Entretien avec DZ Deathrays

Quelques heures avant leur concert à la Boule Noire à Paris, le trio australien DZ Deathrays a partagé un moment avec La Grosse Radio. Au programme de cet entretien, une présentation du nouvel album, Positive Rising – Part 1, de leur évolution musicale et personnelle, mais aussi leur perspective sur la scène musicale australienne et le public français. 

Rencontre avec Shane (guitare, chant), Simon (batterie) et Lach (guitare) pour quelques confidences en toute décontraction... 

La Grosse Radio : Salut à vous. Vous êtes trois aujourd'hui, et vous vous présentez en tant que trio avec l'arrivée officielle de Lach dans le groupe, mais Lach est loin d'être un petit nouveau chez DZ Deathrays puisqu'il tourne avec vous en concert depuis plusieurs années maintenant. Ça fait quoi, de passer de duo à trio ?

Shane : Eh ben en fait, Simon et moi on a discuté et on pense qu'on va revenir au duo... [Rires] Mais non, bien sûr que non ! En fait, beaucoup de choses ont changé depuis que Simon et moi avons demandé à Lachy de rejoindre le groupe. On savait qu'il venait avec l'intention d'écrire des morceaux, qu'il avait des idées de compositions. Je pense qu'avec DZ Deathrays, après trois albums composés en duo, on en était arrivé à un point où les idées nous semblaient un peu recyclées, répétitives, et donc ça a été vraiment super d'avoir quelqu'un de nouveau dans le processus de composition, comme un nouveau cerveau dans le mix, avec de nouvelles choses à proposer. D'être trois, ça nous a également permis d'écrire et de composer des chansons plus rapidement, d'en écrire davantage, et c'est la raison pour laquelle nous sortons non pas un mais deux albums, une sorte de double album. Positive Rising : Part 1 vient de sortir, et prochainement, dans moins d'un an, il y aura l'album Positive Rising : Part 2.

LGR : Cette formule est vraiment intéressante, un double album avec deux dates distinctes de sortie. Ça vous permet aussi de faire les choses différemment, de ne pas faire une sortie classique d'album avec quinze titres dessus...

Simon : Oui, c'est exactement ça. Après notre dernier album, on s'est rendu compte qu'on voulait faire les choses différemment. On ne voulait pas juste refaire la même chose, un album avec douze chansons qui nous plaisaient. Et voilà ce qu'on a trouvé ! C'est vraiment quelque chose qu'on n'avait jamais fait auparavant, d'essayer de faire quelque chose de plus grand. On a aussi pu se permettre de faire ce double albums car grâce à l'arrivée de Lach dans le groupe, on avait suffisamment de morceaux.

Shane : On a aussi changé notre façon de travailler pour cet album en deux parties. Il y avait plus de gens sur le projet, les idées surgissaient plus facilement. Disons qu'on voulait voir les choses en plus grand sur cette sortie. On a beaucoup travaillé dessus : l'écriture de ce double album nous occupe depuis deux ans et demi. En fait, il s'était déjà passé un an entre l'écriture de Bloody Lovely, notre précédent album, et sa sortie. Pendant toute cette période, on a commencé à écrire, à composer, et on avait déjà pas mal de morceaux qu'on a pu terminer lorsque a tournée pour Bloody Lovely s'est arrêtée.

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LGR : Pour Positive Rising, vous êtes allés enregistrer à Los Angeles, racontez-nous comment tout ça s'est passé !

Shane : Pour les deux disques précédents, on avait enregistré au studio The Grove [ à Sydney, ndlr], avec Burke Reid à la production. C'est facile pour nous d'aller là-bas, et c'est vraiment sympa de bosser avec Burke. Mais pour ce nouvel album, on avait envie d'essayer quelque chose de complètement différent, on avait envie de repousser nos limites, tu vois ?

