Le Minus – Make My Day

Le minus, originaire de Toulouse, pratique une fusion joyeuse et débridée et a sorti récemment son 2e album Make my Day, 3 ans après un premier opus tout aussi autoproduit. Musicalement, on a droit à des parties de guitare énergiques, rock et funky, mais aussi et surtout à une putain de basse slappée avec un très gros son (« One parachute », yeah !). Bien qu’évoluant en trio, le groupe parvient à remplir l’espace sonore sans difficultés. Pas de doute, niveau son et production ces mecs-là ont bien bossé leur truc. L’ensemble est propre et puissant, blindé de breaks en tous genres au service de compositions délirantes qui font le grand écart entre de multiples influences, au premier rang desquelles bien sûr le rock déglingué et quelques passages plus foncièrement métal (« Told you so »). Sur ce 2e album, les musiciens montrent qu’ils ont tiré des leçons de leur premier jet et se sont dirigés vers quelque chose de beaucoup plus accrocheur.
 

le minus, make my day


Finies les ambiances tellement alambiquées qu’on finit par perdre le fil ! Place à des mélodies plus facilement identifiables et efficaces. Seuls les acharnés de la fusion la plus invraisemblable possible, qui se passent les albums solos d’Angelo Moore en boucle (le frontman de Fishbone sort des trucs difficilement écoutables où il chante, crie, slamme, et laisse s’exprimer sa folie musicale) trouveront à y redire. Car si les mélodies sont davantage mises en valeur, il ne faut pas exagérer, le tout reste clairement dans une veine fusion qui envoie le pâté et remplit sa musique de breaks tarés et de sons dissonants. Seulement, ce sont avant tout des chansons ce coup-ci. Chansons qui, si elles n’échappent pas toujours au coup du riff fusion un peu cliché (« My first and only Lesson », pas mauvaise, mais tellement typique du genre), n’en demeurent pas moins globalement très réussies, quand elles ne font pas carrément figure de tubes en puissance (« Next », « Playing with Echoes »).
 


 

Le petit souci (car petit souci il y a) vient surtout de la voix du chanteur, pas désagréable mais trop plate pour ne pas lasser sur la longueur, de sorte qu’on décroche un peu en deuxième partie d’album. C’est d’autant plus dommage que Le Minus sait aussi ralentir le rythme à l’occasion (« Castle Doctrine », « Journey’s End ») et qu’une voix plus charismatique pourrait leur conférer une autre dimension. C’est en effet souvent là que le bât blesse pour les groupes de fusion français, avec d’excellentes capacités instrumentales et un déficit en « vrais » chanteurs. Ce fut rhédibitoire notamment pour Artsonic, éminent groupe de la scène française des années 1990, toujours bloqué à un certain stade de réussite malgré de grosses campagnes de promo dans la presse spécialisée, car la voix n’était pas assez convaincante (c'est en tous cas un point qui ressortait très régulièrement à propos du groupe). Nos toulousains penchent sans doute plutôt du côté d'Infectious Grooves, mais leur côté mélodique doit être mieux exploité. Si Le Minus veut grandir, il leur faudra se pencher sérieusement sur ce point afin de mettre davantage en valeur leurs excellentes capacités instrumentales. Elles le méritent.

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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