de bassiste ?

Oui, c’est vrai ! À la base, j’avais prévu de ne me concentrer que sur le chant (même si j’ai toujours très mal chanté). C’est pour ça qu’il a passé une audition pour prendre le poste de guitariste... mais on final nous avons décidé de garder la formule du trio. C’est pour ça que je suis resté à la guitare et au chant et qu’il a pris le poste de bassiste. Cependant, je dois avouer qu’il a été – et qu’il est toujours – très bon ! Pour moi, c’est de loin le meilleur guitariste avec qui j’ai eu l’occasion de jouer. Il est bien meilleur que moi... Moi, je ne sais jouer que le répertoire de l’univers de The Toy Dolls. Bonnie Baz lui, sait jouer tous les répertoires ! (rires)
 

The Toy Dolls est constamment sur la route. Après toute ces années à arpenter toutes les scènes du monde, tu prends toujours autant plaisir en jouer live ? Plus que composer ?

Oui ! J’adore toujours autant monter sur scène et jouer ! Après, je dois t’avouer que quand les tournées durent très longtemps, les dernières dates sont assez difficiles car on espère en finir vite pour pouvoir enfin prendre un peu de repos ! (rires) Bien entendu, on prend toujours plaisir à jouer devant le public même quand on est très fatigués. En règle générale, on évite d’enchaîner les dates pendant des mois et des mois car on veut être le plus en forme possible pour faire des shows de qualité.
Puis, une fois les tournées passées, c’est à ce moment-là que je mets à composer tranquillement de nouveaux morceaux. C’est un exercice totalement différent que de jouer en live mais c’est quelque chose que j’adore faire. Et puis, ça permet de repartir en tournée ! (rires)

Toy Dolls Interview 4
 

Tu joues toujours sur scène avec une Fender Telecaster. Est-ce que c’est une guitare que tu utilises aussi pour enregistrer tes albums ou tu peux être amené à utiliser d’autres grattes ? J’ai lu quelque part que tu avais joué avec une Gibson sur Absurd Ditties...
 

Oui c’est vrai. Pour moi, le son de la Fender Telecaster c’est la fondation de la musique de The Toy Dolls. Ceci étant, quand j’enregistre un album en stéréo je fais en sorte d’avoir le son de la Telecaster à droit et le son d’une Gibson Les Paul à gauche et de mixer l’ensemble en mettant en avant le son de la Telecaster. Je trouve que ça donne pas mal de corps à l’ensemble et que ça représente bien le rendu sonore du groupe.
 

Pourtant, il y a des vidéos live où on te voit jouer sur une Gibson SG...

C’est exact ! Ça m’est arrivé de jouer sur une Gibson SG sur un concert... mais c’est parce que j’avais cassé ma Telecaster et que je n’avais que ça sous la main ! (rires) Même si je trouve que les Gibson SG sonnent très bien, ce n’est pas le genre de guitare qui me convient. C’est plus facile de jouer sur une SG plutôt que sur une Telecaster. Quand tu joues sur une Telecaster il faut bien t’appliquer sinon ça ne sonne pas bien. Du coup, la Fender Telecaster invite le guitariste à beaucoup travailler et à ne pas se reposer sur ses lauriers...
 

En matière d’ampli, qu’est-ce que tu utilises ?

J’ai un Marshall JCM-800 2203 et j’ai aussi un Marshall JCM-800 2203 Reissue qui s’avère être bien meilleur que l’originale à partir du moment où on fait les bons réglages. Je trouve que ça sonne très bien avec la Fender Telecaster que ce soit quand on joue à la cool ou quand on envoi du gros son. C’est en tout cas le matériel que j’apprécie tout particulièrement et qui me convient bien !

 

Un grand merci à toute l'équipe de l'Xtreme Fest ainsi qu'à Fred pour avoir rendu cette interview possible.

Crédit photo : Olga Robinson (La Grosse Radio)

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