Last Train (+ Bandit Bandit) – Le Trianon 06/11

En mars 2014, alors que Last Train n’était encore qu’à l’état d’embryon, les jeunes Alsaciens assistaient à un concert des Black Rebel Motorcycle Club dans ce même Trianon. L’audace rageuse de leurs vingt ans leur avait fait promettre qu’eux aussi, ils joueraient dans cette salle parisienne emblématique… Pari tenu, et en mode extra full. Devant une foule sentimentale et enthousiaste tout du long. Des jeunes fans, des vieux de l’âge de leurs parents présents ce soir-là. Tous séduits par une prestation scénique au cordeau, par le tranchant de riffs volontiers noisy et par la voix parfois tranquille, souvent survoltée de Jean-Noël. Un succès qu’ont partagé les Bandit Bandit. Le rock psyché du duo Mäeva / Hugo, a su convaincre dans ce format contraint qu’est la première partie.

Alors que s’éteignent progressivement les lumières, “Mon amie la rose” de Françoise Hardy résonne dans les enceintes. Le savant Larsen dans lequel se lance Hugo Herleman guitariste et chanteur, le nez collé au monumental ampli, est étrangement raccord. La batterie plombée d’Anthony Avril détonne à peine, pas plus que la basse d’Ari Moitier… Un son lourd, incantatoire, qui grimpe en intensité pour annoncer l’entrée de Maëva Nicolas la chanteuse. Plongée directe dans le “Néant” pour cette dernière, en mode “je n’ai pas peur de la nuit”. Elle danse, à la limite de la transe tout au long du set. Sa débauche d’énergie, sa complicité de “Siamese” avec Hugo, rappelle irrésistiblement The Kills. Alternance de titres lancinants en français ou en anglais. “Fever”, “Maux”, “Pixel”. Impossible de faire plus concis et évocateur. Si Maëva maltraite son tambourin comme rarement, Anthony Avril fait lui honneur à la réputation de bûcheron des batteurs. Donnant tout, il sacrifiera par nécessité à l’exercice imposé du tombé de tee-shirt. Sur “Tachycardie” qui clôt le set, Hugo sort une étrange guitare au corps minuscule, au manche fin et interminable. Il en tire des notes orientalisantes, qui collent à merveille aux “je ne veux pas, c’est ton problème” susurrés par Mäeva. Nos deux bandits et leurs acolytes nous quittent sur fond de “Paris s’éveille” de Dutronc, on est loin d’avoir sommeil grâce à eux…

Bandit Bandit - Trianon © D. Poulain
Photo © David Poulain

Tandis que les roadies procèdent au changement de plateau, à coté de nous, un fils devise avec son père. Pas beaucoup de vingt, vingt cinq ans, dit le premier. Il est vrai que les middle age quarantenaires sont assez peu nombreux. Les deux se lancent dans une conversation sur la différence de l’accès à la musique et aux concerts trente ans auparavant... “j’avais mon carnet” confie le père, sans doute destiné à noter les titres. J’ai même eu un des premiers téléphones. C’était différent.” conclue-t-il. Un court moment de partage… Le vieux finira devant la scène, enthousiaste. Le fils derrière, pas vraiment dans le mood...

Bandit Bandit - Trianon © D. PoulainPhoto © David Poulain

Pour annoncer leur entrée sur scène, les Last Train ont choisi eux un instrumental à la Morricone. Classieux. A leur image donc. Dandy rockers de la tête aux pieds. Manteaux à la coupe irréprochable, indémodables slims et élégants souliers, oublié le perf de Jean-Noël Scherrer des précédentes tournées, tellement porté que lui-même avouait qu’il tenait debout tout seul… En fait, les tenues vestimentaires ressemblent à celle sde la pochette de leurs second album. Devenus des minets nos jeunes mulhousiens ? Devait-on s’attendre à une pop précieuse d’un autre nouvel âge ? Que nenni mon ami rocker, don’t panic… Les guitares crachent d’entrée leur venin sur “All alone” et les head bang qui s’en suivent immédiatement dans la fosse, rassurent d’entrée les sceptiques.

Last Train - Trianon © David Poulain
Photo © David Poulain

Avant de se fendre du traditionnel “bonsoir Paris”, accompagné des riff de basse de Timothé Gérard, Jean-Noël tombe le manteau, mais conserve la classe attitude en gilet cintré et chemise immaculée. Avec être sortis indemne d’un “Way out” passablement énervé, le début plus calme de “House on the moon” nous permet de souffler. Mais rapidement, ça s’emballe à nouveau ! Rebelote pour “One side road” qui suit. Julien Peultier, à la guitare semble danser de concert avec les deux autres. Tous trois virevoltent, cabriolent presque, au rythme de la frappe d'Antoine Baschung. Autour duquel ils se regroupent pour entamer “Beetween Wounds”. Un moment intime et insolite, qui perturbe un rigolo de service qui lance un “A poil” pas vraiment de circonstance… Surgi de nulle part, un vigile arrive aussitôt et cherche à repérer l’inconscient parmi le public de la fosse. Pour avoir déjà assister à une expulsion menée manu malitari, on peut vous affirmer que l’inconscient a eu chaud à ses fesses…

Last Train - Trianon © David Poulain
Photo © David Poulain

Après un “Disappointed” aux accents presque blues rock, “Fire” met sans surprise le feu à la fosse. Hurlements au diapason du chant, clapping spontanés, etc… Une connivence plutôt étonnante ; les mélodies de Last Train ne se prêtent guère à être reprises, pas plus que les rythmiques à être scandées par le public. Leur musique semble s’adresser à ceux qui réagissent de façon viscérale et instinctive. Jean-Noël, un temps porté presque debout par les costauds des premiers rangs, se livrera à un court crowd surfing. Il remerciera ensuite Rémy Perrier, leur cinquième homme à eux. Prélude à une longue série lors du rappel, y compris pour les papas-mamans. Séquence émotion-petite-larme garantie. Un rappel en trois titres, dont un “The Big Picture” qu’ils feront durer avec gourmandise, et les Last Train s’éclipsent visiblement émus sur l’air de western du début. So long et bonne route pour le reste de la tournée ! 

Last Train - Trianon  © David Poulain
Photo © David Poulain

Merci à David Poulain pour les photos. Suivez-le sur Facebook et Instagram.

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...