Simon : Et on a un ami, Miro Mackie, qui est originaire de Brisbane, et bosse comme producteur et compositeur à Los Angeles. Ça a été facile de se mettre d'accord avec lui : il était prêt à enregistrer notre album, il était déjà là-bas, il avait déjà son studio... et pour la seconde partie du disque, Positive Rising Part 2, c'est lui qui est venu en Australie. On a enregistré au studio The Grove à Sydney. Déjà, c'est parce qu'on n'avait pas le budget pour repartir une seconde fois aux Etats Unis [Rires]...

LGR : J'imagine ! Et peut-être plus pratique pour vous ?

Simon : Oui, bien sûr ! Et puis Miro a de la famille et sa belle-famille en Australie, donc finalement tout le monde en a profité, tout ça s'est bien arrangé.

LGR : Parlons du titre, Positive Rising. Comment avez-vous choisi ce titre pour l'album ?

Shane : C'est le titre d'une chanson du deuxième disque. C'est une chanson qui parle d'un univers presque de science-fiction, donc pas grand lien avec la réalité. Mais on a trouvé que ça ferait un bon titre. Et puis aussi, les titres de tous nos albums précédents commençaient par la lettre B. Alors on s'est dit, tiens, faisons les choses différemment, on change la lettre, on fait une pochette colorée alors que les précédentes étaient plutôt sombres, et voilà !

Lach : Enfin, c'est presque un B quand même, on n'est pas trop loin ! [Rires]

Shane : On voulait juste faire un maximum de changements, sans complètement perdre l'esprit du groupe. On voulait montrer cette nouvelle phase pour DZ Deathrays, tu vois, maintenant qu'on est trois et qu'on a des projets plus importants. 

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LGR : Votre single "Still No Change", lui, ne parle pas vraiment d'élévation positive, mais plutôt de la façon dont les gens ont du mal à faire coïncider leurs désirs de changement, avec peut-être un peu d'amertume dans les paroles. Enfin, c'est mon interprétation. C'est le message que vous vouliez faire passer ?

Shane : En fait, chacun prend ce qu'il veut entendre ou comprendre dans une chanson. Mais oui, sur ce titre, l'idée c'est que les gens attendent beaucoup de toi. Il y a ceux qui te demandent de changer, ceux qui ne veulent pas que tu changes, et au moment où tu t'efforces de décider de ce que tu veux faire de ta vie, beaucoup trouvent que ce n'est pas le bon moment ou la bonne décision. En gros, c'est l'idée. Mais quand j'écris, j'essaie de faire en sorte que les paroles des chansons ne soient pas trop précises, pas trop spécifiques. Certaines peuvent parler d'un événement en particulier, mais beaucoup restent assez larges et ouvertes à l'interprétation de chacun. Comme ça, ça peut parler aussi bien à une personne qui pense à sa situation sentimentale qu'à une autre qui a un choix difficile à faire, par exemple.

LGR : Est-ce que vous parleriez d'évolution dans votre style musical avec ce nouvel opus ?

Shane : En quelque sorte, oui. Il y a clairement des ambiances différentes, une chanson va sonner vraiment très indie rock, la suivante très punk... pour cet album on avait tellement d'idées différentes que cette diversité était inévitable. On ne sait jamais à l'avance ce que va devenir le morceau qu'on écrit, tu vois ? Mais je suis persuadé d'une chose, c'est que si la façon de chanter est la même sur tous les morceaux, la musique peut changer pas mal et on reconnaîtra quand même le style du groupe. Pour cet album, on a donc travaillé avec Miro qui a l'habitude de travailler avec pas mal d'artistes pop, et il a incorporé pas mal de trucs nouveau sur notre album, comme par exemple des pistes de synthé, pour changer un peu le son, lui donner plus de texture. Tous ces petits trucs nous ont même permis de faire évoluer notre son en live. On a appris pas mal de choses, et ça a été une super expérience. Et là, on est là, à enchaîner les concerts, vraiment, on s'éclate. C'est génial, de faire toutes ces dates, d'avoir énormément de titres à jouer... 

