Baron Crâne est un trio instrumental parisien inclassable, à la fois rock psychédélique, noise et jazz. Leur seule ligne de conduite : l'exploration sonore. Avec parfois des effets secondaires, comme l'indique le titre de l'album : ça tape fort. Commotions, donc, leur troisième album sorti en avril 2020, est à la limite de l'EP, avec 5 morceaux mais pour une durée d'écoute de plus de 32 minutes. Encore une fois, les trois Parisiens refusent d'entrer dans des cadres.
L'album débute par un effet cathédrale avec quelques notes de synthé éthéré, pour aussitôt démarrer en batterie puissante et martelante. La basse soutient inlassablement deux notes, tandis que grandit tout autour un véritable orchestre bruitiste, oscillant sur la corde (mi) de funambules entre jazz et metal.
Pour une fois, les musiciens s'associent avec des chanteurs, qui posent leur voix sur « Acid Rains » (Arthur Brossard) et « On rase les murs » (I.N.C.H.). L'énergie vocale n'ôte rien à celle de la mélodie, toujours aussi puissante, uppercut dans les oreilles.
Après un début sur un tempo enlevé, « Closing Doors » fait mine de laisser un peu souffler, mais mine seulement. C'est le morceau qui emprunte le plus au psyché, avec des effets de distorsions dans le vide, on n'entend qu'une seule guitare, et même des silences… Mais ces derniers donnent vite lieu à des saccades, des secousses, qui remettent en alerte à coups de pédale sur la caisse, avant de retomber dans un calme relatif d'effets tranquilles, de réverbérations presque paisibles.
Cet arrangement dans l'ordre des morceaux permet aux oreilles de se remettre de leurs éventuelles commotions (bienfaisantes), avant de reprendre l'effervescence, qui s'achèvera sur un long morceau typique du style, si l'on pouvait définir un modèle sur leur éclectisme : un encastrement de phases planantes et de passages haletants.
Le second morceau à paroles est quant à lui un slam vénère sur batterie fringante, avec des ponts stoner rock, parce que pourquoi se limiter à un seul style quand on maîtrise tout, et qu'on sait les arranger ? Les associations de genre de Baron Crâne tombent toujours à point, et révèlent des domaines insoupçonnés.
Album sorti le 30 avril
