Djé Baleti – Pantaï

Unir les peuples tout autour de la Méditerranée et au-delà, tel semble être l’objectif de Djé Baléti. En trois albums, le groupe s’est fait connaître pour son mélange de rock, de funk, de musique occitane, de musiques africaines, et de bien d’autres influences encore. Après être sorti en version numérique à la fin du confinement, Pantaï sort cette semaine en version physique, et approfondit encore cette alliance.

Djé Balèti, c’est un trio formé autour de Jérémy Couraut, rejoint ensuite par Antoine Perdriolle et Menad Moussaoui. A lui seul, le musicien est un carrefour d’origines peu commun : siciliennes, tunisiennes, cubaines, vénézuéliennes, il a dès ses premiers groupes exploré la musique de toutes les origines : rock, chanson française, gnawa marocain, musique des Balkans, de l’Inde, du Brésil, d’Egypte, de Grèce…

Ce mélange incessant va aboutir à la création de Djé Balèti. Ayant expérimenté les traditions musicales de par le monde, c’est finalement dans celles de chez lui, du sud de la France, qu’il trouve ce qu’il cherchait. Au sens très large, ceci dit : le groupe est toulousain mais s’inspire de la langue et la culture niçoise, et si les deux régions relèvent de la culture occitane, elles n’en ont pas moins chacune leurs spécificités.

Crédit photo : Pierre Campistron

C’est sur cette alliance de tradition locale et d’ouverture au monde que Djé Balèti a construit ses deux premiers albums, et Pantaï, le troisième, est dans leur droite lignée. Rock, psyché, funk, sons afro, musique occitane, sons caribéens s’entremêlent de façon si étroite que, si on sent les diverses influences, on est souvent bien en peine de déterminer quel élément précisément relève de laquelle. Les percussions, extrêmement présentes, participent à ce tourbillon et à ces croisements incessants, faisant passer les chansons d’un continent à l’autre, traversant en tous sens la mer Méditerranée et l’océan Atlantique. Tout comme le chant, qui emprunte d’un morceau à l’autre aux techniques de différentes régions du monde.

La langue utilisée elle-même, le nissart, version niçoise de l’occitan, rappelle tour à tour le français, l’espagnol et l’italien – ce qui n’est pas dénué de logique. Les instruments aussi trompent l’auditeur : alors que la guitare électrique présente sur chaque chanson évoque des sonorités africaines, il ne s’agit ni d’une guitare, encore moins d’un instrument africain mais d’une espina, un instrument disparu de la tradition niçoise, que Jérémy Couraut a découvert dans un livre, fait fabriquer spécialement par un luthier et électrifié, donnant au groupe ce son si particulier, à la croisée des chemins.

Crédit photo : Belinda

Les textes eux-mêmes semblent être en équilibre entre plusieurs dimensions. Pantaï désigne en effet un rêve, mais un rêve qui s’inscrit dans la réalité, s’y superpose, où l’imaginaire permet de voir le monde autrement, tel qu’il pourrait être, pour donner la possibilité d’influer dessus. Pas étonnant alors que les paroles traitent aussi bien de réalités sociales  très concrètes que de scènes plus proches de la rêverie et de l’utopie, sur des musiques généralement joyeuses et entraînantes (« Romantica », « Santa Mounina », « Tenecitat » en tête), mais qui ne s’interdisent pas des moments plus sombres ou plus mélancolique (le plus prenant étant peut-être « Catarina »).

L’ensemble est assurément réussi et entrainant, fait voyager dans tous les sens, mais sur la longueur, peut finir par sembler répétitif. Le groupe lui-même ne le renie pas complètement, confirmant la volonté de créer un état de transe, du moins de sortir de son état normal, recherche facilité par la répétition de nombreux éléments. L’objectif peut ne sembler que partiellement rempli sur l’album. Mais peut-être est-ce normal : « balèti » signifie en occitan « bal », et le groupe s’est fait connaître dans la région toulousaine en organisant des bals le dimanche après-midi dans la salle Le Dynamo, dans le but de « faire une musique qui s’adresse au corps » et qui implique beaucoup plus les spectateurs. Nul doute alors que la musique de Djé Balèti prenne une tout autre dimension en live et transcende son public.

Tracklist
1- Sortilège (Manifeste de la joie) 05:56
2- Romantica 05:03
3- Déa 03:51
4- Catarina 05:22
5- Fou 03:40
6- Santa Mounina 04:38
7- Tenacitat 06:08
8- La dorée 03:27
9- Peis-Can (La Porta) 10:27
10- Bofa Vent 04:06
11- Ratapignata 03:27
12- Fin de carneval 02:40

Sortie le 16 octobre chez Sirventès

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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