Comment faire fusionner Kyo et Tokio Hotel

Le marché de la musique est un milieu difficile. C’est pourquoi, plutôt que de cracher sur les maisons de disques sans discontinuer, on peut tenter un raisonnement plus compréhensif. Avec des ventes en berne et un marché numérique (ventes MP3, streaming, abonnements) en pleine augmentation mais qui peine à combler le manque à gagner, les grandes maisons de disques, dont le fonctionnement est basé sur des économies d’échelle, ont plus que jamais besoin de quelques très gros succès. Il est admis qu’environ un album sur 10 s’avère suffisamment rentable pour rembourser les 9 autres et permettre de réinvestir. Dès lors, l’obtention de grands succès est une condition sine qua non du système des majors.

Alors que l’incertitude n’a jamais été aussi grande quant au devenir des nouveaux artistes et que le marché des stars se resserre (la hausse de la moyenne d’âge des plus gros vendeurs est à ce titre un facteur très révélateur), il est tentant de se reposer sur des recettes établies, ce qui explique qu’on ait droit à de plus en plus de trucs bien formatés, prémâchés et sans aspérités destinés à plaire au « grand public », soit l’écrasante majorité de la population qui ne s’intéresse que modérément à la musique.


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L’exemple des petits labels n’est même pas rassurant, car quoi qu’on en dise, eux aussi se retrouvent dans une situation de grande précarité et doivent diversifier leurs compétences et sources de revenus pour espérer survivre. L’époque est certes pleine de potentialités mais aussi pleine de risques, avec un effet sablier qui amène à une concentration toujours plus importante des plus gros acteurs, et une précarisation des plus petits, qui n’ont pas l’assise financière nécessaire pour se dégager une certaine marge de manœuvre (honnêtement, qui achète des albums à des petits labels ? Pas grand monde).

Dans un tel contexte, il n’est donc pas étonnant de voir débarquer daube après daube, des groupes de merde à la musique et l’imagerie tellement marketées qu’on en vient à prendre plaisir à compter le nombre de clichés éculés présents dans ces productions. Tous les styles de musique sont concernés par cette gangrène, même le métal extrême, pourtant un style résolument anti-commercial à la base, qui voit débarquer des "groupes" qui appliquent une recette bien établie, produits pour surfer sur son succès grandissant. Car même les labels de taille moyenne s'y mettent, c'est dire l'ampleur du phénomène.

Dernier exemple en date, Omega (oh my god !) qui sera prochainement vendu par sa boîte de prod’ comme le nouveau Kyo et qu’on risque de se manger à toutes les sauces sur bon nombre de radios qui n’ont de rock que le nom. Alors prenons le parti d’en rire plutôt que d’en pleurer. Cette vidéo est certes nauséabonde, mais peut également s’avérer éducative : vous pouvez jouer au jeu des différences/ressemblances de la tratégie marketing employée (niveau look, chaque membre a son style, la recette Spice Girls que Tokio Hotel s’était réappropriée pour qu’un maximum d’ados puissent s’identifier aux membres), compter le nombre de clichés destinés aux pré-pubères, montrer cette vidéo à vos enfants et leur expliquer pourquoi c’est de la merde, vous taper une énorme barre de rires, de préférence en étant bourrés en fin de soirée, ou encore, si vous êtes sans scrupules, prendre tout ça en exemple pour monter votre propre groupe de merde et tenter de faire un carton ! Comment peut-on dire que ce genre de trucs ne sert à rien ? Pour ma part, j'y vois un véritable intérêt pédagogique et sociologique, car réussir à compiler autant de connerie en 3 minutes, c'et un tour de force en soi. Respect.
 

 

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