LGR : Quand on pense que vous avez commencé il y a onze ans dans un salon lors d'une fête !

Simon : Oui, c'est vraiment fou !

LGR : Avec le recul, quel regard portez-vous sur ce qui vous arrive en ce moment ?

Lach : C'est vraiment un tournant. Il y a tellement de groupes qui se séparent en quelques années !

Shane : C'est comme une ligne temporelle que tu visualises, et tu vois des groupes qui te dépassent, et puis hop ! Ils disparaissent ! [Rires]

Lach : On avance pas à pas.

Simon : Oui, c'est étape par étape, un mouvement vers l'avant, et à chaque étape, on essaie de voir si on peut faire un peu plus, on envisage des dates supplémentaires, et on voit jusqu'où on peut aller.

Shane : Avant de créer DZ, je faisais partie d'un autre groupe, à Brisbane, et on n'a jamais joué ailleurs que Brisbane. Alors, quand on a lancé DZ, la première chose qu'on s'est dite, c'est : il faut sortir d'ici. Et c'est ce qu'on a fait, on est partie en tournée dans toute l'Australie. Puis j'ai eu cette ide folle d'essayer de partir tourner à l'étranger assez vite, et tout le monde était partant. On est allés plusieurs fois en Europe, aux Etats Unis aussi, et là en ce moment c'est vraiment génial de voir les réactions à l'étranger. On reçoit maintenant le même accueil ici ou en Amérique que ce qu'on avait comme accueil en Australie il y a environ cinq ans. DZ Deathrays fait partie de ces groupes où il faut un peu de temps pour susciter un vrai, gros enthousiasme, c'est plutôt progressif, mais ce n'est pas du tout une mauvaise chose. On apprécie vraiment ce qu'on est en train de vivre à l'étranger.

LGR : C'est vrai que votre planning de tournées est plus que chargé en ce moment. Vous tournez en Europe en tête d'affiche puis vous enchaînez une autre tournée en Australie, avant de partir en Amérique du Nord fin 2019 et de revenir en Europe en janvier, cette fois-ci en première partie de The Darkness !

Simon : Oui, c'est vrai, on est vraiment excités !

LGR : Ce n'est pas trop dur de vous préparer à des dates aussi différentes les unes des autres, dans des salles de tailles diverses, avec des publics variés ?

Shane : Moi, tu sais, j'ai vraiment le sentiment que le monde entier est ma scène. Ça peut être une petite scène ou une salle énorme, ça n'a pas trop d'importance. Nous essayons de donner notre maximum quelque soit la salle, le nombre de gens dans le public. Alors, bien sûr, si le public est très chaud et nous renvoie une super énergie, on se nourrit de ça et ça va nous galvaniser. Mais on ne propose pas de choses différentes en fonction du pays où l'on se trouve : notre setlist ici sera la même sur notre tournée headline en Australie. En fait, on se dit, allez, tant qu'il y a des gens qui viennent pour nous écouter, on y va et on donne tout ! 

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LGR : Et le quotidien, en tournée, comment ça se passe ?

Lach : On ne va pas te dire que c'est super simple. Beaucoup pensent que c'est facile, mais la réalité, c'est que c'est très prenant et fatigant d'être tout le temps sur la route. Mais en même temps, on voit et on découvre tellement de choses...

Simon : Tous ces lieux à découvrir, c'est génial.

Shane : On est plus efficaces qu'avant pour les jours off. Avant, on ne faisait que dormir ou picoler, mais maintenant, on fait des trucs sympa, on va se balader, soit dans la nature, soit pour visiter la ville. En tout cas on essaie de profiter un maximum de tout ce qu'on peut voir, en gardant en tête qu'on ne sait pas du tout combien de temps tout ça va durer...

LGR : Ce soir avec vous il y a deux autres groupes australiens, Planet et Wharves. Parlez-nous du choix de ces groupes pour vous accompagner sur la tournée. C'est important pour vous de promouvoir la scène émergente australienne ?

