Notre réponse aux Inrocks

Cher Thomas Corlin des Inrockuptibles,

Nous avons lu ton article concernant les webradios, bien entendu. Nous ne pouvions pas le manquer. Les "grands" médias ont tant de difficultés pour évoquer notre "petit" média à nous que nous lisons tout ce qui peut nous concerner. Thomas, tu étais fatigué. Nous le comprenons. Un article publié à 23H juste avant le pont de Pâques, tu penses : tu avais autre chose à faire que vérifier tes sources et creuser un peu ton sujet, pas vrai ?

Thomas, je vais être franc, tu nous as fait beaucoup rire. Bien avant de nous énerver franchement. L'énervement, tu n'y es pour rien à vrai dire. C'est surtout quand ton Community Manager, aux aguets, a viré les identifications aux Inrocks dans nos posts de réponses sur les réseaux sociaux (avant de nous enlever, tout court, le droit de répondre sur le profil officiel) qu'on a un peu pris la mouche. Nous sommes soupe-au-lait tu sais... quand on nous traite de sales mômes, ce n'est pas qu'on ait envie de contredire vraiment, mais ça nous démange un peu, c'est vrai, de te balancer un crachat entre les deux yeux pour confirmer ton propos. C'est ainsi. Mais bon, ce matin on a de nouveau le droit de se causer socialement, le CM nous a pardonné wai ! Ou alors il s'est dit qu'il avait peut-être abusé de son pouvoir magique.

Bon, revenons à ce fameux article, objet de ce billet d'humeur. Thomas, ta prose n'est pas si mauvaise et je suis sûr que tu peux progresser. Je te propose de relever ici les erreurs que comportent tes quelques centaines de mots. Je dois te dire d'avance, le bilan est lourd et je crains que la totalité de ton article soit à jeter.

les inrocks m'a tuer - webradio

1/ Le chapô
"Malgré des audiences encore marginales, l’offre radio sur le web se développe. Motivés et indépendants, ses acteurs misent beaucoup sur un nouveau format qui s’invente jour après jour."

Ca commence assez mal. Ce "nouveau format" existe depuis une quinzaine d'années en France Thomas. Pour les audiences marginales, tu te plantes encore, et de beaucoup. Mais nous y revenons plus bas.

2/ Les premières lignes
"L’ambiance des lieux oscille entre start-up et radio libre, entre l’envie de se faire plaisir et celle d’être pro, mais avec les moyens du bord."

Je ne connais pas cette radio dont tu nous parles et qui te sert à introduire ton sujet. Premier mauvais point (eh oui, je me permets, quand même, d'imaginer que j'en connais beaucoup plus long que toi sur le sujet. Tu m'excuseras pour cette folle prétention. Tu me présentes une webradio, certainement sympathique, qui a deux ans au compteur et que personne dans ce petit milieu qu'est la webradio française ne connait jusqu'alors... c'est un peu cavalier Thomas)

Start-up dis-tu ? Pour ce que je connais, moi (et tu me permets ici, puisque nous sommes tous les deux, d'être "l'expert" de la paire), les webradios sont en marche depuis bien trop longtemps, et bien trop loin d'un imaginaire à la "je me faire un max de fric en deux ans" pour être comparées à cet esprit "start-up" que tu nous prêtes. Là n'est pas le pire.

3/ Quelques lignes plus loin
"Ils ne sont pas ou peu expérimentés, se financent à perte ou sans engendrer de vrais gains, et ont profité de la démocratisation des moyens techniques pour se lancer."

Thomas, Thomas, Thomas...
Je vais me répéter. Tu m'obliges à répéter Thomas. Je te colle 15 lignes la prochaine fois. Le média webradio ne date pas d'hier. Il a été, dès ses débuts, plébiscité par les fous de radios et de musique. Ces gens-là sont... Allez je sens bien que je te perds, je te prends un exemple concret :

Sur l'antenne de La Grosse Radio, tu entendras des gens qui sont des professionnels de la radio, oui, oui. Payés pour ! Fou non ? En plus de ça, dans les webzines de La Grosse Radio tu trouveras des bénévoles qui ont, par ailleurs, la carte de presse. Là ça va te sembler dingue (et ça va énerver ta copine Pascale Clark.. Je n'y suis pour rien, pardon ! Tu lui diras). Plus fort encore, notre webmaster... est un webmaster. Oui. De métier ! Fou non ?