Simon : Oui, très ! D'abord, c'est vraiment agréable d'emmener avec nous des groupes avec qui on s'entend bien. Mais il y a aussi ce sentiment, qu'on a bien connu, que quand tu es un groupe australien, il faut absolument tourner ailleurs qu'en Australie si tu veux booster ta carrière. On a rencontré le groupe Planet il n'y a pas longtemps, au Reeperbahn Festival (en Allemangne), et ils nous ont demandé s'ils pouvaient venir avec nous et se greffer sur notre tournée ! Ils ont fait des trucs vraiment bien au Royaume Uni dernièrement, c'est vraiment intéressant. Quant au groupe Wharves, on les connaît depuis un moment, ils ont fait un concert avec nous à Byron Bay en Australie, et on les considère comme des amis.

Lach : On avait prévu de faire une tournée ensemble, et c'est vraiment super d'être tous ensemble comme ça depuis le Reeperbahn festival !

Simon : En plus, c'est encore plus sympa d'être nombreux à voyager ensemble.

Shane : Le truc vraiment bien pour les concerts, c'est que tout est déjà réglé, et on se partage le matériel, etc, comme ça on arrive, on installe tout et tout est rodé pour les trois groupes.

Lach : Oui, on n'a vraiment pas de prises de têtes là dessus, aucune embrouille du genre : "non, tu ne touches pas à mon ampli, non ça c'est mes pédales", etc. 

Simon : C'est vrai que parfois, quand tu joues tous les soirs avec des groupes différents, la mise en place peut être vraiment longue et compliquée.

LGR : Surtout si tu partages la scène avec des gens qui ont déjà leurs habitudes, non ?

Simon : Exactement. Là, on partage le matos, c'est vraiment bien. 

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LGR : Vous jouez ce soir ici, à la Boule Noire. Ce n'est pas votre première fois à Paris, quels souvenirs vous avez de vos précédentes visites ici ?

Lach : L'an dernier on est venus au Point Ephémère, je me souviens qu'il faisait extrêmement chaud ! C'était une soirée de folie, on a beaucoup transpiré, mais on s'est éclaté, le public était bouillant !

Shane : On a fait plusieurs dates parisiennes, il y a quelques années on a fait l'Espace B, et une autre salle dont je ne me rappelle plus le nom, où on ouvrait pour un autre groupe. Et surtout il y a deux ou trois ans on a joué à La Mécanique Ondulatoire, et je me souviens m'être dit : waouh, les gens sont vraiment chauds ici, c'est comme à la maison ! C'est ça, le public parisien est vraiment passionné, et ça me rappelle nos fans australiens.

Lach et Simon : C'est exactement ça, oui !

Shane : Voilà, donc on se sent super bien, et on a hâte de jouer ce soir. Même si c'est dimanche soir... j'ai l'impression que dans beaucoup de grandes villes ce n'est pas un problème de jouer un dimanche soir.

LGR : Non, en semaine ou le weekend, les gens se déplacent facilement. Un dernier mot sur la setlist de ce soir : vous allez jouer des morceaux du nouvel album, je suppose ?

Shane : On joue Positive Rising : Part 1 en entier sur cette tournée ! Mais on jouera aussi des morceaux plus anciens.

Simon : Au cas où les gens n'aimeraient pas le nouvel album [Rires]

LGR : Il y a peu de chance qu'ils n'aiment pas, c'est vraiment un album qui est taillé pour le live !

Shane : On apprécie beaucoup que tu dises ça, merci ! Et donc on est très contents de jouer ici à la Boule Noire, c'est une très belle salle, très sympa... et dans très peu de temps on reviendra juste à côté, à La Cigale, pour le show avec The Darkness, c'est marrant !

LGR : Eh bien bon show pour ce soir et rendez-vous le 26 janvier à la Cigale alors ! Merci de nous avoir accordé cet entretien.

DZ Deathrays : Merci à toi !
 

Entretien réalisé le 29 septembre 2019. 
Photographies : 
David Poulain.

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