Non mais, attends, ce n'est pas tout accroche-toi : il existe des webradios avec des salariés. Oui, en France ! Oui, de "vraies webradios", pas du tout rattachées à une FM... Aïe, je sens que je t'ai perdu.
Quand on est journaliste professionnel, généraliser c'est pas bien tu sais.

audience, webradio, ojd

Extrait du classement des Marques* de web Radios adhérentes à l'OJD, les plus diffusées sur février 2015

4/ Les chiffres
"Sans comparaison avec ceux de la bande FM, les coûts de diffusion d’une webradio s’élèvent à 300 euros trimestriels à la Sacem et 200 euros mensuels à un serveur web."

Thomas, tes super potes de la rédaction des Inrocks devraient t'enseigner deux, trois trucs sur l'utilisation de Google entre les écoutes de Christine and the Queens.

Donc, les frais Sacem pour les webradios, ce n'est pas ça non. Du tout, du tout. Mais c'était compliqué de trouver l'info, c'est vrai. Il fallait cliquer l'onglet "webradio" du site de la Sacem. Ici (mais oui, clique !!!). Tu noteras quand même, et la Sacem est suffisament gentille pour te le dire, que tu es passé à côté des frais SCPP et SPPF, pas de chance !

5/ Les sources
"Un récent rapport du CSA pointe qu’aucune webradio, à moins d’être rattachée à une station FM, n’a acquis de visibilité conséquente."

Bon, ben j'ai retourné le net. Probablement qu'il existe ton super rapport. J'imagine quand même que tu n'as pas été l'inventer (je me méfie un peu tout de même ceci dit...). CE rapport dont tu causes, je ne le connais pas. C'est quand même couillon d'écrire sur internet et de ne pas mettre ses sources. Bon, je ne te demande pas non plus d'hyperlien, hein ?! Je n'ai pas le temps de t'expliquer ce que c'est. Mais au moins une note de bas de page. Un truc qui fasse genre "je suis journaliste" quoi ?!! Oui, je t'assure, tu peux y arriver !
(comme cette affirmation qui suit : "En moyenne, une webradio génère entre 20 000 et 25 000 connexions uniques mensuelles"... puis-je avoir tes sources camarade ? Parce que je suis de la partie et je n'ai pas les mêmes, figure toi)

Moi je me réfère à la seule mesurée certifiée et comme je suis prêteur, je te donne le chemin pour regarder cela de plus près. C'est par ici.

(et...stupeur : certaines webradios font des audiences plus fortes que les canaux de reprises des grandes de la bande FM ! Fou non ? Ce petit truc qui te chatouille quand tu le découvres, ça s'appelle la "curiosité journalistique". Ne t'inquiète pas, tout est normal, ça ne fait pas mal)

6/ Ton dictionnaire
"La station pionnière XXX.fr, lancée en 2007, dépasse pourtant les 5 000 et compte se déclarer à l’OJD"

Voilà notre souci. C'est un malentendu. Nous ne partageons pas le même dictionnaire !!! Non mais je suis con aussi, pardon ! Chez moi "pionnier", ça signifie "parmi les premiers. Qui ouvre la voie". Je ne sais pas ce que ça signifie chez toi mais, très clairement, tu ne peux pas me citer en pionnière des webradios, un flux arrivé en 2007 selon ma définition. Pas six ans après Fréquence 3. Pas quatre ans après La Grosse Radio et tellement d'autres. Ce n'est pas possible. Nous ne parlons pas la même langue et j'écris cet article pour rien !

Entschuldigung

PS : Nous avons publié ce billet d'humeur parce que nous considérons que cet article paru sur le site des Inrocks le 31 mars dernier est de nature à minimiser, voire à décrédibiliser le média "webradio" en général et certaines stations en particulier. Ce sujet est très peu abordé dans la presse, nous aimerions, lorsqu'il l'est, que cela soit fait de manière plus juste et documentée.

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